7. Engagement international en matière de défense

Pour être en mesure de s’occuper de problèmes de sécurité communs, il faut que les Forces armées canadiennes mènent régulièrement des opérations avec des forces armées alliées et partenaires et qu’elles soient interopérables avec elles. Il est rare que le Canada agisse seul et plus normal qu’il agisse au sein d’une alliance ou d’une coalition, habituellement dans le cadre du NORAD ou sous un mandat des Nations Unies ou de l’OTAN. Des partenariats solides avec des alliés, des partenaires et des organisations régionales et internationales sont essentiels à l’exécution efficace du mandat de la Défense. Le Canada est décidé à être un acteur international responsable qui défend les valeurs universelles, participe à la consolidation de la paix et collabore avec des partenaires pour améliorer les capacités et la résilience globales.

Les relations de défense coopératives appuient aussi l’avancement et la promotion des priorités globales du gouvernement – plus particulièrement la sécurité nationale, le commerce, l’assistance internationale et les objectifs de la politique étrangère. La Défense apporte une contribution à ces activités diplomatiques générales en étroite collaboration avec ses partenaires pangouvernementaux, notamment Affaires mondiales Canada, Sécurité publique et les organisations qui relèvent d’elle. L’Équipe de la Défense doit être en mesure de travailler à l’étranger en collaboration avec ses partenaires pangouvernementaux, en exploitant toutes les forces du gouvernement du Canada d’une façon coordonnée et cohérente pour s’attaquer aux problèmes internationaux. Cela peut consister à collaborer avec des organisations non gouvernementales et des autorités civiles qui coopèrent régulièrement avec le gouvernement du Canada afin de réaliser des objectifs communs.

Consciente que les intérêts stratégiques du Canada sont engagés de différentes façons selon la région du monde, la Défense privilégiera une approche taillée sur mesure à l’égard des partenariats internationaux. Cela consistera notamment à maintenir un réseau de partenariats de défense souple et adaptable.

Outre le resserrement de son engagement avec des alliés de longue date aux vues similaires, la Défense visera également des relations plus solides avec d’autres pays clés, notamment ceux confrontés à de l’instabilité ou dont les politiques et les perspectives ne sont pas alignées sur celles du Canada. Un engagement actif avec d’autres forces armées et ministères de la défense offre des occasions de développer une compréhension mutuelle, d’accroître la transparence, de régler des différends, de faire preuve de leadership et de faire valoir les valeurs canadiennes.

Diplomatie de la défense

Des relations profondes et significatives avec des partenaires internationaux permettent à l’Équipe de la Défense de faire ce qui suit :

  • Améliorer la connaissance de la situation au moyen d’une collaboration en matière de renseignement;
  • Accroître l’interopérabilité et l’efficacité opérationnelle;
  • Augmenter la mobilité et la portée au moyen d’ententes en matière de logistique et de diplomatie;
  • Renforcer les capacités de nos partenaires;
  • Promouvoir la coopération au chapitre du matériel de défense et les possibilités d’exportation pour l’industrie canadienne; et
  • Échanger des leçons retenues et des pratiques exemplaires.

Plus important encore, les partenariats signalent l’engagement du Canada à collaborer avec ses alliés, ses partenaires et la communauté internationale dans son ensemble pour régler des problèmes communs de sécurité et apporter une contribution utile à la sécurité et la stabilité mondiales.

Partenariats internationaux du Canada en matière de défense

Le Canada est engagé partout dans le monde. Notre engagement envers le NORAD, l’OTAN et le Groupe des Cinq est indéfectible. Le Canada et les États-Unis partagent une relation de défense sans parallèle forgée par une géographie, des valeurs et des intérêts communs, des liens historiques profonds et nos économies fortement intégrées. Cette relation est indispensable à tous points de vue pour les intérêts en matière de défense et la prospérité économique du Canada. Le NORAD a été créé en 1958 comme un moyen de dissuasion et de défense contre les menaces aérospatiales contre l’Amérique du Nord. Depuis, les menaces auxquelles fait face l’Amérique du Nord ont évolué considérablement dans les environnements aérien et maritime. De plus, des progrès remarquables ont été réalisés dans de nouveaux domaines ainsi que dans les technologies des armes, dont les missiles balistiques et de croisière. Le Canada n’a pas changé sa politique quant à sa participation à la défense antimissile balistique. Toutefois, dans le cadre de la modernisation du NORAD, nous avons l’intention, en collaboration avec les États-Unis, de jeter un regard d’ensemble sur les menaces et les dangers qui guettent l’Amérique du Nord dans tous les domaines.

