Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Prise en charge syndromique
Ce guide fournit un aperçu de la prise en charge et du traitement empirique des syndromes associés aux infections transmissibles sexuellement (ITS).
Sur cette page :
Introduction
Ce guide fournit un aperçu de la prise en charge des syndromes suivants associés aux infections transmissibles sexuellement (ITS) : les ulcérations anogénitales, la cervicite, l'épididymite, l'atteinte inflammatoire pelvienne (AIP), la rectite, l'urétrite et la vaginite.
Ces syndromes peuvent être attribuables à une ITS, une infection non liée aux ITS ou à une cause non-infectieuse. La probabilité qu'un syndrome soit attribuable à une ITS, à une infection non sexuellement transmissible ou à une cause non infectieuse varie selon le syndrome et le risque auquel est exposée la personne.
Bien que n'importe quelle ITS puisse se manifester sous la forme d'un syndrome, de nombreuses ITS sont souvent asymptomatiques. Grâce au dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), il est possible de détecter et de traiter précocement les infections asymptomatiques, ce qui permet de prévenir ou de limiter les complications et de réduire le potentiel de transmission. Lorsqu'une ITS est identifiée, consultez les guides spécifiques à l'étiologie pour connaître :
- Les manifestations cliniques les plus fréquentes;
- Les recommandations concernant le dépistage et les tests diagnostiques;
- La prise en charge et le traitement;
- Les tests de control et le suivi;
- Les exigences concernant la déclaration;
- La notification et traitement des partenaires.
Dans ce guide, la prise en charge syndromique des ITS fait référence à une prise en charge fondée sur les signes et les symptômes, et réalisée avant la confirmation en laboratoire d'agent(s) étiologique(s). Les traitements empiriques recommandés sont fondés sur les ITS les plus fréquentes qui sont associées à chaque syndrome. Dans certains cas, le traitement empirique peut différer du traitement recommandé dans le guide propre à l'étiologie, parce qu'un traitement antibiotique plus long ou une combinaison différente d'antibiotiques est nécessaire pour traiter de manière adéquate les infections compliquées (p. ex. celles qui sont fréquemment polymicrobiennes) et profondes.
Consultez le site de Santé Canada et les monographies de produits pour connaître les mises en garde, les contre-indications et les effets secondaires des traitements décrits dans ce guide.
Syndromes couramment associés aux ITS
Agent pathogène | Syndromes associés |
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Chlamydia trachomatis(CT)Note de bas de page 1 |
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Neisseria gonorrhoeae (GC)Note de bas de page 2 |
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Virus Herpes simplex type 1 ou type 2 (VHS-1 ou VHS-2)Note de bas de page 3 |
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Mycoplasma genitaliumNote de bas de page 4 |
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Treponema pallidum, sous-espèce pallidum (Syphilis) |
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Trichomonas vaginalis |
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Le virus de la mpoxNote de bas de page 5 |
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Remarque : De nombreux agents pathogènes peuvent également expliquer des manifestations extragénitales (p. ex. les pharyngites causées par CT ou GC, les lésions orolabiales causées par le VHS-1 ou VHS-2, la neurosyphilis ainsi que les éruptions cutanées, l'alopécie et les plaques muqueuses associées à la syphilis).
Prise en charge des personnes symptomatiques
Évaluation clinique
L'évaluation clinique des personnes symptomatiques devrait comprendre :
- La détermination des facteurs de risque d'ITSS
- Un examen physique
- Des tests de dépistage d'ITSS en fonction des facteurs de risque, des signes et symptômes et des sites anatomiques exposés
Un syndrome peut avoir plus d'une cause infectieuse. Le mode de transmission est semblable pour plusieurs ITSS et la co-infection est fréquente. Toute personne soupçonnée d'être atteinte d'une ITS spécifique devrait faire l'objet de dépistage d'ITSS. Selon les pratiques sexuelles de la personne, il peut s'avérer nécessaire de prélever des échantillons au niveau de plusieurs sites anatomiques.
