Document d'orientation préliminaire sur l'amélioration de la qualité de l'air intérieur dans les immeubles de bureaux : Pour les professionnels
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- Introduction
- Contaminants particuliers
- Échantillonnage ou surveillance des polluants dans l'air intérieur
- Mesures de contrôle
- Évaluation
Introduction
Les professionnels de la qualité de l'air intérieur peuvent être des hygiénistes industriels ou du travail, des professionnels de la santé publique ou de la santé, des consultants en environnement ou d'autres professionnels qui ont une compréhension de la QAI ainsi que la formation et l'équipement nécessaires pour examiner plus en détail les problèmes de qualité de l'air, y compris ceux qui concernent les systèmes de CVC ou l'enveloppe du bâtiment. Bien que les renseignements suivants soient destinés aux professionnels de la QAI, ils peuvent permettre aux responsables d'immeubles ou aux employeurs de mieux comprendre les effets sur la santé de certains contaminants de l'air intérieur ainsi que l'échantillonnage de l'air et la surveillance de la qualité de l'air.
Contaminants particuliers
La présente section passe en revue certains contaminants liés à la QAI, y compris leurs caractéristiques, leurs effets sur la santé, les limites d'exposition applicables et les méthodes suggérées pour résoudre le problème. En ce qui concerne les contaminants de l'air intérieur, mesurer le niveau d'exposition peut être justifié, selon le problème.
Remarque : Il peut exister des limites d'exposition en milieu de travail pour certains contaminants qui sont réglementés au niveau provincial et au niveau territorial, ainsi qu'au niveau fédéral pour les travailleurs sous compétence fédérale, mais ces limites ne s'appliquent généralement pas aux immeubles où il n'y a que des bureaux (ASHRAE, 2009). Une limite d'exposition en milieu de travail correspond au niveau admissible d'exposition à un danger chimique ou physique pendant une certaine période (généralement 8 heures) qui n'est pas susceptible de compromettre la santé d'un travailleur (CCHST, 2022). Certains travailleurs (par exemple, le personnel de conciergerie et d'entretien) peuvent être amenés à travailler avec des matières dangereuses, auquel cas les limites d'exposition en milieu de travail seraient pertinentes.
Santé Canada a élaboré les limites d'exposition recommandées pour la santé humaine pour un certain nombre de polluants couramment présents dans l'air intérieur. Ces limites d'exposition sont conçues pour protéger les populations considérées comme sensibles aux effets sur la santé résultant de l'exposition aux polluants (notamment les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes de santé préexistants).
Les lignes directrices sur la qualité de l'air intérieur résidentiel (LDQAIR) de Santé Canada pour les polluants de l'air intérieur comprennent des limites d'exposition à court ou à long terme, un résumé des effets connus sur la santé, les sources et les niveaux d'exposition dans les foyers canadiens, ainsi que des recommandations pour réduire l'exposition. Bien que les LDQAIR aient été élaborées pour les environnements résidentiels, les niveaux d'exposition peuvent être similaires à ceux que l'on trouve dans les environnements de bureau, et comme les personnes passent couramment autant de temps au bureau qu'à la maison, on peut supposer que le document d'orientation préliminaire s'appliquent également aux environnements de bureau.
Les limites d'exposition que recommandent les LDQAIR correspondent à la concentration de contaminants dans l'air intérieur en dessous de laquelle il est peu probable que des effets sur la santé se produisent, selon les données scientifiques disponibles. Ces limites d'exposition sont rapportées avec leurs temps d'échantillonnage recommandés (entre parenthèses). Le document d'orientation préliminaire comprennent :
- des limites d'exposition à long terme pour les problèmes de santé pouvant résulter d'une exposition continue ou répétée pendant une période de plusieurs mois ou années
- des limites d'exposition à court terme pour les problèmes de santé pouvant survenir immédiatement après une exposition de courte durée
Pour aider les professionnels de la santé publique à évaluer le risque lié à l'exposition à d'autres COV potentiellement présents dans l'air intérieur, y compris aux fins de l'élaboration des normes, Santé Canada a établi des valeurs de dépistage appelées niveaux de référence dans l'air intérieur (NRAI). Les NRAI complètent les LDQAIR de Santé Canada et représentent les concentrations qui sont associées à des niveaux de risque acceptables après une exposition à long terme (pendant une période de plusieurs mois ou années) pour certains COV couramment présents dans l'air intérieur.
L'information ci-dessous concernant les contaminants spécifiques est à jour en date de novembre 2022. Les professionnels de la qualité de l'air intérieur sont invités à consulter la page Web des ressources sur la qualité de l'air intérieur pour les professionnels de Santé Canada pour obtenir les informations les plus récentes concernant les LDQAIR ou les NRAI.
Consulter la section Employeurs pour obtenir plus de détails sur les responsabilités et les devoirs de l'employeur. Dans tous les cas, il faut consulter l'autorité responsable pour confirmer la législation qui s'applique à la situation. Idéalement, on cherchera toujours à réduire le plus possible l'exposition ou le niveau de risque (CCHST, 2022).
Monoxyde de carbone
Caractéristiques
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz insipide, inodore et incolore à température ambiante. Il se forme habituellement lorsque la combustion de matières organiques est incomplète. Du monoxyde de carbone est produit quand on brûle des combustibles comme le charbon, l'essence, le gaz naturel, le pétrole, le propane, le bois ou les granulés de bois. Il se retrouve aussi dans la fumée secondaire. Le risque augmente pendant les mois d'hiver, lorsque les bâtiments sont chauffés par :
- des générateurs d'air chaud
- des poêles à bois ou granulés de bois
- des chauffe-eau et chaudières
- d'autres appareils dont le fonctionnement repose sur la combustion de combustibles
Ces appareils peuvent libérer du CO dans un bâtiment s'ils ne sont pas installés ou entretenus correctement, ou s'ils sont défectueux (Santé Canada, 2016b; 2017b).
Effets sur la santé
L'inhalation de CO diminue la capacité du corps à acheminer l'oxygène dans le sang et peut affecter une personne avant qu'elle ne remarque la présence du gaz. L'exposition au CO peut causer une intoxication.
Même à des concentrations inférieures à celles qui déclencheraient le signal d'alarme d'un détecteur classique, l'exposition au CO peut entraîner des symptômes qui s'apparentent à ceux de la grippe, notamment :
- de la fatigue
- des maux de tête
- de l'essoufflement
- une atteinte des fonctions motrices, comme :
- une faiblesse musculaire
- une perte de fonction partielle ou totale d'une partie du corps (un ou plusieurs membres)
À des concentrations élevées, ou en cas d'exposition à de faibles concentrations pendant de longues périodes, les personnes peuvent ressentir :
- des étourdissements
- des douleurs thoraciques
- des troubles de la vision
- des difficultés de concentration
L'exposition à des concentrations très élevées peut provoquer :
- des convulsions
- la perte de conscience
- le coma
- la mort
Limites
Les LDQAIR de Santé Canada pour le CO (2016b) recommandent les limites suivantes :
- Limite d'exposition à long terme (24 heures) : 11,5 mg/m3 (10 ppm)
- Limite d'exposition à court terme (1 heure) : 28,6 mg/m3 (25 ppm)
Gestion du problème
Repérer les concentrations élevées de CO :
Installer des systèmes avertisseurs ou des détecteurs de CO dans tout le bâtiment, y compris dans les endroits où du CO pourrait être produit. S'assurer que les détecteurs de CO sont installés, étalonnés, testés, utilisés, entretenus et remplacés conformément aux spécifications du fabricant (Santé Canada, 2016b; 2017b).
Remarques sur les détecteurs de CO :
- Acheter des détecteurs de CO : Il est important de rechercher des produits qui sont certifiés pour un usage au Canada. Les détecteurs certifiés ont été testés par des professionnels en laboratoire et répondent aux normes de sécurité canadiennes. Les marques de certification doivent figurer à la fois :
- sur le détecteur de CO
- sur l'emballage du produit
- Tester régulièrement les détecteurs de CO : Remplacer les piles et le détecteur de CO conformément aux recommandations du fabricant. À titre de rappel, inscrire sur la pile ou l'appareil la date de son installation et la date à laquelle il doit être remplacé. Vérifier la date d'expiration des détecteurs de CO et les remplacer si requis.
- Envisager l'achat d'un détecteur doté d'un affichage des faibles concentrations : Les détecteurs de CO les plus récents sont dotés d'un affichage des faibles concentrations et indiquent les concentrations de CO mesurées en dessous du seuil de déclenchement d'une alarme. Ces détecteurs permettent de surveiller régulièrement les concentrations de CO à l'intérieur et de réagir adéquatement en cas d'augmentation des concentrations, comme l'indique le manuel fourni avec l'appareil. Se rappeler que la concentration que l'appareil mesure peut ne pas refléter la concentration à laquelle les occupants sont exposés, en fonction de leur proximité avec la source de CO.