À l’approche du 60e anniversaire du NORAD, en 2018, le Canada collaborera avec les États-Unis pour moderniser le Commandement et surmonter ces défis ainsi que ceux concernant la défense continentale. Il s’agit d’une approche globale et prudente qui tient compte de tous les dangers. Le Canada et les États-Unis examineront conjointement les options en vue de renouveler le Système d’alerte du Nord et de moderniser le NORAD, ce qui est essentiel à la réalisation du mandat d’alerte et de contrôle aérospatiaux et d’alerte maritime du NORAD.

À l’extérieur du continent nord-américain, le Canada continuera de collaborer à l’échelle internationale avec les États-Unis, dans le respect des valeurs et des intérêts canadiens, en participant à des activités complémentaires qui apportent une contribution à la stabilité internationale, ce qui se traduira par le maintien de notre sécurité nationale.

Le Canada demeure décidé à exercer intégralement sa souveraineté dans le Nord canadien, et continuera de surveiller de près les activités militaires dans la région et d’y mener des opérations et des exercices militaires au besoin. L’intérêt renouvelé du Canada pour la surveillance et le contrôle de l’Arctique canadien sera complété par une collaboration étroite avec des partenaires choisis de l’Arctique, notamment les États-Unis, la Norvège et le Danemark, dans la perspective de rehausser la surveillance et le contrôle de la grande région de l’Arctique.

Nouvelle initiative

Pour assurer la sécurité continue de l’Amérique du Nord, l’Équipe de la Défense devra :

  1. Moderniser le NORAD en vue de faire face aux défis actuels et aux menaces en évolution pour l’Amérique du Nord, tout en tenant compte de l’ensemble des menaces.

Alors que les huit États de l’Arctique (Canada, Danemark, États-Unis, Islande, Norvège, Suède, Finlande et Russie) demeurent à juste titre les principaux acteurs dans l’Arctique, le Canada reconnaît l’intérêt accru des États et des organisations non arctiques et collaborera avec tous les partenaires bien disposés pour faire avancer les intérêts communs en matière de sécurité.

L’OTAN est le fondement des relations de défense du Canada en Europe. Le Canada jouit aussi d’un certain nombre de relations bilatérales étroites avec certains pays de la région en raison de valeurs et d’intérêts communs. La plus importante de ces relations est celle que le Canada entretient avec le Royaume-Uni, avec qui il maintient déjà des liens militaires étroits et dynamiques enracinés dans l’histoire, fondés sur des valeurs communes et ancrées dans une étroite collaboration en matière de défense. De façon similaire, le Canada entretient des liens historiques et linguistiques serrés avec la France. Le Canada a l’intention d’approfondir ces relations et de chercher des occasions de les renforcer.

Le multilatéralisme en action

Nations Unies

Le Canada est pleinement décidé à renouveler son engagement auprès des Nations Unies et à accroître sa contribution aux opérations de paix des Nations Unies. Les Nations Unies ont un rôle critique à jouer en façonnant l’ordre international fondé sur des règles et apportent des contributions importantes à la stabilité mondiale, à la prévention des conflits et à la protection des civils. Apporter notre contribution aux efforts des Nations Unies visant à promouvoir et à soutenir la paix et la sécurité mondiales sert directement les intérêts du Canada. Un monde plus pacifique est également un monde plus sécuritaire et prospère pour le Canada. La Défense nationale fournira des contributions importantes de personnel et de formation canadiens dans le contexte des opérations de paix des Nations Unies, notamment en augmentant ses effectifs au Siège des Nations Unies et en augmentant les efforts en matière de formation et de renforcement des capacités. Les Nations Unies ont reconnu l’évolution de la nature et la complexité des opérations de paix, et le Canada accueille les efforts continus des Nations Unies pour faire en sorte que l’organisation et ses États membres puissent s’adapter efficacement. Le Canada reconnaît que la direction des opérations de paix par les Nations Unies offre un certain nombre d’avantages importants : cela confère une légitimité aux interventions, facilite le partage du fardeau, diffuse le risque et permet au Canada et à d’autres pays d’apporter des contributions en fonction de leurs forces et capacités particulières.

Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN)

Le Canada a été un membre fondateur de l’OTAN en 1949, et l’Alliance constitue depuis sa création le principal pilier de la défense euro-atlantique et la pierre angulaire de la politique de défense et de sécurité du Canada. L’OTAN offre des avantages importants pour la sécurité du Canada et ses intérêts dans le monde. L’adhésion à l’OTAN s’accompagne aussi d’obligations importantes. L’article 5 du Traité de Washington garantit qu’une attaque armée contre un ou plusieurs alliés est considérée comme une attaque contre tous les membres, ce qui oblige le Canada à être prêt à intervenir. L’adhésion à l’Alliance – en vertu de l’Article 3 du Traité – exige aussi des alliés qu’ils maintiennent leurs capacités individuelles et collectives pour se défendre et résister à une attaque. La capacité de l’OTAN de réagir à une attaque repose sur l’Article 3. Le Canada s’est doté de capacités ayant pour objet de défendre notre vaste territoire, notamment des forces maritimes, des chasseurs, des moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, des capacités de mobilité aérienne, et le ravitaillement en vol. Ces capacités sont également indispensables pour l’Alliance.

