Guide de prévention des ITSS: Prévention biomédical

Dernière mise à jour partielle du contenu : Novembre 2025

Cette page a été créé en novembre 2025.

Le contenu liées à la vaccination et à la prophylaxie pré- et post-exposition au VIH (PPrE au VIH et PPE au VIH) a été transféré de la page « Gestion des ITSS ». Les hyperliens sur cette page ont été mises à jour.

Les informations sur la doxycycline pour la prévention de la chlamydia, de la gonorrhée et de la syphilis ont été ajoutées.

Ces changements sont détaillé dans le tableau « Changement/Mises à jour des guides ».

Sur cette page

• Vaccination
• Médicaments antirétroviraux prophylactiques pour prévenir le VIH
  • PPrE au VIH
  • PPE au VIH
• Doxycycline prophylactique pour la prévention de la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis
  • Doxy-PPE
  • Doxy-PPrE
• Références

Vaccination

Offrir la vaccination contre le virus de l'hépatite A (VHA), le virus de l'hépatite B (VHB), le virus du papillome humain (VPH), et le virus du monkeypox (dénommé MPXV) aux personnes à risque d'acquérir ces infections, conformément au Guide canadien d'immunisation. Pour plus d'informations, consulter les calendriers de vaccination des provinces ou territoires :

• Calendrier de vaccination pour les nourrissons et les enfants
• Calendrier de vaccination pour les adultes

Médicaments antirétroviraux prophylactiques pour prévenir le VIH

L'utilisation de médicaments antirétroviraux dans le cadre d'une approche globale de prévention du VIH est un domaine en évolution, avec l'émergence de nouvelles données probantes. Consulter les lignes directrices canadiennes, provinciales ou territoriales pour obtenir de l'information sur les indications de la prophylaxie pré- et post- exposition au VIH (PPrE au VIH et PPE au VIH respectivement), les tests de référence et de suivi recommandés, ainsi que les informations relatifs à la prescription. Consulter le formulaire pharmaceutique pertinent pour connaître la couverture.

PPrE au VIH

La PPrE au VIH est l'utilisation de médicaments antirétroviraux par des personnes séronégatives, mais qui présentent un risque élevé d'exposition au VIH, pour prévenir l'infection par le VIH^{Note de bas de page 1}. La prise de médicaments antirétroviraux avant l'exposition interrompt la capacité du VIH à se reproduire dans le corps et empêche ainsi une infection. L'utilisation correcte et régulière de la PPrE au VIH est une stratégie très efficace pour prévenir le VIH.

Offrir la PPrE au VIH aux personnes à risque élevé d'infection par le VIH dans le cadre d'une stratégie de prévention combinée comprenant le dépistage régulier des ITSS ainsi que le counseling sur l'observance et la réduction des risques.

PPE au VIH

La PPE au VIH est la prise de médicaments antirétroviraux par des personnes séronégatives afin de réduire le risque d'acquérir le VIH à la suite d'une exposition à risque élevé. La PPE du VIH devrait être initiée dès que possible, dans les 72 heures suivant une exposition. L'observance est essentielle pour optimiser l'efficacité^{Note de bas de page 1}.

Le statut sérologique de base pour le VIH devrait être établi lorsque la PPE au VIH est envisagée.

La PPE au VIH n'est pas destinée aux personnes ayant des expositions répétées au VIH et ne doit pas remplacer d'autres stratégies de prévention très efficaces, telles que l'utilisation de condoms et la PPrE au VIH^{Note de bas de page 1}.

Doxycycline prophylactique pour la prévention de la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis

Des données probantes émergent concernant l'utilisation de l'antibiotique doxycycline comme prophylaxie pré- ou post- exposition pour prévenir les infections à chlamydia, gonorrhée et syphilis.

Présentement les études cliniques publiées sont largement concentrées sur la prophylaxie post-exposition par la doxycycline (Doxy-PPE), la plupart de ces études ont été menées auprès des hommes cisgenres gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (GBHARSAH) et de femmes transgenres^{Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7}. Chez les hommes cisgenres GBHARSAH et les femmes transgenres, le Doxy-PPE a permis de prévenir les infections à chlamydia et à syphilis, et, dans certains cas, à gonorrhée, sur une période de 12 à 18 mois^{Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 6Note de bas de page 7}. Ces résultats indiquent que le Doxy-PPE pourrait réduire les taux disproportionnés d'infections.