L'infection à chlamydia et l'infection gonococcique sont les ITS bactériennes les plus fréquentes au Canada et la co-infection est fréquente. Effectuez des tests de dépistage de CT et de GC si la présence de l'un ou l'autre de ces agents pathogènes est suspectéeNote de bas de page 6. Les tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN) peuvent détecter à la fois la présence de GC et de CT à partir d'un seul échantillonNote de bas de page 6Note de bas de page 7. Des TAAN validés pour les échantillons extragénitaux sont disponibles dans la plupart des provinces et des territoires. En raison des taux de plus en plus élevés de souches de GC résistantes aux antimicrobiens (GC-RAM), il est nécessaire d'obtenir de l'information sur la sensibilité aux antibiotiques. Lorsque la GC est suspectée, procédez à un écouvillonnage pour mise en culture, si possible (en plus des échantillons pour TAAN). Vérifiez auprès du laboratoire local pour obtenir des renseignements sur les méthodes d'analyse disponibles.
Lorsqu'une étiologie autre qu'une infection transmissible sexuellement est suspectée, que le tableau clinique est sévère ou que les symptômes sont persistants ou récurrents, il convient de consulter un collègue expérimenté ou un spécialiste approprié.
Traitement empirique
La décision de traiter de façon empirique ou d'attendre les résultats des tests devrait être fondée sur :
- La gravité de l'état clinique
- La probabilité qu'une infection soit présente
- Les facteurs de risque d'ITSS décelés chez la personne
- La disposition de la personne à s'abstenir de toute activité sexuelle et à revenir pour obtenir les résultats des tests ou faire l'objet d'un suivi
Le traitement empirique est utile pour prendre en charge les symptômes, limiter la transmission et prévenir les complications. Par ailleurs, différents micro-organismes peuvent se manifester de la même manière ou, à l'inverse, le même micro-organisme peut se manifester de différentes manières. L'attente des résultats des tests avant l'instauration d'un traitement permet une utilisation appropriée des antibiotiques, ce qui peut améliorer les résultats de santé, réduire la résistance aux antimicrobiens (RAM) et éviter tout traitement inutile ou inadéquat. Il peut être préférable de retarder le traitement jusqu'à l'obtention des résultats des tests lorsque l'état clinique n'est pas grave, que les symptômes et les facteurs de risque semblent indiquer qu'une ITS n'est probablement pas la cause des symptômes, et que la personne est consentante à s'abstenir de toute activité sexuelle jusqu'à l'obtention des résultats des tests.
Si un traitement empirique est donné pour une ITS suspectée, conseillez à la personne de s'abstenir de toute activité sexuelle jusqu'à ce que le traitement soit complété, que les symptômes soient résolus et que tous ses partenaires sexuels aient terminé leur traitement. En cas de doute concernant l'abstinence, recommandez l'utilisation de méthodes barrières lors des relations sexuelles orales, vaginales et anales. Pour les cas suspects ou confirmés de mpox, consultez les exigences de déclaration et les recommandations des autorités de santé publique provinciales, territoriales ou locales pour les contacts.
En tant que mesure préventive de santé publique, envisagez un traitement empirique pour prévenir le développement d’une infection chez une personne ayant eu un contact sexuel avec une personne ayant une ITS confirmée. Par exemple, les taux de syphilis infectieuse ont augmenté au Canada au cours des dernières années et des éclosions ont été déclarées dans la plupart des provinces et territoires depuis 2017. Par conséquent, le traitement empirique des contacts de cas suspect de syphilis infectieuse peut être approprié.
