Émissions de gaz à effet de serre : facteurs et incidences

La majorité des gaz à effet de serre (GES) proviennent à la fois de processus naturels et d'activités anthropiques. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les émissions provenant des activités anthropiques perturbent les processus naturels qui se produisent dans l'atmosphère et sont fort probablement la cause principale du réchauffement observé qui se produit depuis le milieu du XXe siècle. À l'échelle mondiale, près de 80 % des émissions de GES de sources anthropiques proviennent de la combustion de combustibles fossiles et des procédés industriels. Parmi les activités particulières, l'on retrouve : la conduite de véhicules, la production d'électricité, le chauffage et la climatisation des bâtiments, l'opération d'appareils électroménagers et d'équipements, la production et le transport de biens et la prestation de services et de transport pour les collectivités. En 2021, environ 28 % des émissions de GES produites au Canada provenaient du secteur de l'exploitation pétrolière et gazière, 22 % du secteur des transports, 13 % des bâtiments et 11 % du secteur de l'industrie lourde.

Entre 2005 et 2019, on a observé une hausse de 24 % des émissions mondiales de GES;Note de bas de page 1  la plupart des augmentations ont été observées dans les pays en développement. Au cours de cette même période, la contribution du Canada aux émissions de GES mondiales totales est restée à moins de 2 % des émissions mondiales, bien que le Canada soit un des plus important émetteur par habitant. En 2019, les émissions de GES du Canada par habitant étaient de 19,6 mégatonnes d'équivalent en dioxyde de carbone (Mt d’éq. CO2),Note de bas de page 2  comparativement à 6,3 Mt d’éq. CO2 à l'échelle mondiale.

Chaque GES présente un potentiel de réchauffement planétaire différent et une durée de vie variée dans l'atmosphère. Les polluants climatiques de courte durée de vie, comme le méthane (CH4) et les hydrofluorocarbures (HFC), sont des GES reconnus pour être très puissants et avoir une durée de vie relativement courte. La réduction des émissions de polluants de courte durée de vie ayant un effet sur le climat peut donc permettre de réduire beaucoup plus vite les concentrations de ces GES dans l'atmosphère que des concentrations comparables de GES plus persistants. C'est donc dire que la prise de mesures immédiates visant à réduire ces GES en particulier peut être très avantageuse pour freiner le réchauffement climatique à court terme.

En 2015, le Canada et 194 autres pays ont conclu l'Accord de Paris qui vise à limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius et à poursuivre les efforts pour limiter l'augmentation à 1,5 degré Celsius. Pour atteindre cet objectif à long terme, l'Accord de Paris demande aux pays d'augmenter leur ambition tous les 5 ans. En 2021, le Canada a rehaussé son objectif initial et s'est engagé à réduire ses émissions de GES entre 40 et 45 % sous ses niveaux d'émission de 2005 d'ici 2030. De plus, le Canada s'est engagé à atteindre des émissions nettes nulles d'ici 2050 et a adopté la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité en juin 2021 afin d'enchâsser cet engagement dans la législation fédérale. Ce faisant, il contribuera à limiter la hausse des températures mondiales moyennes à bien moins de 2 degrés Celsius.

Principaux facteurs à l'origine des émissions de gaz à effet de serre

Une multitude de facteurs a un effet sur le niveau des émissions de GES au Canada. Ces facteurs comprennent la géographie physique du Canada, les changements démographiques de sa population et la croissance économique.

Le Canada est caractérisé par des conditions climatiques hautement variables. Par conséquent, une quantité d'énergie relativement plus importante que dans d'autres pays industrialisés est nécessaire pour chauffer et refroidir les maisons et les immeubles. Le pays est vaste et sa population est éparpillée, ce qui entraîne des temps de déplacements relativement plus importants et une demande plus élevée de transport que dans les pays plus petits ou densément peuplés. De plus, entre 2005 et 2020, le Canada a connu la croissance démographique la plus rapide parmi les pays du G7 et son économie a présenté la 2e plus forte croissance.

En dépit de ces défis, au cours des vingt dernières années, le lien entre la croissance de l'économie et les émissions de GES au Canada a été rompu. Au cours de cette période, des améliorations technologies et des règlements ont été adoptés et mis en œuvre dans divers secteurs économiques, notamment dans le secteur de la production d'électricité, afin de favoriser la réduction des émissions.

D'autres facteurs importants ont une incidence sur les émissions de GES dont l'adoption de pratiques et d'équipement hautement efficaces par les consommateurs et l'industrie. De nos jours, les consommateurs et les industries sont mieux renseignés sur leurs choix de consommation et sur les impacts de ces choix sur l'environnement. Des exemples de ces choix comprennent les moyens empruntés par les gens pour se rendre au travail et les décisions des entreprises concernant l'emplacement des installations de fabrication ainsi que les décisions à propos de l'efficacité des procédés industriels ou la fabrication de produits éconergétiques.