Pour éviter une exposition au CO :
- Vérifier les zones où du CO est produit, comme les quais de chargement, les stationnements intérieurs ou les autres endroits où des appareils à combustion sont utilisés, puis déterminer s'il existe un risque que le CO pénètre dans les espaces occupés depuis l'extérieur par les prises d'air ou les fenêtres et les portes, ou depuis l'intérieur des bâtiments par diffusion vers les locaux occupés ou par le système de distribution d'air.
- Veiller à ce que les appareils soient régulièrement entretenus et inspectés par un professionnel au moins une fois par an ou conformément aux instructions du fabricant. Cet entretien comprend les appareils suivants, lorsqu'ils fonctionnent au moyen de combustibles :
- Chaudières
- Foyers
- Poêles
- Chauffe-eau
- Sécheuses
- Vérifier les éléments suivants pendant l'entretien ou les inspections :
- Fuites
- Fissures
- Registres bloqués
- Installations inadéquates
- Mauvais raccordements des conduites de gaz aux :
- appareils
- registres
- Ruptures ou déchirures des tuyaux de raccordement
- Tuyaux de ventilation corrodés ou débranchés
- Ne pas bloquer ou limiter la circulation de l'air autour des appareils à combustion.
- Ne pas utiliser de générateurs, de barbecues ou de poêles au butane portables à l'intérieur, y compris dans les garages, ou à l'extérieur près des prises d'air.
- Interdire l'usage de tabac à l'intérieur.
- N'utiliser les appareils de chauffage autonomes, les cuisinières, les lampes et autres appareils à combustion à l'intérieur que s'ils sont spécifiquement conçus pour un usage à l'intérieur et si des détecteurs de CO appropriés sont installés à proximité. En cas de dysfonctionnement d'un appareil, respecter toutes les indications du fabricant.
Dioxyde de carbone
Caractéristiques
Le dioxyde de carbone (CO2) est un gaz incolore, inodore et non inflammable. À l'intérieur, le CO2 est principalement produit par la respiration des occupants, mais il peut également provenir d'autres sources, comme la fumée de cigarette et les appareils à combustion non raccordés à une conduite d'évacuation ou dont l'évacuation est insuffisante. La concentration de CO2 dans l'air intérieur varie en fonction des 3 principaux facteurs suivants : la concentration de CO 2 à l'extérieur, les sources intérieures de CO2 et le taux d'élimination ou de dilution du CO2 dans l'air intérieur grâce à l'apport d'air extérieur par la ventilation (Santé Canada, 2021g).
Comme la ventilation est le principal moyen d'éliminer le CO2 des environnements intérieurs, les bâtiments mal ventilés ou les bâtiments dotés d'appareils à combustion non raccordés ou mal raccordés peuvent présenter des concentrations élevées de CO2, surtout si le taux d'occupation est important par rapport aux dimensions de l'espace (Santé Canada, 2021g).
Effets sur la santé
Des études menées chez les humains dans des écoles ou des environnements de bureau ont révélé des liens entre l'exposition au CO2 et les effets sur les muqueuses ou les symptômes touchant les voies respiratoires inférieures, la rhinite, les symptômes neurophysiologiques, le manque de concentration, les maux de tête, les étourdissements, la sensation de tête lourde, la fatigue et la diminution des performances lors de tests ou de tâches.
Des études épidémiologiques portant sur les concentrations de CO 2 et les effets sur la santé dans les écoles ou les environnements de bureaux ont révélé que les personnes exposées à des concentrations de CO2 supérieures à 800 ppm signalaient davantage de symptômes relatifs aux muqueuses ou aux voies respiratoires (par exemple, irritation des yeux, mal de gorge ou gorge sèche, congestion ou écoulement nasal, éternuements et toux) que les personnes exposées à des concentrations de CO2 plus faibles (Santé Canada, 2021g).
Limites
Pour les environnements intérieurs, les LDQAIR de Santé Canada recommandent une limite d'exposition à long terme (24 heures) de :
- 1 800 mg/m3 (1 000 ppm).
Gestion du problème
Gérer les risques d'exposition au CO2 en prenant les mesures suivantes (Santé Canada, 2021g) :
- Travailler avec le responsable de l'immeuble pour déterminer comment augmenter l'apport d'air frais ou, s'il y a lieu, augmenter la ventilation par une hausse du débit, une meilleure distribution vers les pièces problématiques ou une durée de fonctionnement accrue si la ventilation du bâtiment est arrêtée ou réduite. La ventilation sur demande, au moyen de capteurs de CO2, peut aussi être une stratégie à envisager; celle-ci pourrait d'ailleurs déjà être en place. L'augmentation de la ventilation mécanique peut être limitée par la configuration du système (par exemple, la taille des conduites, la vitesse des ventilateurs) et doit tenir compte des limitations du débit d'air pour le confort thermique.
- Éviter, si possible, que les environnements intérieurs soient surpeuplés, tant à l'échelle de certaines zones que de la totalité des immeubles de bureaux.
- Augmenter la ventilation naturelle en ouvrant les fenêtres (en tenant compte de la qualité de l'air ambiant, de la sécurité et des répercussions sur le système mécanique global du bâtiment).
- Suivre des protocoles similaires à ceux décrits dans la section Monoxyde de carbone pour s'assurer que les appareils de combustion fonctionnent correctement et sont adéquatement raccordés à des conduites d'évacuation.
Ozone
Caractéristiques
L'ozone est un gaz qui se retrouve naturellement dans la haute atmosphère et qui peut se former au niveau du sol lorsque la lumière du soleil interagit avec la pollution atmosphérique. L'ozone troposphérique est l'un des principaux composants du smog urbain. L'ozone troposphérique peut pénétrer dans les bâtiments et contaminer l'air intérieur (Santé Canada, 2021d). On recense également des sources intérieures, telles que les photocopieurs et certains appareils de purification de l'air (entre autres les dépoussiéreurs électriques, certains générateurs d'ultraviolets, purificateurs d'air portatifs et les appareils utilisés dans certains projets d'assainissement comme la réparation des dégâts causés par la fumée).
Effets sur la santé
L'exposition à l'ozone peut entraîner divers effets sur la santé :
- Toux
- Irritation :
- des yeux
- du nez
- de la gorge
- Malaise thoracique
- Essoufflement
- Diminution de la fonction pulmonaire
Les personnes souffrant d'un problème respiratoire sous-jacent peuvent être plus sensibles à l'ozone.
Limites
Pour les environnements résidentiels intérieurs, Santé Canada (2016c) recommande :
- une limite d'exposition de huit (8) heures : 40 µg/m³ (20 parties par milliard)
Gestion du problème
Il est possible de réduire l'exposition à l'ozone en adoptant les mesures suivantes :
- Utiliser un climatiseur au lieu d'ouvrir les fenêtres lorsque la concentration d'ozone est à son maximum (généralement l'après-midi pendant les mois d'été).
- Éviter les appareils qui génèrent intentionnellement de l'ozone. Bien que certains produits générateurs d'ozone prétendent améliorer la qualité de l'air, l'ozone peut avoir des effets sur la santé. Ces produits sont donc à éviter. Il en va de même pour certains appareils de purification de l'air qui produisent involontairement de l'ozone comme sous-produit.
- Consulter la cote air santé (CAS) et modifier ou reporter les activités extérieures lorsque la CAS est préoccupante (Environnement Canada, 2021). Prendre note que l'ozone est l'un des paramètres clés utilisés pour déterminer la CAS.
Particules (y compris les poussières et les fibres)
Caractéristiques
Les particules présentes à l'intérieur sont constituées d'un mélange de substances, notamment (Santé Canada, 2012; 2019a) :
- le pollen
- les spores fongiques
- les endotoxines (toxines présentes dans les bactéries)
- les minuscules particules liquides ou solides dans les aérosols
- le carbone (suie) produit pendant la combustion des matériaux
- les différents polluants chimiques qui se fixent sur les particules
Plusieurs sources intérieures sont couramment liées à la production de particules fines, soit :
- les moisissures
- la fumée de cigarette
- la cuisson
- la remise en suspension de la poussière sur les surfaces, telles que les sols, les tablettes qui ne sont pas régulièrement nettoyées et les moquettes
- les émissions de particules fines provenant des imprimantes et des photocopieurs
À cela s'ajoutent les autres sources possibles de particules fines intérieures (PM2,5), notamment :
- les activités de rénovation générant de la poussière, comme l'enlèvement des tapis ou le ponçage des cloisons sèches
- la perturbation des particules qui se sont déposées sur les surfaces pendant
- l'époussetage avec un chiffon sec ou un plumeau
- l'utilisation d'un aspirateur qui n'est pas doté d'un filtre HEPA
- le balayage
- les fournaises, poêles à bois ou foyers mal installés ou mal entretenus
- l'infiltration de polluants extérieurs (par exemple, polluants de la circulation, industries, construction, fumée de feux de forêt)
La dimension des particules détermine si elles peuvent atteindre les poumons. Les particules de poussière sont mesurées en microns ou micromètres (µm). Le terme « particules fines » désigne de façon générale les petites particules dont la dimension est inférieure à 2,5 µm. Les particules de 0,1 à 2,5 µm peuvent pénétrer dans les poumons et ainsi nuire à la santé. En général, les particules de plus de 10 µm restent piégées dans le nez et la gorge (Santé Canada, 2012; 2019a).
