Utilisation et interprétation des données de l’Inventaire national des rejets de polluants

Remarque

Les données révisées de l’INRP pour 2023 sont maintenant disponibles sur notre page Explorer les données, le Tableau de bord de l'INRP et l'Outil de recherche des données de l'INRP.

Pour obtenir une assistance technique afin d’accéder aux données, veuillez nous écrire à inrp-npri@ec.gc.ca.

Vue d’ensemble

Chaque année, plus de 7 000 installations à travers le Canada doivent déclarer les polluants qu’elles rejettent et éliminent à l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP). Ces renseignements aident le gouvernement à établir les priorités en matière d’environnement et à surveiller la performance environnementale. Ceux-ci vous permettent également d’en apprendre davantage sur la pollution dans votre voisinage.

Les données sont publiées annuellement par l'entremise des produits suivants :

Ce guide présente un bref survol de l’INRP et explique comment utiliser et interpréter ses données.

À propos de l’INRP

Créé en 1993, l’INRP recueille des données sur les rejets, les éliminations et les transferts de plus de 300 substances.

Les rejets désignent les déversements directs de polluants dans l’environnement (air, eau, sol).

Les éliminations représentent la gestion des substances sur place ou hors site pour limiter leurs rejets dans l’environnement. L’enfouissement, l’épandage et l’injection souterraine en font partie.

Les transferts représentent l’envoi de substances vers d’autres sites aux fins de recyclage, de récupération d’énergie ou de traitement avant l’élimination finale.

La figure 1 fournit plus d’informations sur les types de rejets, d’éliminations et de transferts qui font l'objet d'un suivi.

Figure 1. Catégories déclarables à l’INRP
Description longue

L’INRP suit quatre grandes catégories de rejets, d’éliminations et de transferts.

  1. Les rejets sur place comprennent :
    1. dans l’air
      • les rejets de cheminées ou les rejets ponctuels
      • les rejets associés au stockage ou à la manutention
      • les rejets fugitifs
      • les déversements
      • la poussière de route
      • les autres rejets diffus
    2. dans les eaux de surface
      • les rejets directs
      • les déversements
      • les fuites
    3. au sol
      • les déversements
      • les fuites
      • les autres rejets au sol qui ne sont pas des éliminations
  2. Les éliminations sur place comprennent :
    1. l’enfouissement
    2. l’épandage
    3. l’injection souterraine
    4. les résidus miniers et les stériles
  3. Les transferts hors site pour traitement et élimination comprennent :
    1. le traitement avant l’élimination finale
      • physique
      • chimique
      • biologique
      • l’incinération ou les procédés thermiques, sans récupération d’énergie
      • dans une usine municipale d’épuration des eaux usées
    2. l’élimination hors site
      • l’enfouissement
      • l’épandage
      • l’injection souterraine
      • le stockage hors site avant l’élimination finale
      • les résidus miniers et les stériles
  4. Les transferts hors site pour recyclage comprennent :
    1. la récupération d’énergie
    2. la récupération de solvants
    3. la récupération de substances organiques (autres que des solvants)
    4. la récupération de métaux et composés métalliques
    5. la récupération de matières inorganiques (autres que des métaux)
    6. la récupération d’acides ou de bases
    7. la récupération de catalyseurs
    8. la récupération de résidus de dépollution
    9. le raffinage ou la réutilisation d’huiles usées
    10. les autres activités de récupération, de réutilisation ou de recyclage

Exigences de déclaration

Les installations doivent déclarer à l’INRP si elles remplissent les conditions suivantes : 

  • Les employés travaillent plus de 20 000 heures par an (environ 10 employés à temps plein); ou
  • L’installation exerce des activités spécifiques sur place (telles que l’incinération, la préservation du bois ou le traitement des eaux usées); et
  • L’installation fabrique, traite, utilise ou rejette des substances inscrites à l’INRP au-delà de leur seuil de déclaration.

L’INRP ne recueille pas d’information sur les sources de pollution suivantes :

  • les sources naturelles, tels les feux de forêt
  • les sources diffuses, telle l’agriculture
  • les sources mobiles, tels les véhicules et les aéronefs
  • la pollution transfrontalière, telle celle de pays voisins

L’INRP ne recueille pas d’information sur les substances suivantes :

  • celles qui sont interdites ou ne sont pas disponibles au Canada;
  • celles qui sont suivies par d’autres inventaires (comme les gaz à effet de serre);
  • celles qui ne sont pas admissibles pour être ajoutées à la liste de l’INRP.