Suivi
Un test de contrôle peut être recommandé selon l'agent pathogène en cause, le site d'infection et le régime de traitement . Dans le cas de certains agents pathogènes, le recours à un test de contrôle est toujours recommandé, tandis que pour d'autres agents pathogènes, ce test n'est recommandé que dans des situations spécifiques. Pour les cas de syphilis, la réponse au traitement peut être évaluée au moyen de tests sérologiques post-traitement. Ceux-ci devraient être réalisés aux intervalles recommandés selon le stade de l'infection.
Pour des directives actualisées sur la vaccination préexposition et postexposition contre la mpox, consultez le Guide canadien d'immunisation ou les calendriers et directives de vaccination provinciaux et territoriaux.
En présence de symptômes persistants ou récurrents, tenez compte des causes ou des facteurs contributifs suivants :
- Obstacles à l’ observance du traitement
- Prescription d'un traitement autre que le traitement privilégié (première ligne)
- Réinfection possible
- RAM possible
- Présence d'autres agents pathogènes non recherchés dans les tests de détection initiaux
- Présence de causes non infectieuses
Offrez des tests de dépistage répétés d'ITSS selon les facteurs de risque persistants et le potentiel d'exposition. Il est généralement recommandé de répéter le dépistage 3 à 6 mois après le traitement d'une ITS en raison du risque de réinfection.
Intégrez aux soins des stratégies de prévention des ITSS telles que le counseling, la vaccination et l'éducation sur les pratiques préventives. Les mesures suivantes devraient être prises si elles sont indiquées sur le plan clinique :
- Discutez le dépistage du VIH conformément aux recommandations du Guide pour le dépistage et le diagnostic de l'infection par le VIH et aux stratégies de réduction des risques, y compris le recours à la prophylaxie préexposition au VIH (VIH-PPrE) et à la prophylaxie post exposition au VIH (VIH-PPE) chez les personnes à risque élevé de contracter le VIH.
- Proposez la vaccination contre le virus de l'hépatite A (VHA), le virus de l'hépatite B (VHB), le virus du papillome humain (VPH) et le virus de la mpox aux personnes susceptibles de contracter ces infections, conformément au Guide canadien d'immunisation ou les calendriers et directives de vaccination provinciaux et territoriaux.
Déclaration et notification aux partenaires
La recherche de cas, la notification aux partenaires et le traitement sont essentiels pour réduire la propagation des ITSS. La notification aux partenaires présente des avantages pour la santé publique (p. ex. surveillance et contrôle des maladies infectieuses) et réduit le risque de réinfection.
Les exigences de déclaration des ITSS varient selon les provinces et les territoires. Consultez les réglementations provinciales et territoriales pour connaître les exigences de déclaration suivant le diagnostic d'une ITSS.
Références
- Note de bas de page 1
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Hsu K. Clinical manifestations and diagnosis of Chlamydia trachomatis infections. UpToDate 2019. (En anglais seulement).
- Note de bas de page 2
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Ghanem KG. Clinical manifestations and diagnosis of Neisseria gonorrhoeae infection in adults and adolescents. UpToDate 2020. (En anglais seulement).
- Note de bas de page 3
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Albrecht MA. Epidemiology, clinical manifestations, and diagnosis of genital herpes simplex virus infection. UpToDate 2019. (En anglais seulement).
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David H Martin. Mycoplasma genitalium infection in men and women. UpToDate 2019. (En anglais seulement).
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Agence de la santé publique du Canada. Mpox (variole simienne) : Pour les professionnels de la santé. 2023. Disponible à : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/mpox/professionnels-sante.html
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Lyss SB, Kamb ML, Peterman TA, Moran JS, Newman DR, Bolan G, et al. Chlamydia trachomatis among patients infected with and treated for Neisseria gonorrhoeae in sexually transmitted disease clinics in the United States. Ann Intern Med2003;139(3):178-185. (En anglais seulement).
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Creighton S, Tenant-Flowers M, Taylor CB, Miller R, Low N. Co-infection with gonorrhoea and chlamydia: how much is there and what does it mean? Int J STD AIDS 2003;14(2):109-113. (En anglais seulement).
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