Effets sur la santé
Peu d'études ont examiné la relation entre les PM2,5 à l'intérieur des bâtiments et la santé. La grande majorité des données sur les effets sur la santé proviennent d'études portant sur l'exposition aux PM2,5 à l'extérieur (dans l'air ambiant). Certaines données montrent toutefois une relation entre, d'une part, les niveaux de PM 2,5 à l'intérieur des bâtiments et, d'autre part, un déclin de la fonction pulmonaire et une augmentation de l'oxyde nitrique exhalé, un marqueur de l'inflammation des voies respiratoires, chez les enfants asthmatiques.
Des associations entre les PM2,5 à l'intérieur et des changements subtils dans les marqueurs de maladies cardiovasculaires ont également été observées chez les adultes plus âgés (Santé Canada, 2012; 2019a).
Limites
Santé Canada (2012; 2019a) recommande de maintenir les concentrations intérieures de particules fines de 2,5 µm aussi basses que possible.
Gestion du problème
Les principales stratégies visant à réduire les niveaux de particules à l'intérieur des bâtiments sont les suivantes :
- Réduire les sources intérieures de particules fines (par exemple, interdire l'usage du tabac)
- Contrôler la production de poussière pendant les activités de rénovation
- Nettoyer les tapis à l'aide d'un aspirateur muni d'un filtre HEPA plutôt que d'un balai
- S'assurer que les ventilateurs d'extraction de la cuisine sont utilisés et fonctionnent correctement
- Veiller à ce que les systèmes de ventilation offrent une filtration adéquate, et envisager l'ajout de purificateurs d'air portables autonomes dotés de filtres HEPA, au besoin
- Augmenter la ventilation dans les petits bâtiments en utilisant un ventilateur récupérateur de chaleur intégré au système de CVC pour réduire les niveaux de PM2,5 grâce à un apport d'air extérieur frais et filtré
- Consulter la cote air santé et modifier l'apport d'air extérieur (sous réserve des caractéristiques du système de ventilation du bâtiment) en fonction de la qualité de l'air extérieur (Environnement Canada, 2021)
- S'assurer que les prises d'air se trouvent loin des zones où des véhicules marchent au ralenti ou des endroits où la circulation est intense
Composés organiques volatils
Caractéristiques
Les composés organiques volatils représentent un vaste groupe de substances chimiques qui sont présentes dans l'air intérieur et extérieur. L'exposition à certains COV présents dans l'air intérieur peut entraîner des effets sur la santé, selon le type de COV, les concentrations et la durée d'exposition (Santé Canada, 2021h).
En voici des exemples courants :
- Formaldéhyde
- Benzène
- Toluène
- Éthylbenzène
- Xylène
- Acétaldéhyde
- Naphtalène
Effets sur la santé
Une exposition de courte durée à de fortes concentrations de certains COV peut causer :
- des problèmes respiratoires
- une irritation :
- des yeux
- du nez
- de la gorge
- des maux de tête
Certaines populations sont considérées comme plus sensibles aux effets sur la santé résultant de l'exposition aux COV, notamment les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes ayant de problèmes de santé préexistants tels que l'asthme.
La plupart des personnes ne sont pas sensibles à une exposition de courte durée aux faibles concentrations de COV généralement présentes dans les maisons ou les bureaux. En ce qui concerne l'exposition à long terme à de faibles concentrations de COV, des recherches sont en cours pour mieux comprendre les éventuels effets sur la santé.
L'exposition à long terme à des niveaux élevés de certains COV peut toutefois avoir des effets sur la santé. Par exemple, chez les travailleurs industriels, l'exposition à des concentrations élevées de certains COV a été associée à une augmentation des taux de cancer. Ces COV sont :
- le benzène
- le formaldéhyde
Cependant, comme les concentrations normalement présentes dans les bureaux sont très faibles, le risque de développer un cancer lorsqu'on y est exposé est négligeable.
Limites
Voici les LDQAIR de Santé Canada pour certains COV couramment présents dans l'air intérieur :
- Acétaldéhyde (Santé Canada, 2017a)
- Limite d'exposition à long terme (24 heures) : 280 µg/m3 (157 ppb)
- Limite d'exposition à court terme (1 heure) : 1 420 µg/m3 (795 ppb)
- Acroléine (Santé Canada, 2021f)
- Limite d'exposition à long terme (24 heures) : 0,44 µg/m3 (0,19 ppb)
- Limite d'exposition à court terme (1 heure) : 38 µg/m3 (17 ppb)
- Formaldéhyde (Santé Canada, 2006)
- Limite d'exposition à long terme (8 heures) : 50 µg/m3 (40 ppb)
- Limite d'exposition à court terme (1 heure) : 123 µg/m3 (100 ppb)
- Naphtalène (Santé Canada, 2013)
- Limite d'exposition à long terme (24 heures) : 10 µg/m3 (1,9 ppb)
- Toluène (Santé Canada, 2011)
- Limite d'exposition à long terme (24 heures) : 2,3 mg/m3 (0,6 ppm)
- Limite d'exposition à court terme (8 heures) : 15 mg/m3 (4,0 ppm)
Voici les NRAI de Santé Canada pour certains COV que l'on trouve dans l'air intérieur (Santé Canada, 2018b). Ces valeurs correspondent à des expositions chroniques et continues à long terme.
- 1,3-butadiène (no CAS 106-99-0) : 1,7 µg/m3
- 1,4-dichlorobenzène (no CAS 106-46-7) : 60 µg/m3
- 2-butoxyéthanol (no CAS 111-76-2) : 11 000 µg/m3
- 2-éthoxyéthanol (no CAS 110-80-5) : 70 µg/m3
- 3-chloropropène (no CAS 107-05-1) : 1 µg/m3
- Acétone (no CAS 67-64-1) : 70 000 µg/m3
- Acroléine (no CAS 107-02-8) : 0,35 µg/m3
- Aniline (no CAS 62-53-3) : 1 µg/m3
- Tétrachlorure de carbone (no CAS 56-23-5) : 1,7 µg/m 3
- Chloroforme (no CAS 67-66-3) : 300 µg/m3
- Cyclohexane (no CAS 110-82-7) : 6 000 µg/m3
- Dichlorométhane (no CAS 75-09-2) : 600 µg/m3
- Épichlorohydrine (no CAS 106-89-8) : 1 µg/m3
- Éthylbenzène (no CAS 100-41-4) : 2 000 µg/m3
- Oxyde d'éthylène (no CAS 75-21-8) : 0,002 µg/m3
- Alcool isopropylique (no CAS 67-63-0) : 7 000 µg/m 3
- Isopropylbenzène (no CAS 98-82-8) : 400 µg/m3
- Méthyléthylcétone (no CAS 78-93-3) : 5 000 µg/m3
- Méthylisobuthylcétone (no CAS 108-10-1) : 3 000 µg/m 3
- Propionaldéhyde (no CAS 123-38-6) : 8 µg/m3
- Oxyde de propylène (no CAS 75-56-9) : 2,7 µg/m3
- Styrène (no CAS 100-42-5) : 850 µg/m3
- Tétrachloroéthylène (no CAS 127-18-4) : 40 µg/m3
- Diisocyanate de toluène (no CAS 26471-62-5) : 0,008 µg/m 3
- Xylène, mélange d'isomères (no CAS 1330-20-7) : 100 µg/m 3
Gestion du problème
Les principales stratégies pour réduire l'exposition aux COV dans des locaux à bureaux sont les suivantes (Santé Canada, 2021h) :
- Éviter de fumer à l'intérieur
- Choisir des produits à faible taux d'émission, si possible. Certains produits (peintures, vernis, nettoyants chimiques) émettent moins de COV que d'autres
- Ouvrir les fenêtres et veiller à maintenir une ventilation adéquate pendant l'utilisation de produits de nettoyage, surtout s'ils contiennent des produits chimiques puissants. Toujours lire et suivre les instructions figurant sur l'étiquette et la FDS, lorsqu'elles sont disponibles
- Ouvrir les fenêtres, veiller à maintenir une ventilation adéquate et mettre en œuvre des mesures administratives pour réduire l'exposition des occupants pendant les rénovations, lorsqu'on utilise des produits comme :
- des colles
- des peintures
- des vernis
- des adhésifs
- des produits de nettoyage
- Réduire au minimum ou éliminer l'utilisation de produits parfumés, tels que les désodorisants à brancher ou en aérosol, qui masquent les odeurs en produisant des COV, ce qui peut être encore plus problématique pour les occupants sensibles
Si, dans un bureau, certaines personnes sont particulièrement sensibles, elles peuvent :
- éviter d'être présentes au bureau pendant :
- le nettoyage
- les rénovations
- l'utilisation de produits chimiques
- consulter un professionnel de la santé si elles pensent que l'exposition aux COV a des effets néfastes sur leur santé
Moisissures
Caractéristiques
Le mot « moisissure » est le terme couramment utilisé pour désigner les champignons microscopiques qui se forment sur les aliments et les matériaux de construction humides. Les moisissures ont souvent l'aspect d'une tache de couleur variable. Dans certains cas, les moisissures se trouvent dans des endroits hors de vue, mais une odeur de moisi peut révéler leur présence. Si elles sont présentes en quantités importantes, les moisissures peuvent contribuer à une mauvaise QAI.