Pour en savoir plus sur les exigences de déclaration et les seuils des substances, veuillez consulter le guide de déclaration à l’INRP.

Évolution de l’INRP

Depuis sa création, l’INRP a régulièrement ajouté et retiré des substances, abaissé les seuils de déclaration et supprimé certaines exemptions. Ces changements permettent de recueillir des renseignements plus complets et pertinents sur les polluants.

La figure 2 illustre l’impact de ces changements sur le nombre d’installations déclarantes. Par exemple, l’ajout des sept principaux contaminants atmosphériques en 2002 et l’inclusion des installations pétrolières et gazières en 2003 ont fait tripler ce nombre.

Figure 2. Changements sélectionnés à l’Inventaire national des rejets de polluants, 1993–2023
Description longue

Description du graphique :

  • axe des X : année de déclaration, de 1993 à 2023
  • axe des Y de gauche : nombre de substances de l’INRP, variant de 0 à 400, représenté par une ligne rouge continue
  • axe des Y de droite : nombre d’installations soumettant une déclaration à l’INRP, variant de 0 à 10 000, représenté par une ligne pointillée bleue 

Le graphique montre une augmentation globale des installations déclarantes et des substances de l’INRP :

  • en 1993, l’INRP répertoriait 178 substances. En tout, 1 388 installations ont produit une déclaration la première année
  • en 1999, 73 substances ont été ajoutées à la liste
  • l’ajout de sept principaux contaminants atmosphériques en 2002 et des installations pétrolières et gazières en 2003 a fait tripler le nombre d’installations qui sont tenues de produire une déclaration 
  • en 2023, l’INRP répertoriait plus de 300 substances. En tout, 7 579 installations ont produit une déclaration cette année-là

Il est essentiel de prendre en compte les changements apportés à l’INRP lors de l’analyse des données, car ils peuvent influencer les tendances annuelles et les comparaisons d’une année à l’autre. Apprenez-en sur les évolutions du programme et de la liste des substances.

Les obligations suivantes auront un impact sur les données de 2023 :

  • des substances ont été ajoutées à la liste de l’INRP
  • des substances ont été supprimées de la liste de l’INRP
  • des changements ont été apportés aux seuils de déclaration et des substances déjà inscrites

Autres sources de données

Si l’INRP ne couvre pas la substance ou source de pollution recherchée, vous pouvez consulter d’autres inventaires gouvernementaux comme : 

Utilisation de nos données

L’INRP contient une mine de renseignements. Cette section décrit nos produits de données et les éléments à considérer lors de leur analyse. 

Les données sont accessibles de diverses manières :

Modes d’analyse des données

L’analyse des données de l’INRP peut se faire à l’aide de plusieurs variables :

  • le temps (par année, par mois ou par trimestre)
  • la substance (numéro de registre du Chemical Abstracts Service [CAS] ou nom)
  • l’industrie (codes SCIAN)
  • le lieu (latitude et longitude, ville, province)
  • le type de rejet, d’élimination ou de transfert
  • le milieu environnemental (air, eau, sol)

Il est également possible d’étoffer votre analyse en y intégrant des renseignements complémentaires, tels que :

  • les renseignements sur l’entreprise et sur l’installation
  • les méthodes d’estimation
  • les activités qui sont menées à l’installation
  • les catégories de sources (par exemple, émissions fugitives, déversements, fuites)
  • les causes des changements des quantités déclarées
  • les commentaires (par exemple, changements des concentrations, changements des méthodes d’estimation)
  • de l’information sur les cheminées des installations
  • la destination des rejets dans l’eau ou des transferts
  • les plans et activités de prévention de la pollution
  • la composition des composés organiques volatils
  • la concentration des substances rejetées dans l’eau ou contenues dans les résidus miniers et les stériles
  • les renseignements sur les unités des centrales productrices d’électricité

Comment éviter les erreurs courantes

Utilisez des données vérifiées

Utilisez les données et les coordonnées (latitude, longitude) révisées de l’INRP, car elles peuvent différer de celles fournies par les installations. 

De juin à décembre, le site de recherche des données de l’INRP publie les données préliminaires non vérifiées, susceptibles de contenir des erreurs de déclaration. Les risques d’erreur diminuent après le contrôle de la qualité effectué par l’équipe de l’INRP en septembre, avec la publication des données révisées en décembre.

