Pneumococcies invasives

Professionnels de la santé

Les pneumococcies invasives (PI) sont des maladies transmissibles aiguës et graves dues à la bactérie Streptococcus pneumoniae. Ces maladies invasives peuvent donner lieu à plusieurs syndromes comme la méningite et la bactériémie. Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) recommande l'immunisation contre les pneumococcies.

Agent infectieux

Les pneumococcies invasives sont causées par la bactérie gram positif S. pneumoniae. Il existe actuellement 92 sérotypes reconnus à l'échelle mondiale, dont 15 sont à l'origine de la plupart des maladies qui y sont associées. Au Canada, environ 50 sérotypes différents sont identifiés chaque année.

Réservoir

Les humains.

Spectre de la maladie clinique

La colonisation transitoire des voies respiratoires supérieures par le pneumocoque est courante chez les personnes en santé. On estime ainsi que 20 à 60 % des enfants en santé sont porteurs de la bactérie. Les individus colonisés sont dans leur grande majorité des porteurs asymptomatiques qui ne montrent aucun symptôme observable.

Chez un petit nombre de porteurs, la bactérie envahit un site normalement stérile, comme le sang ou les méninges, ce qui cause la pneumococcie invasive (PI). Les symptômes peuvent apparaître entre un et trois jours après l'infection. La pneumonie s'accompagnant d'une bactériémie secondaire, la bactériémie et la méningite sont les formes de pneumococcie invasive les plus courantes.

La bactériémie est la pneumococcie invasive la plus fréquente chez les enfants de deux ans et moins. La pneumonie bactériémique à pneumocoques est la manifestation la plus courante chez les adultes et elle constitue une complication fréquente de la grippe. Le taux de létalité attribuable à la pneumonie bactériémique à pneumocoques va de 5 à 7 % et est plus élevé chez les personnes âgées.

Transmission

Au Canada, les pneumococcies invasives sont plus courantes en hiver et au printemps. La période d'incubation n'est pas clairement établie et pourrait n'être que de un à trois jours. S. pneumoniae se transmet par contact buccal direct, par des gouttelettes respiratoires, ou par contact indirect avec des sécrétions respiratoires de personnes infectées ou colonisées par la bactérie (p. ex. lorsque ces personnes éternuent, toussent ou parlent).

Une personne peut transmettre l'infection aux autres aussi longtemps que la bactérie est présente dans ses sécrétions nasales et buccales. La transmission cesse dès que la bactérie disparaît du nez et de la bouche, habituellement jusqu'à 24 heures après le début d'un traitement antibiotique adéquat.

Répartition de la maladie (à l'échelle mondiale)

Les infections causées par S. pneumoniae constituent une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde, et la pneumonie est la principale cause de décès attribuable au pneumocoque. L'Organisation mondiale de la Santé estime à près de 500 000 le nombre d'enfants de moins de cinq ans qui meurent chaque année des suites d'une pneumococcie. Les pneumocoques sont également une des deux principales causes de méningite bactérienne chez les nourrissons et les jeunes enfants. En Europe et aux États-Unis, chaque année, environ 15 à 19 adultes sur 100 000 sont atteints de bactériémie et environ 1 ou 2 sur 100 000 de méningite.

Pour des renseignements supplémentaires sur la répartition de la maladie à l'échelle mondiale, veuillez vous reporter au site Web de l'Organisation mondiale de la Santé. (en anglais seulement)

Facteurs de risque

Les pneumococcies invasives s'observent le plus souvent chez les très jeunes enfants, les personnes âgées et les groupes à haut risque. La sensibilité à l'infection augmente avec la présence de facteurs qui ont une influence sur les voies respiratoires inférieures (p. ex. la grippe, un œdème pulmonaire, une maladie pulmonaire chronique, l'exposition à des irritants environnementaux comme la fumée de cigarette [tabagisme actif ou passif]) ainsi qu'avec la présence de certaines affections chroniques (p. ex. fonction splénique défaillante, déficit immunitaire acquis ou congénital, maladie cardiovasculaire).

Prévention et contrôle

Les maladies invasives dues à 24 des 92 sérotypes de S. pneumoniae reconnus peuvent être prévenues par la vaccination. La résistance aux antimicrobiens de certains pneumocoques rend la prévention par la vaccination encore plus importante.

Il existe deux types de vaccins pour prévenir les pneumococcies invasives : les vaccins conjugués contre le pneumocoque et les vaccins polysaccharidiques contre le pneumocoque. Les vaccins conjugués sont recommandés pour l'immunisation systématique des nourrissons. Le vaccin polysaccharidique est recommandé pour les enfants âgés de plus de deux ans qui sont exposés à un risque élevé de pneumococcie invasive et pour tous les adultes en bonne santé. Le Guide canadien d'immunisation comprend un sommaire des sérotypes contenus dans les vaccins pouvant être utilisés au Canada.

Pour des recommandations précises à propos des vaccins contre le pneumocoque et leur utilisation, veuillez consulter la version la plus récente du Guide canadien d'immunisation ainsi que les déclarations du CCNI sur la pneumococcie invasive.