Les endroits humides ou mouillés dans une maison ou un bureau, en raison de fuites d'eau, d'inondations ou d'un taux élevé d'humidité, peuvent être propices à l'apparition de moisissures. Les moisissures peuvent se développer sur le bois, le papier, les tissus, les cloisons sèches et les isolants. Elles peuvent aussi être cachées à l'intérieur des murs ou au-dessus des carreaux de plafond. Pour croître, les moisissures ont besoin d'humidité. Une prolifération des moisissures à l'intérieur d'un bâtiment peut contribuer à une mauvaise QAI et entraîner des problèmes de santé (Santé Canada, 2016d).
Effets sur la santé
Les personnes qui vivent ou qui travaillent dans des endroits où il y a de la moisissure et de l'humidité sont particulièrement sujettes aux problèmes de santé suivants :
- Irritation des yeux, du nez et de la gorge
- Toux et accumulation de mucosités
- Respiration sifflante et essoufflements
- Aggravation des symptômes de l'asthme
- Autres réactions allergiques
Certaines personnes sont plus vulnérables que d'autres aux effets des moisissures. On pense par exemple aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes qui présentent des problèmes de santé (comme l'asthme et les allergies graves). Certaines personnes étant plus sensibles que d'autres, on peut difficilement établir des limites « sûres » d'exposition aux moisissures dans l'air intérieur qui seraient applicables concrètement dans un bâtiment.
Certaines moisissures en suspension dans l'air peuvent causer des infections pulmonaires graves chez les personnes dont le système immunitaire est très affaibli, comme celles qui sont atteintes de la leucémie ou du sida ou qui ont reçu une transplantation (Santé Canada, 2021c).
Limites
Il n'existe pas de valeurs limites d'exposition pour les moisissures présentes dans l'air ou sur les surfaces des bâtiments.
Les moisissures font naturellement partie de l'environnement et seront toujours présentes. Ainsi, le simple fait de déceler des spores de moisissure dans une analyse de l'air n'indique pas nécessairement l'existence d'un problème (CCQAI, 2015). L'interprétation correcte des résultats d'un échantillonnage de l'air exige une grande expertise. L'échantillonnage de l'air peut révéler ou non la présence ou l'absence d'un problème, en raison des limites de l'échantillonnage et de la nature hautement variable des taux de moisissures dans l'air.
Les résultats de l'échantillonnage de l'air ne peuvent pas être interprétés en matière de risque pour la santé et leur utilité est restreinte, sinon nulle, lors de l'élaboration d'un plan d'assainissement pour remédier à un problème de moisissure dans un bâtiment. Pour cette raison, Santé Canada n'a pas fixé de limite d'exposition pour la santé humaine en ce qui a trait aux moisissures dans l'environnement intérieur (Santé Canada, 2016d).
Par conséquent, ni Santé Canada ni le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) ne recommandent la détermination des taux de moisissures ou de substances similaires dans les bureaux, les écoles ou les bâtiments non industriels (Santé Canada, 2016d; NIOSH, 2022).
Bien que l'échantillonnage puisse faire partie d'une stratégie d'assurance de la qualité avant et après l'assainissement (CCQAI, 2015), les étapes suivantes sont les plus importantes pour déterminer le succès d'un projet d'assainissement en lien avec des moisissures :
- Déterminer et corriger la véritable cause du problème d'humidité qui a entraîné la formation de moisissures. La contribution de spécialistes en science du bâtiment peut être requise pour cerner le problème, concevoir les mesures correctives et vérifier la bonne exécution du travail
- Éliminer les moisissures et tous les matériaux de construction endommagés par l'humidité, avec un confinement adéquat des zones de travail pour empêcher la dissémination des spores de moisissures (et des fragments de moisissures) dans les zones non contaminées du bâtiment
- Nettoyer avec soin et diligence pour éliminer toute la poussière visible. À cet égard, le test du « gant blanc » permet une vérification rapide et précise avant la réalisation de tout travail d'assainissement et à la suite du nettoyage final. La supervision et la vérification directes des travaux d'assainissement par un professionnel qualifié, qui vérifiera de manière indépendante le travail de l'entrepreneur chargé de l'assainissement, sont la meilleure façon de garantir la qualité des travaux effectués.
Gestion du problème
Santé Canada recommande de contrôler l'humidité à l'intérieur et de nettoyer les sources ou les surfaces.
Prévenir toute réapparition en examinant les conditions qui favorisent la croissance des microbes (Santé Canada, 2014a; 2016d). Pour les petits immeubles de bureaux ou les problèmes de moisissures à petite échelle, les activités de prévention suivantes peuvent être pertinentes :
- Effectuer un entretien préventif régulier de l'enveloppe du bâtiment, en particulier des toits et de tous les solins autour des pénétrations telles que les conduits d'égout, les avaloirs de toit, les cheminées, les conduites d'évacuation, les fenêtres, les portes et les solins de base, et veiller à ce que le nivellement du sol et le ruissellement de l'eau soient appropriés de façon à ce que l'eau s'écoule loin du bâtiment.
- Trouver les endroits humides : vérifier les sous-sols, les placards, les appuis de fenêtre, les toits, et autour des éviers, des baignoires et des tuyaux.
- Résoudre sur-le-champ les problèmes d'humidité : réparer les fuites d'eau dès qu'elles sont constatées et procéder à un nettoyage immédiatement après une inondation.
- Utiliser des ventilateurs : le cas échéant, utiliser les ventilateurs d'extraction de la cuisine et de la salle de bains ou s'assurer que les ventilateurs d'extraction continue fonctionnent correctement.
- Rejeter l'air à l'extérieur : tous les ventilateurs d'extraction doivent rejeter l'air à l'extérieur.
- Étanchéiser les douches, les éviers et les autres appareils : s'assurer que les joints sont étanches afin que l'eau ne s'infiltre pas dans les murs.
- Désencombrer : le papier, les boîtes en carton et les tissus représentent des milieux idéaux pour la formation de moisissures. L'humidité et les moisissures peuvent se retrouver dans les meubles mous ou rembourrés qui sont mouillés, tandis que le papier moisi est l'un des matériaux les plus difficiles à nettoyer. Vérifier que les meubles et les articles non lavables sont exempts de moisissures et jeter ce qui ne peut être nettoyé.
- Maintenir le bâtiment bien ventilé : si cela est possible, ouvrir les fenêtres par temps sec ou utiliser des ventilateurs si nécessaire.
- Réduire le taux d'humidité : maintenir un taux d'humidité faible, soit environ 50 % en été et 30 % par temps froid, en fonction des limites de tolérance de l'enveloppe du bâtiment, afin d'éviter la condensation sur les surfaces intérieures. Si nécessaire, utiliser un déshumidificateur ou un climatiseur pour réduire le taux d'humidité. Utiliser un hygromètre (un outil offert à faible coût dans la plupart des quincailleries) pour mesurer le taux d'humidité.
- Nettoyer : nettoyer et désinfecter régulièrement tout ce qui contient de l'eau, comme les humidificateurs, les déshumidificateurs, les climatiseurs, les tours de refroidissement ou les condenseurs à évaporation.
- Utiliser des aspirateurs dotés de filtres HEPA ou un système central d'aspiration qui évacue l'air vers l'extérieur.