Les données des années précédentes peuvent aussi changer, car les installations peuvent corriger des erreurs ou améliorer leurs méthodes de calcul. Les déclarations tardives sont publiées l’année suivante. 

Comprenez ce que des données nulles et l’absence de données signifient

Plusieurs raisons expliquent pourquoi les installations peuvent déclarer des quantités nulles :

  • les critères de déclaration ont été atteints, mais la substance n’a été ni rejetée, ni éliminée, ni transférée
  • la valeur de la quantité mesurée ou estimée de la substance égale à zéro
  • la substance est un acide qui a été neutralisé (pH de 6,0 et plus) avant de quitter l'installation

Deux raisons expliquent pourquoi les installations peuvent déclarer ne pas avoir de données pour les dioxines, les furanes et l’hexachlorobenzène :

  1. si les critères de déclaration ont été atteints, mais qu’aucune donnée ou coefficient d’émission n’est disponible, elles doivent indiquer « Aucune information disponible » dans leurs méthodes d’estimation
  2. si la quantité mesurée est inférieure à la limite de dosage établie par Environnement et Changement climatique Canada, la déclaration est facultative

La limite de dosage s’entend de la concentration la plus faible d’une substance qui peut être mesurée avec exactitude au moyen de méthodes d’analyse et d’échantillonnage précises mais courantes. 

Faites attention aux unités de mesure

Les quantités déclarées peuvent être exprimées en différentes unités de mesure, même pour des substances semblables (comme les métaux) ou pour la même substance au fil du temps. Les unités suivantes sont utilisées dans l’INRP : 

  • la tonne
  • le kilogramme (kg)
  • le gramme (g)
  • le gramme d’équivalent toxique (g ET)

Pour les données exprimées en g ET, les installations déclarent d’abord en grammes (g). Ensuite, un facteur d’équivalence toxique est appliqué, soit un facteur de pondération qui exprime la toxicité d’une dioxine ou d’un furane par rapport au congénère le plus toxique, pour convertir la quantité déclarée en g ET. Actuellement, les facteurs internationaux d'équivalence de toxicité (ITEF) sont utilisés.

Évitez de compter deux ou trois fois les mêmes substances

Certaines substances constituent des sous-groupes d’autres substances inscrites à l’INRP, ce qui peut conduire à un double, voire un triple comptage dans l’analyse des données. La section suivante porte sur les divers cas de comptage en double de données de l’INRP.

Soufre réduit total

Le soufre réduit total (SRT) est un mélange gazeux de composés sulfurés. L’INRP ne suit que les 
rejets atmosphériques de ce soufre. L'INRP fait aussi le suivi de composés sulfurés faisant partie des sous-groupes du SRT :

  • le sulfure de carbonyle (COS)
  • le disulfure de carbone (CS2)
  • le sulfure d’hydrogène (H2S)

La figure 3 montre comment un double comptage peut survenir lorsqu’on additionne le SRT à ses.

Figure 3. Exemple de double comptage potentiel à l’aide de données sur le soufre réduit total
Description longue

La figure 3 montre deux feuilles de calcul qui présentent dans un cas la bonne façon et dans l’autre la mauvaise façon de calculer les rejets de SRT dans l’air :

  • la feuille de gauche indique la valeur exacte, soit un total de 15 523 tonnes. Il s’agit de la somme de :
    • 5 159 tonnes de sulfure de carbonyle;
    • 4 458 tonnes de disulfure de carbone;
    • 2 707 tonnes de sulfure d’hydrogène;
    • 3 199 tonnes d’autres composés du SRT.
  • la feuille de droite indique une valeur erronée (double comptage), soit un total de 27 847 tonnes. Il s’agit du double comptage de :
    • 15 523 tonnes de SRT;
    • 5 159 tonnes de sulfure de carbonyle;
    • 4 458 tonnes de disulfure de carbone;
    • 2 707 tonnes de sulfure d’hydrogène.

Selon le but de l’analyse, il est possible de : 

  • n’utiliser que les valeurs de rejet du SRT dans l’air
  • utiliser les autres composés sulfurés pour d'autres milieux environnementaux
  • analyser un composé sulfuré spécifique
Matière particulaire

La matière particulaire (MP) désigne toute particule microscopique solide ou liquide de diverses origines, qui demeure en suspension dans l’air pendant un certain temps. La taille des particules détermine en grande partie l’ampleur des dommages qu’elles causent à l’environnement et à la santé.

