Avant-Propos
Colonel Richard T. Strickland, MSM, CD, M. A.
Le commandant du Collège de commandement et d’état-major de l’Armée canadienne
Le savoir professionnel n’est pas quelque chose qui est accordé comme par magie aux officiers et sous-officiers (s/off) quand ils optent pour la profession des armes. C’est plutôt un atout que tous les membres de cette profession cultivent délibérément et qu’ils consolident et développent peu à peu à mesure qu’ils gravissent les échelons de la hiérarchie et qu’ils élargissent leur expérience. Le présent guide constitue un abécédaire sur une méthode dont les unités et les formations peuvent se servir pour enrichir le perfectionnement professionnel de leurs effectifs : il s’agit de la reconstitution d’état-major.
L’examen de l’histoire, du terrain et du contexte des opérations procure aux militaires professionnels des occasions sans pareilles d’apprendre auprès de ceux qui les ont précédés. Étudier comment les décisions ont été prises et sur quels genres de renseignements elles ont reposé et les divers facteurs pris en considération avant qu’un ordre soit donné, voilà autant d’aspects de notre expérience opérationnelle susceptibles de transcender les événements mêmes. C’est pourquoi les reconstitutions d’état-major constituent un outil puissant qui peut littéralement nous placer sur le même terrain que les officiers chargés d’un commandement opérationnel ou tactique (et leur état-major), ce qui nous oblige à marcher avec eux tandis que nous nous demandons si nous aurions fait les choses différemment, et si oui, comment nous aurions fait.
Aspect important, pour procéder à une reconstitution d’état-major, il faut comprendre dans une certaine mesure les similitudes et les différences entre le contexte de l’époque où les opérations ont été menées, d’une part, et celui d’aujourd’hui, d’autre part. Afin d’arriver à discerner ces deux aspects d’un contexte, nos militaires doivent acquérir et maîtriser l’art de la pensée critique. En outre, pour parler en public et défendre un argument pour ou contre un plan d’action et des décisions à prendre quand des vies humaines sont en jeu, tous les militaires professionnels se doivent de faire preuve d’assurance et savoir comment s’exprimer clairement.
En définitive, les opérations militaires sont exécutées en fonction de décisions prises par des êtres humains susceptibles d’être fatigués, d’avoir subi des privations, d’avoir été induits en erreur, d’hésiter et de nourrir des partis pris, autant d’éléments qui influent sur la qualité des décisions données. Quand nous prenons conscience du coût, humain et moral, de chacune de ces leçons éventuelles, ce n’est pas une exagération que d’affirmer que chacun de nous a l’obligation morale d’apprendre à la lumière des expériences vécues par nos prédécesseurs. Ne pas en tenir compte serait pure sottise.
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