- Nettoyer et éliminer toute trace visible de moisissure ou de champignon. Nettoyer les petites surfaces (3 plaques ou moins dont la superficie totale est inférieure à 1 m2) ou les surfaces moyennes (3 plaques ou plus, ou si les plaques ont une superficie supérieure à 1 m2, mais inférieure à 3 m2), en procédant comme suit (Santé Canada, 2014a) :
- Utiliser l'équipement de protection approprié, notamment des lunettes de sécurité ou des lunettes de protection étanches, un masque jetable N95 et des gants de ménage jetables. Veiller à ce qu'un essai d'ajustement soit effectué préalablement au port d'un masque.
- Couper le courant dans toutes les zones qui sont mouillées ou inondées. Porter des bottes en caoutchouc pour se déplacer dans l'eau. Maintenir les rallonges électriques hors de l'eau.
- Nettoyer les surfaces lavables, telles que les appuis de fenêtres, le bois, les surfaces dures, le béton et les carreaux, avec un chiffon et une solution de détergent non parfumé. Essuyer avec un chiffon humide propre et assécher rapidement.
- Nettoyer les murs avec un chiffon humide en utilisant du bicarbonate de soude ou une petite quantité de solution de détergent non parfumé. Éviter de trop mouiller une cloison sèche. Si les moisissures se trouvent sous la peinture, il faudra enlever et remplacer les cloisons sèches. Recouvrir les moisissures de peinture ne résoudra pas le problème.
- Demander l'aide d'un professionnel s'il s'agit d'une grande surface (une seule plaque de plus de 3 m2) ou si les moisissures réapparaissent après un travail d'assainissement, ce qui indiquerait que la cause du problème de moisissure n'a pas été corrigée ou qu'un problème ultérieur doit être réglé (Santé Canada, 2014a).
Maladies causées par des bactéries, des virus et des champignons
Caractéristiques
Certaines maladies peuvent être liées à des microbes, notamment la maladie du légionnaire (résultant de l'exposition à la bactérie Legionella présente dans les systèmes d'eau de CVC) et les réactions inflammatoires faisant suite à l'exposition aux endotoxines produites par des bactéries à Gram négatif dans certains systèmes d'humidification. Parmi les autres maladies possibles, citons le syndrome pulmonaire à hantavirus (résultant d'une exposition, lors du nettoyage, à l'urine, à la salive ou aux excréments de souris sylvestres et de certains autres rongeurs sauvages infectés) et la psittacose (une maladie bactérienne contractée lors de l'inhalation de poussière contenant des excréments d'oiseaux séchés). L'histoplasmose et l'aspergillose font aussi partie des maladies qui peuvent être causées par l'exposition à des excréments d'oiseaux et de chauves-souris en aérosol dans un environnement intérieur. Pour cette raison, il est important de maintenir les unités de traitement de l'air exemptes de tels contaminants et d'empêcher les oiseaux et les chauves-souris de se percher dans les bâtiments.
Certaines maladies peuvent également provenir des occupants d'un bâtiment (par exemple, l'infection par le SRAS-CoV-2 entraînant la COVID-19 et d'autres agents pathogènes respiratoires comme la grippe). Dans la plupart des cas, la transmission d'une infection bactérienne ou virale entre personnes nécessite un contact avec une personne ou une surface infectée, la capacité de l'agent pathogène d'être transmis par des aérosols ou des gouttelettes ou la présence une quantité importante de particules chargées de virus ou de bactéries dans la zone de respiration directe de la personne. Toutefois, dans le cas du SRAS-CoV-2, on a constaté que la transmission par voie aérienne se faisait également à partir de fines particules aérosolisées, capables de rester en suspension dans l'air et de se déplacer sur de plus grandes distances, d'où l'intérêt du port de masques, d'une ventilation efficace, de l'amélioration de la filtration dans les bâtiments et de l'ajout de purificateurs d'air HEPA autonomes, le cas échéant, pour réduire le risque de transmission.
Effets sur la santé
Les effets sur la santé seront spécifiques à l'agent pathogène.
Limites
Il n'existe pas de valeurs limites d'exposition pour l'ensemble des agents microbiens présents à l'intérieur des bâtiments et susceptibles de causer des maladies puisque ceux-ci varient selon la dose infectieuse nécessaire pour causer une infection.
Gestion du problème
Bon nombre des recommandations relatives à la gestion des problèmes de moisissures (voir la section Moisissures) s'appliquent également aux bactéries, aux virus et aux champignons pathogènes. Le fonctionnement hygiénique de tout système de CVC est important pour assurer la fourniture d'air propre, l'élimination de l'air intérieur contaminé et la prévention des conditions qui permettront aux microbes de se multiplier dans les systèmes de CVC et de refroidissement du bâtiment (CCQAI, 2013d).
Le moyen le plus efficace d'empêcher la prolifération excessive de Legionella dans l'eau des tours de refroidissement à évaporation des systèmes de CVC est l'entretien adéquat et le bon fonctionnement des systèmes de refroidissement d'eau, en particulier au printemps et en été. Cela inclut des analyses régulières de l'eau des tours de refroidissement et l'utilisation de désinfectants (ASHRAE, 2020a; EDSC, 2018). Un programme de gestion de l'eau peut être mis en place pour définir, suivre et améliorer les activités d'exploitation et d'entretien (CDC, 2021). Les méthodes fondées sur la mise en culture et la réaction en chaîne par polymérase sont les plus couramment utilisées pour rechercher la présence de Legionella dans les tours de refroidissement et les condenseurs à évaporation. Certaines méthodes d'analyse peuvent être réalisées sur place par l'utilisateur ou un technicien qualifié, tandis que d'autres méthodes peuvent nécessiter de faire appel à un laboratoire commercial. Des analyses régulières peuvent servir à confirmer l'efficacité des mesures de lutte contre Legionella et à déterminer quand d'autres mesures s'imposent (par exemple, l'entretien).
L'importance d'une ventilation efficace a été citée pour réduire la transmission de virus à l'intérieur (AFPC, 2021c; CCQAI, 2021). Lorsqu'on souhaite réduire la transmission de virus, une bonne ventilation comprend :
- éviter la recirculation de l'air potentiellement contaminé
- augmenter le renouvellement de l'air intérieur par de l'air extérieur
- filtrer l'air de manière efficace
- ouvrir les fenêtres et les portes (dans la mesure du possible)
La ventilation peut contribuer à réduire la transmission de virus dans les espaces intérieurs en empêchant l'accumulation dans l'air de particules respirables potentiellement infectieuses. Une bonne ventilation, combinée à d'autres mesures individuelles de santé publique, peut mener à une réduction accrue du risque d'infection.
Parallèlement à l'amélioration de la ventilation intérieure, il faut envisager les mesures suivantes :
- Encourager les occupants à rester à la maison et à l'écart des autres s'ils ne se sentent pas bien.
- Limiter le nombre de personnes dans les zones où la ventilation est mauvaise et où il y a un manque d'air frais.
- Adopter des politiques qui exigent ou recommandent fortement le port d'un masque médical ou d'un respirateur bien ajusté dans les espaces publics intérieurs.
- Mettre des fournitures à la disposition des gens afin qu'ils se nettoient souvent les mains, en particulier après avoir été en contact avec des surfaces ou des objets fréquemment touchés ou partagés et après avoir toussé ou éternué (par exemple, du savon et de l'eau, ou un désinfectant pour les mains contenant au moins 60 % d'alcool).
- Nettoyer et désinfecter régulièrement les surfaces et objets fréquemment touchés.
- Établir et mettre en œuvre des protocoles de nettoyage et de désinfection réguliers qui se concentrent sur les surfaces et les objets fréquemment touchés, ainsi que sur l'équipement et les objets partagés.
- Utiliser des produits désinfectants approuvés et suivre les instructions du fabricant pour le nettoyage et la désinfection.
Amiante
Caractéristiques
L'amiante représente un groupe de 6 types de minéraux différents. Ces minéraux ont été utilisés pour accroître la durabilité et la solidité de certains produits ou pour augmenter leur résistance au feu (Santé Canada, 2021a). Avant 1990, l'amiante était couramment employé pour l'isolation thermique et l'insonorisation des bâtiments et des résidences. Il était également utilisé pour l'ignifugation des éléments de structure en acier des bâtiments. L'industrie, le secteur commercial et celui de la construction ont utilisé de l'amiante dans les produits comme :
- le ciment et le plâtre
- les chaudières et les systèmes de chauffage industriels
- les isolants de bâtiment
- les carreaux de sol et de plafond
- le parement extérieur
- les plaquettes de frein d'automobile et de camion
- les composantes de boîtes de vitesses de véhicules, comme les embrayages
Il n'y a pas de risques importants pour la santé si les matériaux contenant de l'amiante dans un bâtiment restent isolés dans un endroit protégé (par exemple, scellés derrière les murs et les planchers) ou s'ils sont intégrés dans des produits en bon état (par exemple, les tuyaux en ciment ou les carreaux de sol en vinyle).