Comme le montre la figure 4, la matière particulaire totale (MPT) comprend toute matière particulaire dont le diamètre est inférieur à 100 micromètres, y compris celle de taille inférieure à 10 micromètres (MP10) et 2,5 micromètres (MP2,5).

Figure 4. Relation entre les fractions granulométriques de matière particulaire
Description longue

Ce diagramme d’Euler montre la relation entre les trois fractions de matière particulaire. La matière particulaire totale ou fraction de MPT (diamètre inférieur à 100 micromètres) comprend la fraction MP10 (diamètre inférieur ou égal à 10 micromètres). La fraction MP10 comprend la fraction MP2,5 (diamètre inférieur ou égal à 2,5 micromètres).

Tableau 1. Seuils de déclaration de matière particulaire
Matière particulaire Seuil de déclaration (tonnes)
Matière particulaire totale (MPT) 20
Matière particulaire inférieure ou égale à 10 micromètres (MP10) 0,5
Matière particulaire inférieure ou égale à 2,5 micromètres (MP2,5) 0,3

En fonction de l’analyse, il est possible de :

  • se concentrer sur une fraction spécifique de matière particulaire
  • ne tenir compte que des valeurs de MPT
  • considérer les trois fractions pour chaque installation et utiliser la valeur la plus élevée pour obtenir la méthode la plus exhaustive, comme dans les rapports de l’INRP
Composés organiques volatils

Les composés organiques volatils (COV) sont les précurseurs de la formation de l’ozone troposphérique et de la matière particulaire ambiante, qui sont les principaux constituants du smog. 

L’INRP liste plus d’une centaine de COV en fonction de divers critères de déclaration. Les installations peuvent devoir les déclarer sous forme de :

  • COV  totaux, en vertu de la partie 4
  • COV individuels (substances inscrites aux parties 1 et 2 et composés différenciés inscrits à la partie 5)
Figure 5. Relation entre les fractions de composés organiques volatils
Description longue

Ce diagramme d’Euler décrit la relation entre les quatre groupes de composés organiques volatils déclarés à l’INRP.

Les composés organiques volatils (partie 4) comprennent :

  • les composés organiques volatils différenciés (partie 5);
  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (partie 2);
  • les autres composés organiques volatils (partie 1).

Les fractions des composés organiques volatils différenciés de la partie 5 et des autres composés de la partie 1 se chevauchent. Le chevauchement représente les COV qui sont répertoriés à la fois dans les parties 1 et 5, comme l’aniline, le benzène et le chlorobenzène.

La somme des composés individuels peut ne pas être égale au total de tous les COV inscrits à la partie 4, pour les raisons suivantes :

  • l’INRP n’énumère pas tous les COV individuels qui existent
  • les installations ne sont pas tenues de déclarer les composés individuels sous leur seuil de déclaration
  • les méthodes d’estimation des substances individuelles et totales varient

Selon le but de l’analyse, il est possible de : 

  • utiliser que les composés de la partie 4 pour une vue d’ensemble générale, comme dans les rapports de l’INRP
  • utiliser les composés différenciés des parties 1, 2 et 5 pour une analyse scientifique (par exemple, pour la modélisation de la qualité de l’air)
Dioxines et furanes

Les dibenzo-p-dioxines polychlorées (dioxines) et les dibenzofuranes polychlorés (furanes) sont des composés toxiques rejetés majoritairement comme sous-produits des procédés industriels et de la combustion. Ils peuvent aussi être présents comme contaminants dans certains pesticides ou solvants chlorés.

L’INRP fait le suivi de 17 dioxines et furanes. Les installations qui n’ont pas d’information sur ces substances individuelles peuvent déclarer une valeur estimative pour l’ensemble du groupe sous « Dioxines et furanes totaux ».

Les dioxines et furanes totaux peuvent donc représenter soit :

  • la somme des 17 substances individuelles répertoriées dans l’INRP
  • la quantité estimée pour le groupe de substances, si l’installation n’a pas d’information sur les substances individuelles

Selon le but de l’analyse, il est possible de : 

  • utiliser que les dioxines et furanes totaux pour donner une vue d'ensemble
  • utiliser les données sur les substances individuelles pour une analyse scientifique
Hydrocarbures aromatiques polycycliques

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont des composés toxiques, dont certains sont connus ou soupçonnés d’être cancérigènes. 

