Contexte

Le monde évolue à un rythme sans précédent et nous pouvons nous attendre à ce que les décennies à venir soient marquées par de nouveaux bouleversements. De nouvelles menaces continuent d’émerger; la technologie transformatrice façonne la société de nouvelles façons; la guerre conventionnelle est réapparue en Europe et les conflits font rage au Moyen-Orient, mêlant haute technologie et force humaine brute; les États-Unis entrent dans une période de transition nationale, alors qu’ils continuent de faire face à une concurrence continue; la Chine s’affirme à l’échelle mondiale; l’autoritarisme est en hausse; et la question du changement climatique est devenue de plus en plus urgente. Alors que le paysage international connaît son plus grand changement depuis la fin de la guerre froide et les « dividendes de la paix » qui ont suivi, le rôle du Canada dans le monde, sa capacité d’influencer la géopolitique dans un paradigme multipolaire et la capacité des Forces armées canadiennes (FAC) à remplir leurs missions font l’objet d’un examen minutieux, tant au pays qu’à l’étranger.

N’étant plus protégé par la géographie – compte tenu des menaces provenant de l’espace extra-atmosphérique et du cyberespace, des urgences nationales croissantes, y compris les inondations et les incendies de forêt, et de l’influence ou de l’ingérence étrangère dans nos systèmes et nos institutions – le Canada fait face à des défis croissants pour sa sécurité économique, sa stabilité sociale et sa souveraineté et son intégrité territoriale. Le Canada continue également d’évoluer en tant que société, avec des changements dans sa démographie et son sentiment d’identité. Le paysage national est en train de changer, avec l’émergence d’une culture politique plus conflictuelle, des tensions régionales persistantes, un fossé croissant entre les villes, les banlieues et les campagnes, une diminution de la civilité dans le discours civique, un sentiment général d’apathie des électeurs et électrices et une appréciation publique minimale du lien entre la sécurité internationale et la défense nationale. L’instabilité qui découle de cet amalgame de facteurs a imposé des exigences plus complexes au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes et exerce une pression croissante sur une force militaire de plus en plus sollicitée.

Dans ce réseau complexe d’éléments et d’environnements interconnectés, les collèges militaires canadiens existent en tant qu’institutions nationales uniques qui remplissent une fonction qu’aucune autre organisation n’est conçue pour remplir. Forts d’une histoire qui remonte à la fondation de notre nation, les CMC jouent un rôle essentiel dans la défense du pays depuis plus d’un siècle. Ils demeurent les seuls endroits au Canada qui se consacrent à l’éducation et à la formation des citoyens et citoyennes et des résidents et résidentes permanents pour qu’ils deviennent des membres de la profession des armes, en mettant l’accent sur le perfectionnement du leadership. Cependant, en tant qu’unités militaires financées, administrées et dirigées par le gouvernement fédéral qui sont également des établissements d’enseignement sous réglementation provinciale, les collèges militaires ont eu du mal à maintenir un objectif clair et un fort sentiment d’identité.

Les CMC ne sont pas les seuls dans cette situation. Les écoles militaires du monde entier ont été confrontées à des dilemmes similaires et nombre d’entre elles ont subi d’importantes transformations pour refléter l’évolution de la dynamique géopolitique, de la stratégie militaire et des impératifs sociétaux. Cela s’est traduit par des changements dans la structure organisationnelle, l’élaboration des programmes d’études et les objectifs d’apprentissage, en plus d’avoir une incidence sur les approches pédagogiques : les écoles militaires sont passées de la préparation d’officiers et d’officières aux grandes guerres à la formation de dirigeants et de dirigeantes capables de gérer des missions complexes, multinationales et non traditionnelles, y compris en cherchant à former des officières et officiers qui sont non seulement compétents sur les plans technique et tactique, mais qui possèdent également l’intégrité, le caractère et la flexibilité intellectuelle nécessaires pour naviguer dans des environnements politiques et culturels délicats.

Les moteurs, les facteurs et les catalyseurs qui émergeront de ce contexte international, national et institutionnel influenceront et façonneront la topographie à l’intérieur de laquelle les FAC seront tenues d’évoluer maintenant et à long terme. En gardant à l’esprit ces niveaux de contexte dans son examen et son évaluation des CMC, la Commission croit que ses recommandations seront plus pertinentes et auront des conséquences plus durables, contribuant ainsi à faire en sorte que les CMC continuent de produire des officiers et officières exceptionnels de bon caractère qui sont prêts à défendre notre nation au pays et à promouvoir nos intérêts nationaux à l’étranger, quelles que soient les circonstances que l’avenir nous réserve.

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2025-07-17