Un plan de gestion de l'amiante est un élément essentiel de la prévention de l'exposition à tout matériau contenant de l'amiante dans un bâtiment. Le plan doit inclure des exigences strictes concernant le confinement ou l'isolement de ces matériaux avant l'entrée dans les espaces où ils sont confinés. Les entrepreneurs et les occupants des bâtiments doivent être informés de ces exigences avant d'accéder à tout espace où ces matériaux sont présents, conformément à la législation applicable.
Effets sur la santé
Respirer des fibres d'amiante peut causer le cancer et d'autres maladies, dont (Santé Canada, 2021a) :
- l'amiantose : une affection des poumons qui entraîne des difficultés respiratoires
- le mésothéliome : un cancer rare de la membrane qui tapisse la cavité thoracique ou abdominale
- le cancer du poumon : le tabagisme combiné à l'inhalation d'amiante augmente fortement le risque de cancer du poumon
Limites
Les organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux chargés de la santé et de la sécurité au travail déterminent les limites d'exposition aux substances dangereuses en milieu de travail, ainsi que les plans de gestion de l'amiante assurant un enlèvement sécuritaire. Les paragraphes 14.1(1) et (2) de la Loi sur les produits dangereux, dont la mise en œuvre incombe à Santé Canada, interdisent la vente ou l'importation de produits dangereux qui contiennent de l'amiante et qui sont destinés à être utilisés, manutentionnés ou entreposés dans un lieu de travail au Canada, à moins de satisfaire aux exigences applicables en matière d'étiquetage et de FDS du Règlement sur les produits dangereux. La législation sur la santé et la sécurité au travail exige également que les employeurs informent leurs travailleurs sur la manipulation sécuritaire des produits dangereux et les forment à ce sujet (Santé Canada, 2021a).
Gestion du problème
Pour réduire le risque d'exposition, un professionnel doit vérifier la présence d'amiante avant que les activités suivantes ne soient entreprises :
- Rénovations ou réaménagements
- Démolitions
- Ajouts
Si le professionnel trouve de l'amiante, un spécialiste qualifié en désamiantage devra l'éliminer en toute sécurité avant le début des travaux, conformément aux réglementations en vigueur, qui exigent que l'amiante soit confiné pendant son retrait afin d'éviter la contamination d'autres secteurs. Dans certaines situations, il peut être permis d'encapsuler l'amiante ou de l'isoler pour éviter de perturber les matériaux contenant de l'amiante (Santé Canada, 2021a).
Il existe des exigences réglementaires en matière de santé et de sécurité au travail dans la plupart des administrations concernant la tenue d'un inventaire de l'amiante et la conduite d'inspections régulières des matériaux qui en contiennent. Des procédures de signalement doivent également être établies pour que les travailleurs puissent signaler tout dommage aux matériaux contenant de l'amiante en milieu de travail.
Ne pas tenter d'enlever l'amiante ou l'amiante présumé : seul un professionnel qualifié en désamiantage, qui respecte les critères de désamiantage et d'élimination des poussières d'amiante, peut le faire. Certaines administrations (par exemple, le Manitoba, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick) réglementent étroitement les travaux portant sur l'amiante.
Radon
Caractéristiques
Le radon est un gaz radioactif qui provient de la dégradation de l'uranium présent dans le sol et la roche. Il s'agit d'un gaz invisible, inodore et sans goût. Lorsque le radon s'échappe dans l'atmosphère, il est dilué et ne pose aucun problème. Toutefois, dans les espaces clos, comme les immeubles, il peut atteindre des concentrations élevées et entraîner un risque pour la santé. Dans les régions géographiques où le radon est présent, celui-ci peut s'infiltrer dans un immeuble par toutes les ouvertures en contact avec le sol : les fissures dans les murs et les planchers de fondation, les joints de construction, les espaces autour des tuyaux de branchement, les montants de support, les cadres de fenêtre, les siphons de sol, les puisards et les cavités dans les murs (Santé Canada, 2021e).
Effets sur la santé
L'exposition au radon est la première cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs. On estime que 16 % des cancers du poumon sont dus à une exposition au radon, ce qui entraîne plus de 3 000 décès par cancer du poumon au Canada chaque année. Les personnes qui fument et qui sont exposées au radon ont un risque encore plus élevé de cancer du poumon.
Le radon pose un risque pour la santé à long terme, mais pas dans l'immédiat. Plus l'exposition à des concentrations élevées de radon est longue, plus le risque est élevé (Santé Canada, 2019b).
Limites
La ligne directrice d'exposition établie par Santé Canada (2020) pour le radon dans les bâtiments publics est de 200 Bq/m3.
Gestion du problème
Pour savoir si le radon est présent dans un bâtiment, il faut effectuer un test de mesure des concentrations de radon. Les concentrations de radon à l'intérieur doivent être mesurées à long terme, par l'entremise d'un échantillonnage d'au moins 3 mois, de préférence pendant les mois d'hiver. Les dispositifs de mesure du radon recommandés par Santé Canada sont à privilégier (Santé Canada, 2021e).
Santé Canada, en collaboration avec des experts dans le domaine de l'atténuation du radon, a élaboré un guide qui fournit aux entrepreneurs en construction professionnels (qualifiés) des renseignements sur les techniques permettant de réduire les concentrations de radon dans les bâtiments en contact avec le sol. Veuillez consulter le guide Réduire les concentrations de radon dans les maisons existantes : Guide canadien à l'usage des entrepreneurs professionnels (Santé Canada, 2010).
Si du radon est détecté dans le bâtiment, les milieux de travail doivent :
- augmenter la ventilation
- colmater les principales voies d'entrée d'air dans le sous-sol ou les fondations
- assurer un suivi au moyen d'une analyse du radon et de mesures correctives supplémentaires, si nécessaire
Échantillonnage ou surveillance des polluants dans l'air intérieur
L'échantillonnage de l'air consiste à utiliser un équipement spécialisé pour déterminer la concentration d'un contaminant dans l'air.
Dans la plupart des cas, les seuls contaminants qui doivent être échantillonnés ou surveillés de façon constante dans les immeubles de bureaux et autres environnements intérieurs sont le radon et le monoxyde de carbone.
L'échantillonnage d'autres polluants dans l'air intérieur doit être effectué par un professionnel qualifié. L'échantillonnage de l'air peut être complexe et coûteux et peut générer des résultats difficiles à interpréter. Il convient donc de bien réfléchir à la nécessité de mesurer certaines concentrations de polluants atmosphériques pour étayer une évaluation ou une enquête portant sur la QAI. Dans certains cas, l'échantillonnage peut être nécessaire pour des raisons de conformité réglementaire ou pour aider à mieux définir le problème.
Les méthodes d'échantillonnage sont définies spécifiquement par des organismes tels que le NIOSH et l'US Environmental Protection Agency. Il faut les suivre scrupuleusement pour s'assurer de la validité des résultats.
But de l'échantillonnage
Bien que l'échantillonnage soit pertinent dans certaines applications, dans la plupart des cas, l'accent doit être mis sur la détermination des sources et l'amélioration de la ventilation.
L'échantillonnage de l'air peut être utilisé pour :
- établir des mesures de référence
- confirmer qu'une méthode de contrôle a eu l'effet souhaité de réduction des concentrations
- mesurer l'existence de concentrations élevées de contaminants précis
Les résultats de l'échantillonnage de l'air sont interprétés et comparés aux limites d'exposition ou aux lignes directrices, lorsqu'elles sont disponibles.
Limites de l'échantillonnage et résultats d'échantillonnage
L'air intérieur dépend d'un ensemble complexe de composants et de facteurs. On ne peut établir facilement, à l'aide d'une seule mesure ou d'un seul facteur simple, si la qualité de l'air intérieur est acceptable.
La plupart des méthodes d'échantillonnage sont conçues pour détecter un contaminant particulier seulement. Il est nécessaire de connaître les contaminants susceptibles d'être présents avant de commencer les analyses afin de s'assurer que la bonne méthode est utilisée.
De nombreux contaminants de l'air intérieur sont présents à de très faibles concentrations. La méthode d'échantillonnage choisie peut ne pas être suffisamment sensible pour détecter avec précision le contaminant d'intérêt, s'il est présent à une concentration inférieure à la limite de détection. De plus, un grand nombre de contaminants peuvent faire l'objet d'un échantillonnage. Il n'est pas toujours évident de connaître les contaminants à échantillonner et, pour la plupart d'entre eux, il n'existe pas de lignes directrices ou de normes permettant d'interpréter facilement les résultats. Il est possible que l'échantillonnage ou la surveillance de l'air dans le cadre d'une enquête sur une plainte indique qu'il n'y a pas de problèmes de QAI, même si les occupants signalent des effets sur la santé qu'ils attribuent à une mauvaise QAI. L'échantillonnage et la surveillance de l'air, même lorsqu'un professionnel effectue le travail et en interprète les résultats, ne peuvent servir à confirmer ou à exclure définitivement la QAI comme cause des effets néfastes sur la santé des occupants.