L’INRP suit plus de 30 HAP inscrits aux parties 1A et 2. Les installations sans information sur ces hydrocarbures individuels peuvent les déclarer dans la catégorie « HAP, total non différencié ».

Si l’analyse l’exige, il est possible d’additionner tous les HAP inscrits à toutes les parties (1A, 2 et « HAP, total non différencié »), étant donné que ce sont des substances différentes.

Éliminations et transferts hors site aux fins de traitement

L’INRP fait le suivi des éliminations et des transferts hors site aux fins de traitement avant l’élimination. La combinaison des rejets, des éliminations et des transferts crée un risque de comptage en double puisque les mêmes quantités peuvent être déclarées dans plus d’un rapport. Les exemples ci-après montrent à quel moment le comptage en double peut se produire.

A) combinaison de substances éliminées sur place et hors site

  • Un fabricant de produits chimiques a déclaré avoir envoyé 0,2 tonnes d’acide nitrique à une installation de gestion des déchets pour enfouissement hors site
  • L’installation de gestion des déchets a déclaré 3 tonnes d’acide nitrique enfouies sur place

Dans ce cas, la substance éliminée sur place déclarée par l’installation de gestion des déchets (3 tonnes) peut comprendre la substance éliminée hors site déclarée par le fabricant de produits chimiques (0,2 tonnes).

B) combinaison de substances rejetées et de transférées

  • En fabricant de produits alimentaires a déclaré avoir envoyé 17 tonnes d’ammoniac à une usine municipale de traitement des eaux d’égout
  • Cette usine a déclaré des rejets directs de 304 tonnes d’ammoniac dans une rivière

Dans ce cas, les rejets dans l’eau déclarés par l’usine (304 tonnes) peuvent comprendre la substance transférée hors site aux fins de traitement (17 tonnes) déclarée par le fabricant de produits alimentaires.

Interprétation des données

Cette section fournit des informations essentielles à considérer avant d’interpréter les données de l’INRP, notamment lors de comparaisons entre les substances et entre les installations. Elle contient aussi les changements qui peuvent être observés dans les données au fil du temps.

Comparer des pommes avec des pommes

Il est important de comparer des éléments semblables entre eux et de bien en saisir les nuances. L’INRP recueille des renseignements sur diverses substances, dont des substances toxiques et d’autres substances préoccupantes. Les effets sur l’environnement varient d’une substance et d’un environnement à l’autre. Les quantités déclarées peuvent aussi varier en fonction de la méthode d’estimation, de l’installation et de l’emplacement.

Comparaison des substances

À chaque substance ses risques

Comparez les substances avec prudence et évitez de les combiner. Les substances suivies par l’INRP ont des propriétés physiques et chimiques distinctes et leur toxicité diffère. Un petit rejet d’une substance hautement toxique, comme le mercure, peut être plus préoccupant qu’un rejet plus important d’une substance moins toxique.

Substances toxiques

L’INRP fait le suivi de certaines substances figurant sur la Liste des substances toxiques de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999). Pour gérer les risques et les impacts environnementaux, des instruments tels que des règlements, des lignes directrices et des codes de pratique sont utilisés.

Matière particulaire condensable et filtrable

Bien que l’INRP ne nécessite que des renseignements sur la matière particulaire filtrable (MP), des données sur la MP condensable peuvent également être trouvées pour deux raisons :

  • certaines méthodes d’estimation s’appliquent aux deux types
  • l’installation a utilisé une méthode d'estimation pour la MP condensable au lieu de celle pour la matière filtrable

Composés organiques volatils

Les installations doivent déclarer la masse totale les composés organiques volatils (COV) émis chaque année. Si les coefficients d’émission ne fournissent que la teneur en carbone du rejet, les COV doivent être déclarés sous forme d’équivalent carbone. Dans ce cas, les installations doivent déclarer des quantités moindres avec un commentaire explicatif.

Comparaison des milieux environnementaux

Les milieux environnementaux incluent l’air, l’eau et le sol. Les rejets, éliminations et transferts affectent chacun de ces milieux différemment. Par exemple, les polluants rejetés dans l’air se déplacent et agissent différemment de ceux qui sont rejetés dans l’eau ou dans le sol. De même, les substances transférées pour élimination ou recyclage impactent davantage tout au long du trajet et l’installation de destination que l’installation d’origine.

Il s’impose donc d’analyser les rejets séparément des éliminations et des transferts. Les propriétés physiques et chimiques ont également des effets différents sur les milieux. 

