Rougeole : Pour les professionnels de la santé

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Ce que les professionnels de la santé doivent connaître au sujet de la rougeole

La rougeole est une maladie extrêmement contagieuse due au virus de la rougeole. La rougeole se caractérise par de la fièvre et une éruption maculopapulaire et exanthémateuse qui se manifeste en premier lieu sur le visage. La rougeole se transmet par voie respiratoire et peut entraîner de graves complications, telles que :

  • la cécité
  • la surdité
  • une encéphalite
  • des infections respiratoires aiguës telles que la pneumonie

Il n'existe aucun traitement précis pour la rougeole. Elle touche tous les groupes d'âge et peut être évitée par la vaccination. Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) recommande l'immunisation contre la rougeole.

Pour en savoir plus, consultez la définition nationale de cas.

Agent de la maladie

La rougeole est causée par le virus de la rougeole qui fait partie du genre Morbillivirus de la famille de Paramyxoviridae.

Réservoir

Les humains.

Spectre de la maladie clinique

Les symptômes de la rougeole commencent à se manifester de 7 à 21 jours après l'infection et comprennent :

  • la fièvre prodomique
  • la toux
  • le coryza
  • la conjonctivite
  • les taches de Koplik (taches blanches sur la muqueuse buccale)

La rougeole est caractérisée par une éruption cutanée maculopapulaire généralisée, qui apparaît habituellement environ 14 jours après l'infection. Cette éruption dure de 4 à 7 jours. Elle se manifeste habituellement en premier lieu sur le visage, ensuite sur le tronc, et finalement sur les bras et les jambes.

Des complications, comme l'otite moyenne ou la pneumonie, apparaissent dans environ 6 à 7 % des cas signalés. Ces complications sont plus fréquentes chez :

  • les personnes mal nourries
  • ou atteintes d'une maladie chronique
  • les nourrissons âgés de moins d'un an

Dans environ 1 cas signalé sur 1 000, la rougeole se complique d'une encéphalite pouvant laisser des séquelles cérébrales permanentes. L'infection rougeoleuse peut entraîner une panencéphalite sclérosante subaiguë, une maladie du système nerveux central rare mais mortelle. Dans les pays développés, le taux de mortalité par rougeole est estimé à 2 ou 3 cas sur 1 000.

Pendant la grossesse, la rougeole accroît le risque :

  • d'accouchement prématuré
  • d'avortement spontané
  • de faible poids à la naissance

La rougeole chez une personne immunodéprimée peut entraîner des symptômes graves et demander un traitement prolongé.

Photos de manifestations cliniques de la rougeole

Éruptions rougeâtres, caractéristiques de la rougeole pendant la période aiguë. Les premières manifestations de la rougeole sont les suivantes :

  • écoulement nasal accompagné de fièvre
  • rougeur et gonflement des yeux (ce qui indique une inflammation de la conjonctive)
  • toux
  • malaise

L'éruption cutanée sous la forme de taches fines, plates ou légèrement saillantes (maculeuses ou maculopapuleuses). Ces éruptions deviennent progressivement confluentes et de couleur rougeâtre durant la période aiguë. Dans les cas légers, les éruptions ne sont généralement pas confluentes. Toutefois, dans les cas sévères, elles peuvent couvrir toute la peau.

Chez les personnes à la peau foncée, les éruptions peuvent sembler granuleuses au début de la maladie. Une légère desquamation survient avec l'atténuation de l'exanthème sur le visage et la partie supérieure du corps, comme on peut le voir chez cet enfant.

Source : Centers for Disease Control and Prevention

Transmission

La rougeole est l'une des maladies infectieuses les plus transmissibles et les risques d'attaques secondaires dépassent les 90 % chez les personnes réceptives. Le virus est principalement transmis par gouttelettes respiratoires (par contact avec des sécrétions nasales ou buccales de personnes infectées). Toutefois, la rougeole peut également se transmettre par voie aérienne (dans des milieux fermés, comme un milieu de soins de santé).