Moment auquel procéder à un échantillonnage
De nombreux problèmes liés à la qualité de l'air intérieur peuvent être résolus sans qu'il soit nécessaire de recourir à un échantillonnage de l'air. Dans la plupart des cas, il peut s'avérer plus instructif, plus économique et plus rentable de déterminer les sources potentielles de contamination de l'air intérieur et de prendre des mesures pour réduire ces sources que d'analyser l'air.
Afin de déterminer l'utilité ou la nécessité d'un éventuel échantillonnage, on examinera au préalable l'information tirée des visites, des évaluations, des sondages auprès des occupants, des inspections du bâtiment et des examens de journaux d'exploitation.
Méthodes d'échantillonnage
Tous les échantillonnages de l'air doivent être effectués par des professionnels qualifiés conformément à la législation applicable et à la méthode d'échantillonnage la plus récente. L'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) (2013) propose un Guide d'échantillonnage des contaminants de l'air en milieu de travail , qui constitue une ressource utile pour déterminer la méthode d'échantillonnage la plus appropriée au contaminant. Lorsque l'on choisit d'effectuer un échantillonnage de l'air, les points suivants peuvent aider à obtenir des résultats concrets :
- Choisir le ou les contaminants à mesurer.
- Utiliser l'équipement et les protocoles d'analyse convenant au contaminant à mesurer.
- Déterminer si la méthode d'échantillonnage fournira les résultats voulus avec une précision suffisante, et déterminer l'existence de valeurs de référence et la possibilité de les comparer de manière appropriée aux résultats.
- Déterminer l'emplacement, le moment et la durée du prélèvement d'échantillons afin d'obtenir des données représentatives et concrètes sur la QAI en tenant compte :
- des emplacements à échantillonner et des conditions d'échantillonnage représentant les activités/expositions des occupants, les tendances d'occupation, les zones dotées d'un système de ventilation, les débits de renouvellement d'air, les sources de contaminants (y compris l'air intérieur et extérieur) et les zones préoccupantes.
- du moment de la journée :
- On s'attend à ce que les concentrations des contaminants provenant de la structure du bâtiment ou du mobilier (par exemple, le formaldéhyde, les COV, la contamination microbienne potentielle) ou distribués par le système de ventilation soient élevées le matin si le système de ventilation est arrêté pendant la nuit ou la fin de semaine.
- Il est plus efficace d'analyser les contaminants produits par les occupants (par exemple, le CO2) ou par les activités des occupants (par exemple, l'utilisation de photocopieurs) pendant les heures de travail, éventuellement en fin de journée, lorsqu'une accumulation doit être prise en compte. Par conséquent, il est souvent recommandé de procéder à un échantillonnage continu du CO2 au cours d'une journée d'occupation normale ou dans les salles de réunion dont la ventilation peut être insuffisante.
- de la période de l'année :
- La température et l'humidité peuvent faire varier les concentrations de polluants dans l'air intérieur. Envisager de prendre des mesures sur plusieurs saisons, si possible. Comparer les périodes de l'année où l'air extérieur peut être très froid et sec, ou chaud et humide.
- Les concentrations de dioxyde de carbone peuvent également être plus élevées lorsque l'apport d'air extérieur est très faible, par exemple pendant les périodes de froid extrême ou les épisodes de chaleur extrême, ou lorsque la qualité de l'air extérieur est mauvaise (par exemple, en raison de la fumée de feux de forêt ou du smog).
- selon le contaminant, la durée de l'échantillonnage peut varier (« échantillons instantanés », échantillonnage s'étalant sur plusieurs heures ou jours) et correspondre à une exposition moyenne ou au scénario le plus défavorable. Cet aspect doit être déterminé en fonction de la méthode d'échantillonnage pour chaque polluant. Il s'agit d'un élément important à considérer si l'on a l'intention de comparer les résultats avec les valeurs de référence existantes.
- Il est important de comprendre les limites de chaque échantillonnage (emplacement, moment, durée, méthode) et ce que les résultats indiquent et n'indiquent pas.
Un hygiéniste du travail, ou une autre personne qualifiée, élaborera une stratégie d'échantillonnage (si nécessaire) en collaboration avec l'employeur et les occupants afin de déterminer la meilleure méthode d'échantillonnage. Lorsque les ressources et les appareils appropriés sont disponibles à l'interne, ils peuvent être utilisées pour effectuer l'échantillonnage. Toutefois, il convient de faire appel à des consultants et des ressources externes, s'il y a lieu.
Il convient d'informer les occupants qui travaillent dans la zone visée par l'échantillonnage avant que celui-ci ne soit effectué. Il est important que les travailleurs coopèrent à l'échantillonnage et ne contaminent pas, intentionnellement ou non, les échantillons prélevés. La personne chargée de l'échantillonnage doit observer et surveiller l'équipement ou prévenir toute manipulation impropre pendant la période d'échantillonnage, afin de garantir son bon fonctionnement et l'absence d'altération.
Pour les techniques d'échantillonnage qui nécessitent des analyses en laboratoire externe, on devrait faire appel uniquement aux laboratoires qui suivent un programme reconnu d'accréditation des laboratoires, comme le National Voluntary Laboratory Accreditation Program (NVLAP), l'American Industrial Hygiene Association Laboratory Accreditation Programs (AIHA-LAP) ou l'Association canadienne des laboratoires d'analyse environnementale (ACLAE). Le laboratoire doit être certifié pour les différents paramètres à analyser, et des procédures appropriées de chaîne de possession doivent être suivies.
Paramètres et appareils d'échantillonnage
Il n'existe pas de méthode ou d'appareil unique permettant d'obtenir une indication de la qualité de l'air intérieur. Tous les appareils doivent être entretenus, étalonnés et réparés conformément aux instructions du fabricant.
La section suivante présente certains paramètres d'échantillonnage et les appareils de mesure disponibles. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive de toutes les technologies d'échantillonnage de l'air destinées aux applications de QAI. Elle présente quelques techniques de mesure disponibles pour évaluer les contaminants contenus dans l'air intérieur.
Humidité
- Psychromètres : Mesure l'humidité relative en utilisant la différence de température entre 2 thermomètres, dont l'un est mouillé, puis refroidi par l'air. Disponible sous forme d'appareil à élingue ou motorisé.
- Hygromètres : Utilise un capteur pour mesurer la résistance ou la capacité en fonction de la variation de l'humidité.
Déplacement de l'air
- Tubes de fumée : Un diffuseur de fumée produit une vapeur visible qui peut indiquer le déplacement de l'air (comme la direction et la vitesse). Ils ne sont généralement pas utilisés dans les bâtiments occupés pour éviter d'exposer les occupants à la fumée.
- Anémomètres thermiques : Les capteurs fournissent une lecture directe de la vitesse de l'air.
- Indicateurs de confort thermique (environnemental) : Les capteurs mesurent la température radiante, la température de l'air, l'humidité et le déplacement de l'air.
Divers gaz
- Moniteurs à lecture directe : Ils emploient une variété de technologies et de propriétés chimiques propres à chaque composé. Certains moniteurs de gaz peuvent intégrer une pompe à air ou s'appuyer sur la diffusion passive du gaz à travers un capteur.
- Tubes à lecture directe : Une pompe manuelle permet d'aspirer l'air dans un tube de verre rempli d'un composé spécifique. La longueur de la tache de couleur que produit le composé indique la concentration du contaminant qu'il vise à mesurer. Ils sont moins couramment utilisés dans les bureaux et sont plus adaptés à la mesure des concentrations de contaminants élevées dans les environnements industriels.
- Tubes/réservoirs d'échantillonnage : Peuvent être passifs ou utilisés avec une pompe d'échantillonnage pour prélever un volume défini d'air passé à travers un matériau adsorbant/réactif et analysé chimiquement. Les résultats permettent de calculer la concentration sur une période définie, allant de quelques minutes à plusieurs jours et dans certains cas à plusieurs mois, selon le paramètre et la méthode d'échantillonnage.
Particules
- Moniteurs à résonance piézoélectrique : L'air passe par une entrée de taille sélective et les particules sont mesurées de manière électrostatique par un capteur. Les variations de la fréquence d'oscillation sont liées à la masse des particules et produisent une valeur de mesure.
- Dispositifs optiques : Les capteurs mesurent l'air lorsqu'il passe dans une cellule optique par une entrée de taille sélective. La présence des particules entraîne une diffusion de la lumière. Cette mesure est liée à la concentration des particules.