Rejets sur place

Les installations doivent déclarer séparément les rejets dans l’air, l’eau et le sol. Cependant, les rejets de substances de la partie 1A inférieurs à une tonne peuvent être déclarés comme « rejets dans un milieu non différencié ».

Rejets dans le sol et éliminations sur place

Les rejets dans le sol et les éliminations sur place constituent deux catégories distinctes. Les éliminations sur place bénéficient de mesure d’atténuation de la pollution, contrairement aux rejets dans le sol.

Voici des exemples de rejets dans le sol :

  • déversements de solvants sur un plancher d’usine
  • utilisation d’un agent de dégivrage contenant de l’éthylène glycol sur des aéronefs
  • accumulation de douilles en métal dans des champs de tir

Résidus miniers et stériles

Les résidus miniers et les stériles sont des sous-produits des activités minières. L’INRP a commencé le suivi de l’élimination de ces substances pour l’année de déclaration 2006.

Figure 6. Éliminations déclarées à l’Inventaire national des rejets de polluants, 2002-2023
Description longue

Description du graphique :

  • axe des X : année de déclaration allant de 2002 à 2023
  • axe des Y : quantités déclarées en tonnes, variant de 0 à 1 800 000, illustrées en barres
  • Les barres inférieures représentent les éliminations, sauf les résidus miniers et les stériles. 
  • Les barres supérieures représentent les résidus miniers et les stériles.

Le graphique montre une augmentation générale des quantités déclarées :

  • De 2002 à 2005, l’INRP suivait les éliminations autres que les résidus miniers et les stériles.
  • En 2006, l’INRP a commencé à faire le suivi des résidus miniers et des stériles. 
  • De 2006 à 2017, les quantités de substances dans les résidus miniers et les stériles ont augmenté, et les autres quantités éliminées ont diminué.
  • De 2017 à 2023, les quantités de substances dans les résidus miniers et les stériles, ainsi que les autres quantités éliminées ont augmentés.

Comprendre les résidus miniers et les stériles

  • les installations doivent déclarer la concentration des substances répertoriées dans l’INRP présentes dans les résidus miniers et les stériles éliminés
  • les installations peuvent déclarer des valeurs négatives si elles réutilisent les matériaux des zones de gestion des résidus miniers et des stériles lorsque cela est plus rentable
  • les différences dans la géologie et la diversité des types de mines peuvent expliquer les variations de concentration. Par exemple, un minerai extrait peut contenir plus d’arsenic qu’un autre.

L’INRP ne recueille pas de données sur l’élimination des substances contenues dans les matériaux inertes, car ils ne sont pas rejetés dans l’environnement. Par exemple :

  • les morts-terrains (matériaux non agglomérés recouvrant le dépôt de minerai ou de bitume notamment le sol, les dépôts glaciaires, le sable et les sédiments)
  • les composants inertes dans les résidus miniers
  • les stériles inertes
  • les produits

Pour de plus amples renseignements concernant ces exceptions, consultez le Guide pour la déclaration de résidus miniers et de stériles. Vous trouvez aussi plus d’informations sur la façon dont le gouvernement et l’industrie gèrent les préoccupations environnementales liées aux résidus miniers et aux stériles.

Comparaison des méthodes d’estimation

Les installations peuvent utiliser l’une des méthodes suivantes pour calculer la quantité d’une substance :

  • un système de mesure et d’enregistrement en continu des émissions ou SMECE qui enregistre les émissions sur une longue période et sans interruption (M1)
  • la surveillance prédictive des émissions qui établit une corrélation entre le taux d’émission d’une substance et les paramètres du processus (M2)
  • les essais à la source, soit le calcul des concentrations dans des échantillons prélevés (M3)
  • le bilan massique qui calcule les rejets en comptant tous les intrants et extrants dans un processus (C)
  • les coefficients d’émission propres au site établissent un rapport entre les activités et les rejets (ils sont établis par des installations individuelles) (E1)
  • les coefficients d’émission publiés établissent un rapport entre les activités et les rejets (ils sont établis par des entités gouvernementales ou des associations industrielles) (E2)
  • les estimations techniques se basent sur les principes de l’ingénierie, les processus et lois chimiques et physiques ainsi que sur les caractéristiques de conception de la source (O)
  • Deux nouvelles méthodes d’estimation ont été ajoutées que les installations peuvent utiliser, soit la téléquantification et le profil de spéciation

Le degré de précision varie selon la méthode utilisée et dépend de plusieurs facteurs :

  • la validité de la méthode ou de l’information utilisée
  • la prise en compte de toutes les conditions d’exploitation dans les estimations de l’installation
  • la cote de qualité des données sur les coefficients d’émission

En règle générale, un système de mesure et d’enregistrement en continu des émissions bien étalonné est le plus fiable, tandis que les estimations techniques fondées seulement sur le jugement sont les moins fiables.