Alors que les activités de gestion de crise de l’OTAN ont suscité beaucoup d’intérêt au cours des dernières années, la défense collective et la sécurité coopérative demeurent des missions essentielles de l’Alliance, tout comme la dissuasion, qui prend de plus en plus de place dans le contexte de sécurité actuel. La Défense continuera à faire preuve d’un engagement constant à l’égard de l’OTAN en maintenant des forces expéditionnaires interopérables de grande qualité pouvant être déployées par le Canada, au besoin, pour contribuer efficacement à la posture de dissuasion, aux opérations, aux exercices et aux activités de renforcement des capacités de l’OTAN. Le Canada soutient les efforts de l’OTAN visant à assurer sa préparation à réagir à un contexte de sécurité en évolution rapide. La contribution du Canada en tant que pays-cadre de la présence renforcée avancée de l’OTAN en Europe centrale et orientale témoigne de cet engagement. Les efforts de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération, aussi, contribuent directement à la réalisation des objectifs fondamentaux de l’Alliance, soit apporter une contribution à des relations internationales plus sûres, stables et prévisibles.

Groupe des Cinq

Misant sur nos valeurs communes et une longue tradition de coopération opérationnelle, les partenaires du Groupe des Cinq, à savoir le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, sont essentiels à la protection des intérêts canadiens et contribuent directement au succès opérationnel. Créé à des fins d’échange de renseignement, ce partenariat continue d’accroître considérablement notre capacité de comprendre le contexte de sécurité internationale et d’y réagir, et augmente notre interopérabilité avec les alliés. Le Groupe des Cinq est de plus en plus un forum de consultation et de coordination pour un nombre plus grand de questions stratégiques et opérationnelles clés, notamment l’utilisation de l’espace par les forces armées et la collaboration en matière de recherche et développement. La Défense nationale continuera de resserrer ses liens avec ses partenaires du Groupe des Cinq, notamment quand il s’agira d’étendre la coopération dans l’espace et en matière d’innovation.

Le Canada est aussi un État du Pacifique. Étant donné l’importance accrue de l’Asie-Pacifique pour la sécurité et la prospérité canadiennes, le Canada s’engage à être un acteur fiable dans la région, par un engagement soutenu et des partenariats solides. Nous établirons des dialogues stratégiques utiles avec des puissances régionales clés pour échanger des vues sur des questions de sécurité régionale et les menaces contre la stabilité régionale, notamment les disputes territoriales et la situation dans la péninsule de Corée. Cela se manifestera au moyen d’une présence continue dans la région, notamment par des visites de haut niveau et la participation aux exercices régionaux. Nous travaillerons de près avec nos partenaires de longue date, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis sur des questions de sécurité en Asie-Pacifique. Nous nous efforcerons de développer des relations plus fortes avec les autres pays de la région, en particulier la Chine. De plus, nous renforcerons notre collaboration avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). Tandis que le Canada cherche à devenir membre du Sommet de l’Asie de l’Est, le ministère de la Défense nationale cherchera de son côté à être inclus dans la Réunion élargie des ministres de la Défense de l’ANASE. La participation à ce forum important aidera le Canada à comprendre l’architecture de sécurité de la région et d’y jouer un rôle plus actif. Nous serons ainsi plus aptes à contribuer à la stabilité et à la sécurité en Asie-Pacifique. De plus, nous poursuivrons notre coopération avec nos alliés et partenaires dans la région en rehaussant notre participation au Forum régional de l’ANASE.

En Afrique, l’Équipe de la Défense travaillera dans le cadre d’une approche pangouvernementale intégrée pour faire avancer les intérêts du Canada, notamment en apportant une contribution à la paix et la sécurité en s’investissant de nouveau dans les opérations de paix des Nations Unies, en fournissant de la formation, en appuyant le développement et en autonomisant les femmes et les filles. Notre approche à l’égard de l’Afrique sera de contribuer concrètement à l’atteinte de la stabilité nécessaire à l’avancement des objectifs en matière de développement durable et à la création des conditions propices à la paix. Pour réussir, la Défense devra établir de nouvelles relations bilatérales en Afrique, plus particulièrement avec l’Union africaine, compte tenu de son rôle de chef de file dans les efforts de maintien de la paix dans la région. De telles relations en Afrique sont importantes pour prévenir les conflits et aider à endiguer l’expansion de l’instabilité.

