Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Urétrite
Le présent guide fournit un aperçu de la prise en charge et du traitement empirique de l'urétrite associée aux infections transmissibles sexuellement (ITS). L'urétrite est l'inflammation de l'urètre.
Sur cette page :
- Importance en santé publique
- Étiologie courante associée aux ITS
- Tests diagnostiques
- Traitement empirique et prise en charge
- Suivi
- Déclaration et notification aux partenaires
- Références
Importance en santé publique
Il existe peu de données sur l'incidence et la prévalence de l'urétriteNote de bas de page 1. Cependant, il est bien documenté que les ITS sont une cause infectieuse importante de l'urétrite.
Étiologie courante associée aux ITS
Neisseria gonorrhoeae (GC) est la cause la plus fréquente de l'urétrite. Une étude a révélé la présence de GC chez 30 % des hommes souffrant d'une urétrite aiguëNote de bas de page 2.
Dans les cas d'urétrites non gonococciques, Chlamydia trachomatis (CT) a été identifié chez 15 à 40 % des personnes et M. genitalium chez 15 à 25 % des personnesNote de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5. Parmi les autres causes infectieuses possibles figurent T. vaginalisNote de bas de page 6, le virus Herpes simplex (VHS), les adénovirusNote de bas de page 7Note de bas de page 8 et Candida albicansNote de bas de page 9. Près de la moitié des cas d'urétrite non gonococcique n'ont pas d'étiologie précise.
Manifestations cliniques Les symptômes et les signes de l'urétrite comprennent :
- Écoulement urétral mucoïde, mucopurulent ou purulent;
- Dysurie;
- Irritation ou démangeaisons de l'urètre ou du méat;
- Érythème et œdème du méat.
Les symptômes de l'urétrite gonococcique apparaissent 2 à 6 jours après l'acquisition de l'infection.
Les symptômes de l'urétrite non gonococcique apparaissent généralement 1 à 5 semaines après l'acquisition de l'infection (généralement entre 2 et 3 semaines).
Chez les femmes, l'urétrite causée par CT ou GC peut survenir avec ou sans cervicite. La dysurie et la pollakiurie sont des symptômes d'urétrite qui peuvent s'apparenter à ceux d'une cystite. Cependant, l'écoulement n'est pas fréquent dans le cas de la cystite.
Envisager un diagnostic alternatif en présence de l'un des symptômes suivants : hématurie, nycturie, pollakiurie, miction impérieuse, difficulté à uriner, faiblesse du jet urinaire, fièvre, frissons, douleur périnéale, douleur lombaire, masses au scrotum ou lymphadénopathie.
Tests diagnostiques
- Obtenir un échantillon d'urine du premier jet ou effectuer un écouvillonnage urétral pour un test d'amplification des acides nucléiques (TAAN) pour détecter CT et GC, et un écouvillonnage en vue d'une mise en culture pour détecter GC (si disponible)Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12.
- La coloration de Gram, lorsque disponible au point de service, peut aider à différencier une urétrite gonococcique d'une urétrite non gonococcique, ce qui peut éclairer le choix du traitement empirique :
- La présence de ≥ 5 leucocytes polynucléaires (PN) sur un frottis dans 5 champs d'observation aléatoirement choisis et non adjacents à grossissement x 1 000 (immersion à l'huile) évoque une urétrite non gonococciqueNote de bas de page 13;
- La présence de diplocoques intracellulaires gram négatifs permet généralement de poser un diagnostic de CG;
- La présence de diplocoques extracellulaires gram négatifs est un résultat équivoque qui nécessite un test de confirmation pour GC.
- Considérer un test de détection de M. genitalium en cas d'urétrite persistante ou récurrente, après un traitement empirique d'une infection à chlamydia ou d'une infection gonococcique, lorsque le TAAN effectué avant ou après le traitement s'est révélé négatif pour CT et GC.
Traitement empirique et prise en charge
La décision de traiter de façon empirique ou d'attendre les résultats des tests doit être fondée sur :
- La gravité de l'état clinique;
- La probabilité qu'une infection soit présente;
- Les facteurs de risque d'ITSS décelés chez la personne;
- La disposition de la personne à s'abstenir de toute activité sexuelle et à revenir pour obtenir les résultats des tests ou faire l'objet d'un suivi.
Dans certaines circonstances, une approche basée sur l'attente des résultats d'analyses de laboratoire peut être préférable (versus un traitement empirique) puisque la plupart des cas d'urétrite sont d'étiologie inconnue et les taux de résistance aux antimicrobiens (RAM) augmentent.
Traitement empirique pour l'urétrite à GC suspectéeNote de bas de page 14 |
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Ceftriaxone 250 mg par voie IM en dose unique [A-l] ou Céfixime 800 mg PO en dose unique [A-l]
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Traitement empirique pour l'urétrite à CT suspectée |
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Doxycycline 100 mg PO BID pendant 7 jours [A-l] ou Azithromycine 1 g PO en dose unique si l'observance du traitement n'est pas garantie [A- l]Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21 |
Suivi
Le test de contrôle dépend de l'agent pathogène confirmé par les analyses de laboratoire. Consulter le guide propre à l'étiologie pour en savoir plus sur le suivi et le test de contrôle.
En cas d'urétrite persistante ou récurrente :
- Évaluer la possibilité :
- D'une mauvaise adhérence au traitement;
- L'utilisation d'un traitement autre que le traitement privilégié;
- D'une réexposition;
- RAM;
- D'une infection par d'autres agents pathogènes (p. ex. M.genitalium);
- D'autres causes (p. ex. infection urinaire, prostatite, phimosis, irritation chimique, rétrécissement de l'urètre, tumeurs).
- Considérer :
- Prélèvement de nouveaux échantillons (urine ou écouvillonnage urétral) en vue d'une coloration de Gram, d'une mise en culture pour détecter GC, et d'un TAAN pour détecter GC et CT;
- Écouvillonnage urétral ou prélèvement d'un échantillon d'urine du premier jet en vue d'un TAAN pour détecter T. vaginalisNote de bas de page 22Note de bas de page 23;
- Écouvillonnage urétral en vue d'un TAAN ou d'une mise en culture pour détecter le virus Herpes simplex (VHS), bien que l'infection au VHS soit généralement associée à des lésionsNote de bas de page 6Note de bas de page 24;
- Si cela n'a pas déjà été fait, envisager un TAAN pour détecter M. genitalium et déterminer la sensibilité aux antibiotiques (si disponible). Si le test de détection n'est pas disponible, envisager un traitement empirique de l'infection à M. genitalium. Consulter le guide sur l'infection à Mycoplasma genitalium;
- Envisager de consulter un collègue expérimenté ou orienter la personne vers un urologue.
Déclaration et notification aux partenaires
Lorsqu'un traitement pour une ITS est indiqué, il convient de notifier, d'évaluer, de dépister et de traiter (le cas échéant) les partenaires sexuels. Consulter les guides propres à l'étiologie pour connaître les recommandations sur la déclaration obligatoire et la notification aux partenaires.
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