Il est important de noter que les méthodes de calcul peuvent différer lorsqu’on compare :

  • les rapports de différentes années
  • les installations du même type d’industrie
  • les substances dans le même rapport
  • les catégories de rejets, d’éliminations et de transferts dans le même rapport

Comparaison des installations

Les processus ou les matières premières utilisés pour réaliser la même activité peuvent varier d’une installation à l’autre.

Par exemple, les centrales électriques utilisent divers combustibles et sources d’énergie pour produire de l’électricité, ce qui entraîne des rejets de polluants différents dans l’environnement. Ainsi, les centrales électriques alimentées au charbon émettent surtout du dioxyde de soufre tandis que les centrales alimentées au diesel émettent surtout des oxydes d’azote.

Comparaison avec d’autres registres de polluants

D’autres pays tiennent des inventaires semblables à l’INRP. Cependant, les données de l’INRP peuvent ne pas être directement comparables à ces inventaires en raison des différences dans les exigences de déclaration (seuils, exclusions et listes des substances). Par exemple, l’INRP couvre plus de secteurs que le Toxics Release Inventory (en anglais seulement) des États-Unis.

Pour explorer les inventaires de polluants du Canada, du Mexique et des États-Unis, consultez À l’heure des comptes. La Commission de coopération environnementale héberge cette plateforme qui poursuit ses travaux sur l’amélioration de leur comparabilité.

Pour consulter les inventaires de polluants d’autres pays, visitez le site Web de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.

Comprendre les changements

Les tendances en matière de pollution peuvent évoluer en raison de facteurs internes (propres aux installations) ou externes (réglementations et exigences diverses). L’INRP recueille de l’information sur les concentrations et les méthodes d’estimation, ce qui contribue à la compréhension de ces changements.

Événements ou changements dans les installations

Les événements ou changements qui surviennent dans les installations peuvent affecter les quantités déclarées, par exemple :

  • les changements des niveaux de production
  • les mises à niveau des pratiques d’exploitation
  • l’agrandissement des usines
  • un changement de propriétaire
  • des fermetures temporaires ou permanentes
  • des mesures de prévention de la pollution
  • les rejets accidentels

Réglementation et autres exigences

Consultez la section Évolution de l’INRP pour comprendre comment les exigences de l’INRP ont évolué au fil du temps. D’autres pouvoirs publics fédéraux, provinciaux et municipaux peuvent également influer  :

  • L'obligation d’utiliser une méthode spécifique pour estimer les rejets de polluants
  • La création d’outils pour réduire la pollution et les émissions
  • La désignation d’autres installations pouvant être assujetties aux exigences de l’INRP

Concentrations et seuil de détection des méthodes

La concentration représente la proportion d’une substance dans un volume d’effluent ou la masse d’une matière. Elle aide à déterminer si les grandes quantités de polluants sont le résultat de fortes concentrations de polluants, de volumes élevés d’effluents ou de masses importantes de matières (comme le minerai).

Les données de concentration sont disponibles pour les catégories suivantes :

  • les rejets directs dans l’eau
  • les résidus miniers
  • les stériles

Si les concentrations mesurées d’une substance sont en dessous de la limite de la méthode de détection (LMD), soit sa concentration la plus petite qui soit détectable, la substance peut demeurer présente, même si elle n’est pas décelée. Dans un tel cas, les installations estiment les quantités en indiquant le chiffre correspondant à la moitié de la LMD.

Évaluation des risques

Les données de l’INRP ne suffisent pas à elles seules pour évaluer les risques et les effets de la pollution sur l’environnement et la santé humaine. Elles peuvent être combinées à d’autres sources d’information et prendre en compte divers facteurs, notamment :

  • la toxicité intrinsèque
  • les propriétés physiques et chimiques (comme la persistance, la bioaccumulation)
  • le milieu (air, sol ou eau) touché par la substance rejetée
  • les modes de transport et de transformation (déplacement ou dégradation)
  • la quantité, le moment, la nature et le niveau de l’exposition

Le gouvernement du Canada évalue plus largement les risques pour la santé et l’environnement au moyen d’initiatives comme le Plan de gestion des produits chimiques.