Au Moyen-Orient, les principaux intérêts stratégiques du Canada seront de poursuivre notre contribution à la paix et la sécurité régionales, en plus de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et de réduire la menace du terrorisme. Cela exige des relations solides pour assurer le réapprovisionnement, le transbordement de matériel, le survol d’aéronefs et autres autorisations diplomatiques pour l’équipement et le personnel à l’appui des opérations. L’Équipe de la Défense continuera de collaborer avec ses partenaires dans la région pour assurer la stabilité, notamment au moyen d’opérations maritimes multinationales, et de faciliter les besoins opérationnels au moyen d’Accords de coopération en matière de défense et d’autres accords diplomatiques et logistiques d’intérêt mutuel. Un intérêt particulier pour le renforcement des capacités et la participation à diverses opérations sera maintenu.

Dans les Amériques, le Canada continuera de collaborer avec des partenaires partout dans l’hémisphère pour développer des capacités régionales, encourager la souplesse opérationnelle et favoriser la professionnalisation des forces armées. Une coopération et un engagement réguliers sont essentiels pour relever les défis en matière de sécurité et de défense de la région. Le Canada a l’occasion de faire preuve de leadership dans des domaines comme le renforcement des capacités, l’intégration des questions d’égalité des sexes dans l’élaboration de politiques publiques, ainsi que l’assistance humanitaire et les secours aux sinistrés. Le Canada continuera aussi d’exploiter ses relations de défense bilatérales solides pour appuyer des organisations multilatérales comme la Conférence des ministres de la Défense des Amériques et la Commission interaméricaine de défense, en plus de maintenir son soutien à d’autres ministères pour contrer le trafic illicite de drogues, de personnes, d’armes et d’argent, ainsi que d’autres activités criminelles transnationales.

Diplomatie de défense

Les forces armées ne peuvent respecter leur engagement dans le monde sans y être présentes, ce qui se manifeste également dans l’établissement et le maintien de solides relations avec nos alliés, nos partenaires et d’autres forces armées et institutions multilatérales. Ces relations de collaboration améliorent les connaissances, la compréhension et l’interopérabilité; permettent l’échange de pratiques exemplaires; et contribuent finalement au succès des opérations de façon importante. Ce genre d’engagement militaire continu dans le monde est souvent désigné comme étant de la « diplomatie de défense ».

Les efforts de diplomatie de défense actuels des Forces armées canadiennes comportent trois volets principaux : (1) des échanges et des affectations coordonnés avec les alliés les plus proches du Canada, particulièrement avec les États-Unis et nos partenaires du Groupe des Cinq; (2) une participation active et continue au sein des organisations multilatérales, principalement au sein de l’OTAN et des Nations Unies; (3) une représentation militaire au sein de nos missions diplomatiques partout dans le monde.

Les postes que prévoient ces volets sont remplis par des militaires qui font partie des effectifs des Forces armées canadiennes affectés à l’étranger, ce qui comprend la composante canadienne du Quartier général du NORAD et d’autres formations aux États-Unis, des officiers d’état-major administratif et d’échange opérationnel, des officiers généraux remplissant des postes de dirigeant important dans des quartiers généraux aux États-Unis et à l’OTAN, et des attachés de défense partout dans le monde.

La diplomatie de défense est essentielle au succès de nos engagements dans le monde et à une meilleure compréhension du monde complexe qui nous entoure. En étant en contact de façon directe et au quotidien avec les dirigeants militaires de nombreux pays, le réseau des attachés de défense des Forces armées canadiennes favorise une compréhension pointue et nuancée des perspectives et des motivations des acteurs mondiaux, et de la dynamique de la sécurité dans différentes régions. La représentation de la Défense au sein des missions diplomatiques du Canada renforce l’engagement local par rapport à un éventail de questions en matière de sécurité et de défense, et contribue aux priorités du Canada en matière de politique étrangère et de relations commerciales. Ce qui est peutêtre le plus important, c’est que les attachés de défense établissent et maintiennent des liens qui facilitent la collaboration et les communications opérationnelles, y compris en temps de crise.

Pour atteindre ces objectifs importants, les Forces armées canadiennes évalueront régulièrement le contexte de sécurité en évolution, les priorités opérationnelles et en matière de politique étrangère, et les besoins clés en développement de capacités et en instruction afin de déterminer l’emplacement optimal de l’empreinte des effectifs affectés à l’étranger.

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