Lorsqu'on examine le rôle des antibiotiques prophylactiques, il est essentiel de reconnaitre que la prévention et la prise en charge des infections à chlamydia, gonorrhée et syphilis s'inscrivent dans un contexte d'utilisation des antimicrobiens (UAM) et de résistance aux antimicrobiens (RAM) plus large.

Les agents pathogènes résistants aux médicaments, y compris ceux qui présentent une co-résistance à la tétracycline, touchent de manière disproportionnée les GBHARSAH (par exemple, Neisseria gonorrheae multirésistante [MR], Shigella ultrarésistante [UR])^{Note de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10}. L'utilisation d'antimicrobiens de la classe des tétracyclines, tels que la doxycycline, crée une pression de sélection de la RAM, et l'utilisation généralisée de la Doxy-PPE peut entraîner l'accélération de la RAM et de la MR chez les ITS bactériennes et d'autres organismes (par exemple, Staphylococcus aureus)^{Note de bas de page 4Note de bas de page 7Note de bas de page 11}.

Au Canada, les taux de résistance à la tétracycline dans les cas de gonorrhée sont très élevés. En 2023, 47,3 % des cas de gonorrhée inclus dans le système de surveillance accrue de la résistance de la gonorrhée aux antimicrobiens (SARGA) présentaient une résistance à la tétracycline. Parmi les cas de gonorrhée identifiés comme GBHARSAH, 56,7 % présentaient une résistance à la tétracycline^{Note de bas de page 9}. Dans ce contexte, l'efficacité de la Doxy-PPE pour la prévention de la gonorrhée devrait être limiter par rapport à celui de la chlamydia et de la syphilis. La durabilité de tout avantage dépendra fortement de l'évolution de la RAM.

Doxy-PPE

La prophylaxie pré-exposition par la doxycycline (Doxy-PPE) consiste d' une dose unique de 200 mg de doxycycline par voie orale après une relation sexuel sans condom afin de prévenir la chlamydia, la syphilis et possiblement la gonorrhée.

Recommandations sur l'utilisation du Doxy-PPE pour la prévention des ITS bactériennes

Doxy-PPE pour les hommes cisgenres GBHARSAH et les femmes transgenres

Envisager d'offrir la Doxy-PPE (200 mg par voie orale, à prendre dans les 72 heures suivant l'exposition) aux hommes cisgenres GBHARSAH ainsi qu'aux femmes transgenres présentant un risque accru d'ITS bactériennes, dans le cadre de services complets de prévention contre les ITSS, afin de réduire le risque de syphilis, de chlamydia et possiblement de gonorrhée^{Note de bas de page 12}.

Remarques :