Notre méthode

Voici les hypothèses et les considérations sur lesquelles l’INRP s’appuie pour ses analyses et rapports publics.

Utilisation de données vérifiées

Les données vérifiées sont utilisées pour les rapports publics, avec l’indication de la date à laquelle elles sont obtenues du système de déclaration. Les coordonnées de latitude et longitude vérifiées sont également utilisées pour les cartes.

Chiffres significatifs et arrondissement

Les valeurs déclarées par les installations sont publiées dans le portail de données ouvertes et ne sont pas arrondies.

L'outil de recherche de données de l'INRP et les faits saillants des données de l’INRP affichent des valeurs qui adhèrent aux règles suivantes :

  • plus de 10 : aucune décimale
  • de 1 à 10 : une décimale
  • moins de 1 : trois décimales

Il est important de noter que les totaux dans les textes, graphiques et tableaux peuvent ne pas concorder avec le total indiqué en raison de l'arrondissement des valeurs.

Valeurs négatives

Le guide explique comment les installations déclarent le retrait de résidus miniers et de stériles en indiquant des valeurs négatives. Pour les analyses et rapports, la valeur nette est utilisée dans le cas des éliminations.

Nombre d’installations

Le nombre total d’installations déclarantes dans les rapports de l’INRP (faits saillants, aperçus des secteurs, etc.) exclut, à moins d’indication contraire :

  • les installations qui ne font que déclarer leur fermeture
  • les installations ayant indiqué qu’elles n’avaient pas atteint les critères de déclaration de l’INRP

Considérations relatives aux substances

Les analyses sur les principaux contaminants atmosphériques (PCA) portent sur les 5 polluants suivants :

  • matière particulaire
  • monoxyde de carbone
  • oxydes d’azote
  • dioxyde de soufre
  • composés organiques volatils

Bien que l’ammoniac soit un PCA, il est exclu des analyses de l’INRP, car il est répertorié différemment des autres et les données recueillies ne sont donc pas les mêmes.

Le présent guide aborde les stratégies pour éviter le double comptage lors de l’utilisation de l’INRP. Voici les méthodes utilisées dans les analyses et rapports de l’INRP  :

  • soufre réduit total : utilisé pour les rejets dans l’air, tandis que le sulfure de carbonyle, le disulfure de carbone et le sulfure d’hydrogène sont utilisés pour les autres catégories de rejets, d’éliminations et de transferts
  • matière particulaire : la valeur déclarée la plus élevée entre la matière particulaire totale, la MP10 et la MP2,5 est utilisée pour chaque installation. Les émissions de poussière de route font partie des rejets directs dans l’air de matière particulaire
  • composés organiques volatils : es composés de la partie 4 sont utilisés pour donner une vue d’ensemble
  • dioxines et furanes : les dioxines et furanes totaux sont utilisés pour donner une vue d’ensemble

Classification de l’industrie

L’INRP utilise les codes les plus récents du SCIAN qui sont disponibles pour désigner les secteurs d’activité. La classification peut varier d’un rapport à l’autre.

Pour nous joindre

Vous pouvez communiquer avec l’INRP si vous soupçonnez des erreurs dans les données, si vous avez besoin d’assistance pour vos projets ou si vous avez des questions. L’INRP s’efforce d’améliorer la qualité de nos données et demande aux installations de vérifier ou de mettre à jour les rapports lorsque des erreurs sont décelées. Voici des exemples d’erreurs commises :

  • unités de déclaration incorrectes (par exemple, déclaration faite en kilogrammes plutôt qu’en tonnes)
  • erreurs de décimales
  • omission d’une substance ou de la source d’un rejet
  • données de référence ou hypothèses pour les calculs incorrects (par exemple, déclaration des quantités fabriquées, traitées ou utilisées au lieu des quantités rejetées)
  • coordonnées géographiques inexactes
  • codes de secteur d’activité inexacts

Inventaire national des rejets de polluants
Environnement et Changement climatique Canada
351, boulevard Saint-Joseph
Gatineau (Québec)  K1A 0H3

Téléphone : 1-877-877-8375
Courriel : inrp-npri@ec.gc.ca

Détails de la page

Date de modification :