- Méthodes gravimétriques : Utilisation de filtres et de pompes d'échantillonnage qui aspirent un volume d'air mesuré à travers le filtre. Le poids des particules capturées sur les filtres peut être mesuré comme un niveau de concentration de la particule. Le filtre est envoyé à un laboratoire pour analyse. Ces méthodes sont le plus souvent utilisées dans les études de recherche et les environnements industriels ou de construction.
Composés organiques volatils
- Tubes à lecture directe : Une pompe manuelle permet d'aspirer l'air dans un tube de verre rempli d'un composé spécifique. La longueur de la tache de couleur que produit le composé indique la concentration du contaminant cible qu'il vise à mesurer.
- Badges à diffusion passive : Utilisent du charbon de bois ou un autre support comme adsorbant. La période d'échantillonnage peut s'étendre de 8 heures à 1 semaine. Le badge est envoyé à un laboratoire pour analyse.
- Sorption active/analyse chimique : utilise des tubes remplis d'un sorbant qui piège les COV lorsque l'air est pompé dans les tubes. Une analyse par un laboratoire est nécessaire.
- Réservoirs sous vide : Des régulateurs de débit permettent à l'air de pénétrer lentement dans un réservoir en acier inoxydable. Les COV sont ensuite séparés par chromatographie en phase gazeuse et mesurés à l'aide de détecteurs sélectifs de masse ou de techniques faisant appel à de multiples détecteurs.
- Instruments à lecture directe : Les instruments tels que les détecteurs à photo-ionisation, à ionisation de flamme et à infrarouge fournissent des concentrations totales de COV ou des données spécifiques selon l'instrument. Un chromatographe en phase gazeuse couplé à un spectromètre de masse (CG-MS) portable fournit des données spécifiques sur les COV. Les instruments peuvent être déployés sur place, soit directement sur le lieu d'échantillonnage, soit indirectement par la collecte d'échantillons instantanés (sacs Tedlar, par exemple) prélevés sur place et analysés hors site.
Microbes
Bien qu'il existe des méthodes de mesure à cette fin, Santé Canada et le NIOSH ne recommandent pas de détecter les moisissures en suspension dans l'air. Veuillez consulter la section Moisissures pour en savoir plus.
Les résultats de l'échantillonnage des moisissures ne sont pas non plus pertinents dans la décision de résoudre un problème d'humidité et de moisissures présentes en milieu de travail, car il faut remédier à ce problème indépendamment de l'espèce ou du type de moisissure présente. Il faut procéder à une inspection approfondie du bâtiment, combinée à une intervention précoce et à des mesures correctives.
Un échantillonnage peut être nécessaire dans les situations où l'on soupçonne la présence de moisissures, lorsqu'une inspection approfondie n'a pu en révéler la source.
L'échantillonnage des moisissures permettrait de déterminer s'il y a une amplification des moisissures dans le bâtiment, ce qui serait le signe d'une source de moisissures nécessitant un travail d'assainissement. Les principes directeurs permettant de déterminer s'il y a amplification des moisissures dans un bâtiment sont décrits dans la 2e édition de la publication Recognition, Evaluation, and Control of Indoor Mold (en anglais seulement) de l'American Industrial Hygiene Association (AIHA, 2020, officieusement appelée « The Green Book »). Une interprétation juste requiert une formation adéquate et une expérience approfondie.
Si un échantillonnage est effectué pour déceler une contamination microbienne, le prélèvement d'un échantillon simultané à l'extérieur est toujours exigé, sauf en hiver lorsque le sol est recouvert de neige. Un échantillon peut également être prélevé dans une zone que l'on pense être exempte de moisissures (par exemple, à l'écart de la zone de contamination présumée), puis un autre échantillon sera prélevé dans la zone potentiellement contaminée.
- Échantillonnage de l'air visant les microorganismes viables : Un échantillon d'air est prélevé pour déterminer le nombre d'unités formant des colonies par mètre cube (UFC/m3). Les spores sont recueillies sur un milieu de croissance approprié pour les types de moisissures ou de bactéries d'intérêt, puis envoyées à un laboratoire qualifié et cultivées dans les conditions appropriées. Cette méthode présente l'inconvénient de délais d'exécution en laboratoire nettement plus longs que pour les organismes non viables (prélèvement par piège à spores), compte tenu des 7 à 14 jours nécessaires à la mise en culture des échantillons. En comparaison, l'échantillon prélevé par piège à spores peut être analysé au microscope par un laboratoire qualifié dans les heures qui suivent le prélèvement (AIHA, 2019).
- Échantillonnage visant les microorganismes non viables en suspension dans l'air : L'air est aspiré à travers une cassette et percute une surface collante, qui est analysée au microscope afin d'y déceler des moisissures, des fibres et d'autres matières biologiques, les moisissures étant identifiées au niveau du genre (AIHA, 2019).
- Prélèvement d'échantillons sur ruban adhésif : Les spores sont recueillies et une analyse par microscopie optique est réalisée afin de repérer des moisissures, des fibres et d'autres matières biologiques. Cette méthode permet de mettre en évidence la densité des moisissures sur une surface. Toutefois, elle ne serait utile que pour déterminer, en cas de doute, si la contamination observée est constituée de moisissures ou de saletés. Un enquêteur qualifié peut généralement le déterminer sans avoir besoin de prélever des échantillons sur ruban adhésif ou en vrac.
Résultats d'échantillonnage
Tous les résultats d'échantillonnage doivent être conservés dans les documents et registres du milieu de travail. Les données comprennent les résultats de laboratoire, les registres d'étalonnage, les rapports de consultants et les registres des employés.
Une fois que les résultats reçus du laboratoire sont interprétés, la concentration du contaminant peut être comparée aux limites d'exposition pour la santé humaine, le cas échéant. Il convient de noter que de nombreuses limites d'exposition pour la santé humaine, en ce qui concerne les contaminants dans l'air intérieur, sont calculées sur la base d'une exposition chronique (ou à vie). Elles ne peuvent donc pas être utilisées pour comparer un seul échantillon ou plusieurs échantillons prélevés sur une courte période. En outre, les limites d'exposition pour la santé humaine ne constituent pas un seuil définitif pour déterminer la sécurité d'un environnement intérieur. Comparer les concentrations avec les limites d'exposition serait plutôt utile pour aider à déterminer l'existence d'une source importante d'un contaminant et le besoin potentiel de stratégies d'atténuation pour réduire l'exposition à ce dernier. Toutes les concentrations de contaminants doivent être maintenues aux niveaux les plus faibles qu'il soit possible d'atteindre.
Comme l'indique la section Composés organiques volatils, chaque COV a sa propre toxicité inhérente. Par conséquent, une mesure des COV totaux (souvent appelée COVT), qui n'indique pas les COV inclus dans la mesure ni leurs concentrations, ne peut pas être utilisée pour évaluer directement le risque que pose pour la santé l'exposition aux COV présents dans l'air intérieur au moment de l'échantillonnage.
L'interprétation des résultats de la surveillance pour indiquer un niveau d'exposition acceptable sera basée sur les pratiques reconnues en matière de santé au travail et le jugement professionnel. Lorsqu'il n'existe pas de lignes directrices, on fera appel à d'autres normes reconnues et au jugement professionnel pour déterminer à quel moment la mise en œuvre de mesures de contrôle des risques est nécessaire. Il est toujours possible de formuler des recommandations de mesures de contrôle pour assurer le confort des travailleurs et répondre aux exigences de diligence raisonnable.
Tous les résultats de l'échantillonnage doivent être communiqués à l'employeur, à l'équipe de résolution, au représentant du comité de santé et de sécurité, au superviseur et aux occupants.
Il convient de désigner une personne responsable du suivi et des mesures correctives.
Mesures de contrôle
Les mesures de contrôle doivent être élaborées et mises en œuvre sur la base des résultats de la surveillance et des données provenant des observations sur le terrain, des inspections, etc. Toutes les recommandations doivent tenir compte des conseils fournis dans les sections Prise de mesures et Contaminants particuliers relativement aux mesures de contrôle.
La communication avec les occupants du bâtiment est importante au moment de mettre en œuvre des mesures de contrôle. Les occupants peuvent informer l'employeur s'ils constatent que les mesures de contrôle sont défaillantes ou si un nouveau problème survient.
Évaluation
L'évaluation des mesures de contrôle peut comprendre une surveillance périodique, programmée et continue. Pour évaluer l'efficacité d'une mesure de contrôle, des évaluations supplémentaires de l'exposition peuvent être nécessaires. Cette étape peut inclure un nouvel échantillonnage ou une visite et une évaluation de suivi. Une rétroaction des occupants du bâtiment peut également être nécessaire pour déterminer si les mesures de contrôle sont efficaces ou si elles doivent être modifiées.
Il incombe au responsable de l'immeuble ou à l'employeur de s'assurer que des mesures de contrôle des risques sont en place et qu'elles sont efficaces.
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