Épidémiologie des pneumococcies invasives au Canada

Les pneumococcies invasives sont des maladies à déclaration obligatoire partout au Canada depuis 2000. Les données sont collectées au moyen du Système canadien de surveillance des maladies à déclaration obligatoire. Ce système n'établit pas de liens entre les données épidémiologiques et les données de laboratoire en ce qui a trait aux pneumococcies invasives. Il est toutefois possible d'obtenir au Canada quelques renseignements sur les sérotypes des pneumococcies invasives au moyen d'analyses de référence d'isolats effectuées depuis 2010 par l'équipe de surveillance des streptocoques du Laboratoire national de microbiologie (LNM). Il s'agit d'un système de surveillance passif à participation volontaire dans lequel les souches sont envoyées au Laboratoire national de microbiologie pour des services de diagnostic de référence. Ce système de surveillance passive n'est pas représentatif à l'échelle nationale. Il est limité par les différences en matière de déclaration qui existent entre les provinces et les territoires, par la variabilité de la taille d'échantillonnage dans les petites administrations, où les nombres de cas sont faibles, mais où les proportions relatives sont fortes, et par la disponibilité de souches bactériennes à envoyer aux fins d'analyse.

L'épidémiologie des pneumococcies invasives a été grandement influencée par l'introduction de vaccins efficaces. Entre 2002 et 2006, le vaccin conjugué heptavalent contre le pneumocoque (Pneu-C-7) a été intégré au calendrier de vaccination systématique de l'ensemble des provinces et territoires du Canada. Le vaccin conjugué contre le pneumocoque 10-valent (Pneu-C-10) est arrivé sur le marché en 2009 et, en 2010 et 2011, le vaccin conjugué contre le pneumocoque 13-valent (Pneu-C-13) a été intégré au calendrier de vaccination systématique de l'ensemble des provinces et territoires du Canada, en remplacement du vaccin Pneu-C-7. Le vaccin polysaccharidique contre le pneumocoque 23-valent (Pneu-P-23) a été homologué pour utilisation au Canada en 1983. Depuis 2001, l'ensemble des provinces et des territoires le proposent aux personnes âgées de 65 ans et plus ainsi qu'aux personnes âgées de moins de 64 ans qui ont des affections médicales chroniques qui les prédisposent aux pneumococcies invasives.

Selon les documents publiés à la suite de l'introduction du vaccin Pneu-C-7, on a constaté une forte diminution des cas pédiatriques de pneumococcie invasive attribuables aux sérotypes associés au Pneu-C-7. On a également observé une diminution des cas de pneumococcie invasive causés par le sérotype du Pneu-C-7 chez les personnes âgées de 65 ans et plus, un effet indirect de l'immunisation du groupe d'âge pédiatrique. Cependant, l'incidence des pneumococcies invasives attribuables à des sérotypes non vaccinaux a augmenté durant les années suivantes. À la suite de l'introduction du vaccin Pneu-C-13, des données préliminaires laissent à penser que bien que l'incidence générale des pneumococcies invasives soit restée relativement stable, les diminutions dans la population pédiatrique ont été considérables. Toutefois, on attend toujours les données sur l'efficacité du vaccin Pneu-C-13.

Comme le montre la Figure 1, le nombre de cas de pneumococcie invasive signalés au moyen du Système canadien de surveillance des maladies à déclaration obligatoire est passé de 1 358 en 2000 à 3 326 en 2011 au Canada. L'incidence générale des pneumococcies invasives a augmenté de façon continue entre 2000 et 2004, avant de subir quelques variations légères et d'atteindre un plateau à partir de 2008 jusqu'à 2011. Cependant, il s'agit vraisemblablement d'un biais dû à l'ajout récent (2000) des pneumococcies invasives à la Liste des maladies à déclaration obligatoire à l'échelle nationale. Plus important encore, les données sur les sérotypes ne sont pas disponibles à l'échelle nationale, ce qui limite la capacité de discerner l'incidence des sérotypes particuliers (qui peuvent être prévenus ou non par des vaccins) sur l'incidence générale des pneumococcies invasives.

Figure 1 : Nombre de cas déclarés de pneumococcies invasives et taux d'incidence (pour 100 000 habitants) par année au Canada, entre 2000 et 2011Note de bas de page * 

Équivalent Textuel - Figure 1

Au Canada, le nombre annuel de cas de pneumococcie invasive était compris entre 1 358 et 3 326, entre 2000 et 2011 (1 358 en 2000; 1 733 en 2001; 2 261 en 2002; 2 725 en 2003; 2 914 en 2004; 2 857 en 2005; 2 883 en 2006; 3 240 en 2007; 3 187 en 2008; 3 288 en 2009; 3 326 en 2010; 3 277 en 2011). Le nombre de cas semble augmenter de 2000 à 2004, mais il s'agit vraisemblablement d'un biais dû à l'ajout récent (2000) de la pneumococcie invasive à la Liste des maladies à déclaration obligatoire à l'échelle nationale.