Incidences principales des émissions de gaz à effet de serre

Les rejets de GES et la concentration accrue de ces gaz dans l'atmosphère ont déjà une incidence sur l'environnement, sur la santé humaine et sur l'économie. Ces changements se manifestent notamment dans le Nord canadien et touchent de nombreuses collectivités autochtones et éloignées. Les prévisions indiquent que ces incidences s'aggraveront, à moins que des efforts unifiés ne soient déployés pour réduire les émissions.

Incidences sur l'environnement

  • Les températures annuelles moyennes devraient augmenter.
  • La hausse des températures fera diminuer la couverture de neige, de glaces de mer et de glaciers, ce qui entraînera une élévation du niveau de la mer et une augmentation des inondations côtières. La hausse des températures fera également dégeler le pergélisol dans l'Arctique.
  • L'érosion côtière sera probablement plus marquée dans la plupart des régions en raison des hivers plus doux et de l'amincissement de la couverture de glace.
  • Les niveaux de précipitation devraient augmenter dans la plupart des régions du pays et au cours de toutes les saisons, sauf dans certaines régions du Sud du Canada où l'on prévoit une diminution des précipitations en été et à l'automne.
  • On s'attend à ce que cette hausse des précipitations soit accompagnée d'une augmentation de la fréquence des épisodes de fortes précipitations, ce qui entraînera une hausse du risque d'inondation.
  • La fréquence et la gravité des vagues de chaleur devraient augmenter, provoquant une hausse du risque de feux de forêt.
  • De nombreuses espèces sauvages auront de la difficulté à s'adapter à un climat plus chaud et seront probablement exposées à un stress plus grand causé par les maladies et les espèces envahissantes.

Incidences sur la santé humaine

  • La hausse des températures et de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes peut faire augmenter le risque de décès attribuables à la déshydratation et à l'insolation, ainsi que le risque de blessures dues à des changements intenses dans les conditions météorologiques locales.
  • On pourrait observer une augmentation du risque de problèmes respiratoires et de problèmes cardiovasculaires et de certains types de cancer au fur et à mesure que les températures augmentent et aggravent la pollution de l'air.
  • Le risque de maladies transmises par l'eau, la nourriture, les vecteurs et les rongeurs pourrait augmenter.
  • La santé mentale peut être affectée par les préoccupations associées aux changements climatiques et à ses impacts ou par les traumatismes causés par les aléas climatiques à court terme (événements météorologiques extrêmes) et à long terme (sécheresse, élévation du niveau de la mer, fonte du pergélisol).
  • On prévoit que les collectivités du Nord du Canada, de même que les populations vulnérables, comme les enfants et les personnes âgées, seront les plus touchées par ces changements.

Incidences économiques

  • Les changements des conditions climatiques pourraient entrainer des répercussions sur l'agriculture, la foresterie, le tourisme et les loisirs.
  • On s'attend à ce que les incidences sur la santé humaine ajoutent des pressions économiques sur les systèmes de soins de santé et de soutien social.
  • Les dommages causés aux infrastructures (par exemple, les routes et les ponts) par les phénomènes météorologiques extrêmes, le dégel du pergélisol et l'élévation du niveau de la mer devraient augmenter et entraîneront des conséquences sur les populations locales et le développement des ressources.

Façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre

La lutte contre les changements climatiques exige une action de tous dans toutes les nations. Les gouvernements, les entreprises et les particuliers doivent prendre des mesures importantes afin de réduire les émissions, en utilisant les ressources de façon plus efficace et en adoptant des technologies nouvelles et plus propres.

Gouvernements

En 2016, le Canada a publié le tout premier plan national sur le climat, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, élaboré conjointement par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.

Ce plan prévoit une approche pancanadienne pour établir la tarification de la pollution par le carbone, ainsi que des mesures pour concrétiser la réduction des émissions dans tous les secteurs économiques. Il vise également à stimuler l'innovation et la croissance, c'est-à-dire accroître la conception et l'utilisation de la technologie de façon que les entreprises canadiennes soient concurrentielles dans une économie mondiale à faibles émissions de carbone. Les mesures du Cadre pancanadien mettent en place les fondements pour l’atteinte par le Canada de ces objectifs de 2030 et 2050.

En décembre 2020, le gouvernement du Canada a publié son plan fédéral renforcé sur le climat, Un environnement sain et une économie saine, lequel s’appuie sur les mesures incluses dans le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Le plan contient 64 politiques, programmes et investissements fédéraux nouveaux et renforcés pour réduire la pollution et bâtir une économie plus forte, plus propre, plus résiliente et inclusive. Toujours dans le cadre du plan, le gouvernement du Canada a publié en novembre 2022 la première Stratégie nationale d'adaptation du Canada.