• Il n'existe actuellement aucune définition consensuelle de la notion de « risque accru ». Parmi les comportements susceptibles d'augmenter le risque d'ITS bactérienne chez un individu, on peut citer, sans s'y limiter, les éléments suivants:
  • ITS bactérienne(s) récente(s),
  • les personnes ayant eu 10 partenaires ou plus au cours des 6 derniers mois ou ayant eu des relations sexuelles sans condom avec plusieurs partenaires,
  • les personnes pratiquant le « chemsex » (consommation de stimulants pendant les relations sexuelles, par exemple la méthamphétamine), et
  • les personnes ayant des relations sexuelles en groupe.
• Il est conseillé aux utilisateurs de ne pas prendre plus d'une dose (200 mg) par période de 24 heures.
• Afin de minimiser l'utilisation d'antimicrobiens, si un utilisateur de Doxy-PPE a plusieurs partenaires sexuels pendant une période de 2 à 3 jours consécutifs (par exemple, un fin de semaine), une dose unique de 200 mg de Doxy-PPE prise à la fin de la période de 72 heures (par exemple, le lundi matin après la fin de semaine) devrait couvrir adéquatement leur risque d'ITS.
• L'utilisation de Doxy-PPE doit être réévaluée tous les 3 à 6 mois, car le risque individuel peut évoluer avec le temps.
• Les cliniciens doivent suivre les recommandations existantes en matière de dépistage des ITS. La fréquence optimale du dépistage des ITS chez les personnes prenant Doxy-PPE n'est pas connue. Le CCN-ITSS suggère un dépistage d'exclusion ou « opt-out » de la syphilis, de la chlamydia et de la gonorrhée aussi fréquemment que tous les 3 mois lorsque les groupes de population et/ou les communautés à forte prévalence de syphilis (et d'autres ITSS) sont pris en charge, y compris les GBHARSAH. Consulter les guides pour la Chlamydia (y compris le lymphogranulome vénérien), la Gonorrhée et la Syphilis pour plus de détails.
• Compte tenu des préoccupations liées à la résistance aux antimicrobiens, lors du dépistage de la NG, il existe plusieurs scenarios dans lesquels des échantillons doivent être prélevés à la fois pour la culture et pour le TAAN, notamment chez les personnes présentant des symptômes et lors de l'évaluation des contacts avec des cas de la NG. Pour les personnes chez lesquelles la NG est diagnostiquée à partir d'échantillons prélevés par TAAN uniquement, prélever un échantillon pour culture avant d'administrer le traitement, à condition que cela ne retarde pas le traitement. Les tests de sensibilité à la tétracycline effectués de manière systématique par les laboratoires permettent de surveiller la résistance à la tétracycline dans la gonorrhée. Consulter le guide pour la Gonorrhée pour plus de détails.
• L'utilisation de la doxycycline comme prophylaxie contre les ITS bactériennes est une utilisation hors indications.

Conseil sur les risques pour une prise de décision partagée

Afin d'éclairer la prise de décision clinique partagée concernant l'utilisation de la Doxy-PPE, discuter les risques de résistance aux antimicrobiens au niveau individuel, communautaire (p. ex. GBHARSAH) et populationnelle avec les personnes envisageant cette intervention^{Note de bas de page 12}.

Remarques :

Les cliniciens sont conseillé de discuter les éléments suivants avec les personnes prenant la Doxy-PPE :

• Les données probantes soulèvent des préoccupations quant au potentiel de la Doxy-PPE à contribuer à l'accélération de la résistance à la tétracycline chez la NG et indiquent que tout bénéfice initial en matière de prévention pourrait ne pas être maintenu à long terme.
• À l'échelle mondiale, une utilisation élevée d'antimicrobiens chez les GBHARSAH a été associée à une charge disproportionnée de pathogènes émergents et circulants résistants aux antimicrobiens. Une attention particulière doit donc être portée à l'utilisation prudente des antimicrobiens au sein de cette population.
• À ce jour, la résistance à la tétracycline n'a été documentée chez l'humain pour Chlamydia trachomatis et Treponema pallidum sous-espèce pallidum, bien que ce dernier ait développé une résistance à d'autres classes d'antibiotiques.
• L'utilisation de Doxy-PPE pourrait être associée à une augmentation des taux de résistance à la tétracycline chez le Staphylococcus aureus.
• Les cliniciens doivent informer leurs patients que seule la doxycycline (sous forme de Doxy-PPE) a été prouvée efficace pour la prévention des ITS bactériennes. Il n'est pas recommandé d'utiliser d'autres classes d'antibiotiques à titre prophylactique pour la prévention des ITS.

Doxy-PPrE

Plusieurs études sont en cours afin d'évaluer l'efficacité et l'innocuité de l'utilisation quotidienne de la doxycycline par voie orale à titre de prophylaxie pré-exposition (Doxy-PPrE) pour prévenir les ITS bactériennes. L'ASPC et le CCN-ITSS surveillent la situation de près et formuleront des recommandations sur l'utilisation de la Doxy-PPrE, le cas échéant.

Ressources supplémentaires

• Résistance et recours aux antimicrobiens au Canada : cadre d'action fédéral
• Tableau de bord : Surveillance accrue de la résistance de la gonorrhée aux antimicrobiens (SARGA)