Entre 2000 et 2011, le taux d'incidence annuel de la pneumococcie invasive au Canada a varié de 4,4 à 9,8 cas pour 100 000 habitants. L'incidence est passée de 4,4 à 9,1 cas pour 100 000 habitants entre 2000 et 2004, et a été relativement stable en 2005 et en 2006 en restant à 8,9 cas pour 100 000 habitants. De 2007 à 2011, l'incidence a été relativement stable, soit à une valeur moyenne de 9,7 cas pour 100 000 habitants (entre 9,5 et 9,9).

L'incidence générale des pneumococcies invasives a varié de 4,4 à 9,8 cas pour 100 000 habitants durant la période 2000-2011. Les taux d'incidence (pour 100 000 habitants) par groupes d'âge étaient de 34,6 chez les nourrissons de moins de 1 an, de 22,8 chez les enfants de 1 à 4 ans et de 19,0 chez les adultes de 60 ans et plus. Les enfants de moins de 1 an représentaient 4 % des cas de pneumococcie invasive au Canada. Le pourcentage atteignait 11 % chez les enfants de 1 à 4 ans et 40 % chez les adultes de 60 ans et plus.

Figure 2 : Pourcentage des cas de pneumococcie invasive causés par les sérotypesNote de bas de page 1 , par groupe d'âge et catégorie de sérotypes vaccinauxNote de bas de page 2  au Canada, en 2011

Équivalent Textuel - Figure 1

Au Canada, le nombre annuel de cas de pneumococcie invasive était compris entre 1 358 et 3 326, entre 2000 et 2011 (1 358 en 2000; 1 733 en 2001; 2 261 en 2002; 2 725 en 2003; 2 914 en 2004; 2 857 en 2005; 2 883 en 2006; 3 240 en 2007; 3 187 en 2008; 3 288 en 2009; 3 326 en 2010; 3 277 en 2011). Le nombre de cas semble augmenter de 2000 à 2004, mais il s'agit vraisemblablement d'un biais dû à l'ajout récent (2000) de la pneumococcie invasive à la Liste des maladies à déclaration obligatoire à l'échelle nationale.

Entre 2000 et 2011, le taux d'incidence annuel de la pneumococcie invasive au Canada a varié de 4,4 à 9,8 cas pour 100 000 habitants. L'incidence est passée de 4,4 à 9,1 cas pour 100 000 habitants entre 2000 et 2004, et a été relativement stable en 2005 et en 2006 en restant à 8,9 cas pour 100 000 habitants. De 2007 à 2011, l'incidence a été relativement stable, soit à une valeur moyenne de 9,7 cas pour 100 000 habitants (entre 9,5 et 9,9).

Dans l'ensemble, en 2011, selon l'équipe de surveillance des streptocoques du Laboratoire national de microbiologie, les sérotypes du Pneu-C-7 représentaient la plus faible part de l'ensemble des cas (7 %), confirmant l'efficacité du programme de vaccination, tandis que les sérotypes du Pneu-C-13 et du Pneu-P-23 avaient causé le plus lourd fardeau de maladies (26 % pour chaque vaccin), suivis de près par les sérotypes non vaccinaux (24 %) (Figure 2).

Il est à noter qu'en 2011, le type de vaccin associé responsable de la plus grande proportion de cas de pneumococcie invasive a varié par groupe d'âge. Les sérotypes du Pneu-C-13 représentaient la majorité (53 %) des cas dans le groupe d'âge des 2 à 4 ans, tandis que les sérotypes du Pneu-P-23 prédominaient dans les groupes d'âge des 15 à 49 ans (32 %) et des 50 à 64 ans (27 %). Pour les groupes d'âge des moins de 2 ans ou des 65 ans et plus, la maladie invasive était le plus fréquemment causée par les sérotypes non vaccinaux (34 % et 33 %, respectivement).

Étant donné que le vaccin Pneu-C-13 a été introduit dans les provinces et les territoires canadiens de 2010 à 2011 et que les données présentées dans la Figure 2 reflètent les cas sérotypés en 2011, il n'est pas surprenant qu'une grande proportion des cas liés au Pneu-C-13 se trouvent dans le groupe d'âge des 2 à 4 ans. Certains sérotypes contre lesquels le vaccin Pneu-C-13 offre une protection sont connus pour faire preuve de résistance aux antimicrobiens, ce qui limite de fait les options pour un traitement efficace. Par conséquent, il sera important de continuer la surveillance afin de déterminer si au Canada, il y réduction de l'incidence au fil du temps en raison de l'utilisation du vaccin Pneu-C-13.

Surveillance des pneumococcies invasives au Canada

Les professionnels de la santé au Canada jouent un rôle essentiel pour ce qui est de déceler et de signaler les cas de pneumococcie invasive. Consultez la section Surveillance pour des renseignements supplémentaires sur la surveillance des pneumococcies invasives au Canada.

Ressources sur les pneumococcies invasives (PI)

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