Le virus de la rougeole peut survivre au moins 2 heures dans des gouttelettes évaporées et dans la propagation aérienne de ces fines particules. La transmission dans les milieux de soins peut survenir même lorsque les cas de référence ont quitté les lieux. Cette transmission est possible étant donné que le virus survit dans l'air ou sur les surfaces de l'environnement.

La période d'incubation dure en moyenne 10 jours (allant de 7 et 18 jours). L'intervalle entre l'exposition au virus et l'apparition des éruptions cutanées est d'environ 14 jours. Par contre, les éruptions peuvent apparaître aussi tard que 19 à 21 jours après l'exposition.

La période de contagion débute 1 journée avant le stade prodromique (habituellement environ 4 jours avant l'apparition de l'éruption cutanée) et se termine 4 jours après l'apparition de l'éruption cutanée. Les personnes qui se rétablissent de la rougeole développent une immunité à vie contre la maladie.

Répartition de la maladie (à l’échelle mondiale)

La rougeole se produit partout dans le monde et demeure une maladie grave et courante dans les pays en développement. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la rougeole est l’une des causes principales de décès évitables par la vaccination chez les enfants du monde entier. L’objectif mondial était de réduire la mortalité causée par la rougeole de 95 % d’ici 2015 (comparativement aux niveaux de 2000). Cet objectif n’a pas été atteint.

En 2017, la mortalité mondiale due à la rougeole a été réduite de 80 %, passant de 545 000 décès en 2000 à 110 000 décès. Au cours de cette période de 18 ans, la vaccination contre la rougeole a permis de prévenir environ 21,1 millions de décès.

La transmission endémique avait pris fin dans les Amériques en 2002. Le dernier cas de rougeole endémique dans les Amériques survenu à l'époque postérieure à l'élimination a été signalé en juillet 2015 au Brésil. Le nombre annuel allait d’aussi peu que 85 en 2005 à un sommet de 1 966 en 2014. Après 2014, la région des Amériques a signalé 611, 12 et 775 cas respectivement en 2015, 2016 et 2017.

Facteurs de risque

Les personnes qui n'ont jamais contracté la rougeole ou qui n'ont jamais été adéquatement immunisées contre cette maladie sont susceptibles d'être infectées. Au Canada, il est généralement supposé que les adultes nés avant 1970 aient développé une immunité naturelle à la rougeole.  Cette immunité existait en raison des niveaux élevés de circulation du virus de la rougeole auparavant. Les personnes les plus à risque de contracter la rougeole sont :

  • les personnes qui voyagent
  • les travailleurs de la santé
  • les étudiants

Prévention et contrôle

On peut prévenir la rougeole au moyen de la vaccination. Le vaccin contre la rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et/ou le vaccin contre la rougeole-oreillons-rubéole-varicelle (RORV) est généralement administré au cours de l’enfance.

La première dose est recommandée entre 12 et 15 mois. Une deuxième dose est administrée à l’âge de 18 mois ou par la suite, mais au plus tard lorsque l’enfant commence à fréquenter l’école. Les vaccins ROR et RORV peuvent également être utilisés dans d’autres populations, notamment :

  • les adolescents
  • les adultes
  • les populations spécifiques.

Pour en apprendre davantage sur la vaccination Veuillez consulter la version en ligne du Guide canadien d'immunisation.

Tout cas suspecté de rougeole doit être signalé dès que possible aux services locaux de santé publique. Les patients devraient être isolés pendant quatre jours après l'apparition de l'éruption cutanée afin de prévenir la transmission du virus.

Tous les contacts d'un cas suspect de rougeole devraient être identifiés et définis comme réceptifs ou non réceptifs. Les contacts réceptifs devraient être gérés conformément aux Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des éclosions de rougeole au Canada.