En mars 2022, le gouvernement du Canada a publié le Plan de réduction des émissions de 2030 en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, qui continue de s'appuyer sur les mesures décrites dans les plans climatiques précédents du Canada. Ce plan est une feuille de route qui décrit des mesures et des stratégies sectorielles pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des émissions de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d'ici 2030 et mette en place les éléments de base pour atteindre zéro émission nette d'ici 2050. Le plan sera examiné et mis à jour dans les rapports d'étape produits en 2023, 2025 et 2027. Des objectifs supplémentaires seront élaborés tous les 5 ans de 2035 à 2045, ainsi que des plans associés jusqu'en 2050.

La mise en œuvre du Cadre pancanadien et du plan climatique renforcé ainsi que la publication d'une Stratégie nationale d'adaptation sont des mesures clés ou des jalons inscrites dans la Stratégie fédérale de développement durable. La Stratégie établit les priorités du gouvernement du Canada en matière de développement durable, fixe les objectifs et les cibles et définit les mesures à prendre pour les atteindre. La Stratégie 2022-2026, la cinquième stratégie du Canada, décrit les mesures que le gouvernement prendra en collaboration avec ses partenaires au pays et à l'étranger. À ce titre, elle soutient le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et ses objectifs de développement durable (ODD) à l'échelle planétaire.

Pour connaître les incidences prévues dues aux Règlements sur les émissions de GES développés par le gouvernement du Canada, consultez le résumé de l'étude d'impact de la réglementationNote de bas de page 3  (REIR) qui accompagne chaque règlement. Le REIR souligne les raisons derrière un règlement particulier, ses objectifs ainsi que ses coûts et ses avantages prévus. Le REIR inclut également des détails à propos des consultations effectuées et de la façon dont le gouvernement entend mesurer le rendement du règlement.

Entreprises

Les entreprises tiennent de plus en plus compte de la nécessité de réduire les émissions de GES, ainsi que des considérations liées à la tarification du carbone, au moment de prendre des décisions d'investissement, de planification et d'exploitation pour ainsi améliorer leur résilience et leur compétitivité à long terme. Par leurs actions et leurs investissements, les entreprises peuvent également faciliter la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. À titre d'exemple, près de 40 entreprises canadiennes ont pris part à la Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone (disponible en anglais seulement), initiative volontaire qui vise à soutenir et à encourager la mise en œuvre réussie de la tarification du carbone dans le monde entier.

Le capital et l'expertise du secteur privé seront nécessaires pour contribuer aux objectifs climatiques du Canada et créer une économie résiliente au changement climatique. Soutenu par le lancement récent du Conseil d'action en matière de finance durable, le secteur financier canadien s'efforce d'intégrer la finance durable dans les pratiques courantes de l'industrie. La finance durable fait référence à l'intégration de considérations climatiques et environnementales dans la prise de décision financière. À son tour, cela permet la mobilisation et l'alignement des investissements du secteur privé vers les objectifs climatiques et environnementaux.

Particuliers

Les particuliers peuvent réduire les émissions de GES à la maison, au travail et dans les activités quotidiennes. Nous pouvons tous faire une différence en changeant nos comportements et en prenant des décisions à l'égard de notre mode de vie qui permettent de réduire les émissions. Pour obtenir de plus amples renseignements sur la façon dont la population canadienne peut contribuer à améliorer notre environnement, incluant la réduction des émissions de GES, il faut consulter la page Ce que vous pouvez faire pour améliorer les changements climatiques et l’environnement du site Web des changements climatiques du Gouvernement du Canada.

Sources

Environnement et Changement climatique Canada (2016) Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques.

Environnement et Changement climatique Canada (2019) Les rapports nationaux du Canada à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (2017).

Environnement et Changement climatique Canada (2020) Un environnement sain et une économie saine.

Environnement et Changement climatique Canada (2022) Plan de réduction des émissions pour 2030.

Environnement et Changement climatique Canada (2023) Huitième communication nationale sur les changements climatiques et cinquième rapport biennal du Canada sur les changements climatiques.

Fond monétaire international (2023) World Economic Outlook (April 2023) (en anglais seulement).

Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (2019) Special Report: Global Warning of 1.5°C (en anglais seulement).

Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (2022) Climate Change 2022: Impacts, Adaptation, and Vulnerability (en anglais seulement).

Ressources naturelles Canada (2008) Vivre avec les changements climatiques au Canada : édition 2007.

Ressources naturelles Canada (2015) Vivre avec les changements climatiques au Canada : perspectives des secteurs relatives aux impacts et à l'adaptation.

Ressources naturelles Canada (2016) Le littoral maritime du Canada face à l'évolution du climat.

Santé Canada (2008) Santé et changements climatiques : Évaluation des vulnérabilités et de la capacité d'adaptation au Canada.

World Resources Institute (2023) Climate Watch Country Historical Greenhouse Gas Emissions (en anglais seulement).

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