Épidémiologie de la rougeole au Canada

Avant l'introduction du vaccin contre la rougeole en 1963-1964, l'infection se manifestait par cycles, l'incidence augmentant tous les 2 à 5 ans. Selon les estimations, il y avait à l'époque entre 300 000 et 400 000 cas par année. Depuis l'utilisation du vaccin, il s'est produit une diminution marquée de l'incidence de la maladie au Canada (figure 1).

En 1992, le Canada s'est donné comme objectif l'élimination de la rougeole d'ici 2005 et a fait d'importants progrès vers l'atteinte de cet objectif au cours des années 1990.

En 1996-1997, chaque province et territoire canadien a ajouté une deuxième dose du vaccin contenant le virus de la rougeole à son calendrier de vaccination systématique. Cette démarche visait à éliminer la rougeole. La plupart des provinces et territoires ont mis en œuvre des programmes de vaccination de rattrapage contre la rougeole ou contre la rougeole et la rubéole auprès des enfants d'âge scolaire. Grâce à la vaste couverture des vaccins à 2 doses, le dernier cas de rougeole causé par une transmission endémique a eu lieu en 1997. Le Canada a réussi à éliminer la rougeole en 1998.

Cependant, des cas importés continuent de se manifester (figure 2). La propagation secondaire de ces cas importés a tendance à être restreinte. Cette propagation touche des Canadiens qui sont toujours vulnérables en raison d'une vaccination inadéquate. Ces personnes ne sont pas vaccinées ou elles ont seulement reçu une dose du vaccin.

Figure 1
Figure 1. Nombre de cas et taux d'incidence (pour 1 000 000 habitants), par année, de 1950 à 2015 et année d'introduction des vaccins.

Avant l'introduction du vaccin contre la rougeole en 1963-1964, le taux d'incidence de la rougeole présentait une tendance cyclique, atteignant des sommets tous les deux à cinq ans. Depuis l'introduction du vaccin, le taux d'incidence a diminué considérablement. D'autres baisses ont été observées après l'introduction de la vaccination systématique en une dose contre la rougeole, les oreillons et la rubéole en 1983 et après l'introduction de la vaccination systématique en deux doses contre la rougeole, les oreillons et la rubéole en 1996-1997 dans les provinces et les territoires.

Grâce à la vaccination systématique, l’incidence de la rougeole au Canada a diminué de plus de 99%, passant d’une incidence moyenne de 373,3 cas pour 100 000 personnes à l’ère prévaccinale, à 0,8 cas pour 100 000 personnes de 2011 à 2015.

Remarque : En 1963, le vaccin vivant a été approuvé pour une utilisation au Canada, suivi par l'approbation du vaccin inactivé en 1964. La disponibilité du vaccin inactivé était limitée, et son utilisation a été interrompue avant la fin de 1970. Un calendrier de vaccination en dose unique avec un vaccin vivant a été mis en place dans les programmes d'immunisation systématique de toutes les provinces et de tous les territoires au début des années 1970. La vaccination systématique en une dose contre la rougeole, les oreillons et la rubéole a été mise en place en 1983 et la vaccination systématique en deux doses contre la rougeole, les oreillons et la rubéole a été mise en place en place à l'échelle nationale en 1996-1997. De 1959 à 1968, la rougeole ne faisait pas partie des maladies à déclaration obligatoire à l'échelle nationale. 

Figure 2
Figure 2. Nombre de cas de rougeole importés, Canada, 1998-2013.
De 1998 à 2013, il y a eu 134 cas de rougeole importés au total ((5 en 1998; 9 en 1999; 10 en 2000; 11 en 2001; 4 en 2002; 9 en 2003; 5 en 2004; 3 en 2005; 5 en 2006; 5 en 2007; 6 en 2008; 4 en 2009; 10 en 2010; 29 en 2011; 7 en 2012; and 12 en 2013). La répartition variait entre un minimum de 3 cas importés en 2005 à un maximum de 29 cas importés en 2011. Le nombre médian de cas importés par année était de 6,5.

Ressources

Publications

Lignes directrices et recommandations

Autres ressources

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