Grippe aviaire A (H5N1) : Pour les professionnels de la santé

Situation actuelle

Les autorités fédérales, provinciales et territoriales répondent actuellement contre une éclosion généralisée de grippe A (H5N1) dans tout le Canada. Nous surveillons les cas détectés chez les humains et les animaux à l'échelle mondiale, y compris les récents cas associés à des vaches laitières aux États-Unis. Le risque d'infection par le virus de la grippe aviaire pour les personnes au Canada reste faible. Pour en savoir plus :

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Renseignements clés

Des éclosions d'influenza aviaire A (H5N1) chez les oiseaux domestiques et sauvages de même que chez certains mammifères sont apparus récemment et se sont répandus en Europe, en Amérique du Nord, notamment dans tout le Canada, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les régions subantarctiques et en Antarctique. Les autorités gouvernementales du Canada répondent actuellement à l'épidémie de grippe A (H5N1) qui touche les oiseaux d'élevage et la faune sauvage partout au Canada.

La grippe A (H5N1) est un sous-type du virus de la grippe aviaire qui infecte principalement les oiseaux mais qui a été identifiée chez d'autres animaux et a provoqué des infections rares et sporadiques chez les humains.

Les cas humains de grippe A (H5N1) sont principalement dus à une transmission zoonotique par contact direct avec des oiseaux infectés (morts ou vivants) ou des environnements contaminés. La transmission interhumaine est rare et il n'y a aucune preuve de transmission durable entre les humains.

Le virus touche principalement les voies respiratoires, mais il peut aussi causer des manifestations gastro-intestinales ou du système nerveux central. L'infection peut évoluer vers une maladie grave et peut être fatale.

Les cliniciens et le personnel de laboratoire de première ligne sont encouragés à suivre le Protocole d'enquête microbiologique concernant les Infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) afin de faciliter le diagnostic des infections respiratoires sévères causées par des agents pathogènes à potentiel épidémique.

Les antiviraux utilisés pour traiter la grippe peuvent être efficaces pour réduire la morbidité et la mortalité, surtout s'ils sont administrés tôt dans l'évolution de la maladie. L'utilisation prophylactique d'antiviraux spécifiques de la grippe (avant et après l'exposition) peut prévenir la maladie. Les vaccins contre la grippe saisonnière n'offrent pas de protection contre la grippe A (H5N1).

Les infections humaines de la grippe A (H5N1) sont à déclaration obligatoire en vertu du Règlement sanitaire international (2005). Les autorités de santé publique provinciales et territoriales sont tenues de signaler les cas humains confirmés et probables de grippe A (H5N1), quels que soient les symptômes ou la gravité de la maladie, à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) dans les 24 heures suivant leur propre notification, conformément au Formulaire de déclaration des cas d'agents pathogènes respiratoires émergents et les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS). L'ASPC est tenue de signaler à l'Organisation mondiale de la santé tout cas humain détecté au Canada, conformément aux exigences et aux délais du Règlement sanitaire international (2005).

Pour des recommandations détaillées sur la gestion de la santé publique et les exigences en matière de déclaration, consultez les autorités sanitaires locales, provinciales ou territoriales appropriées.

Agent pathogène

L'influenza aviaire A (H5N1) est un membre de la famille des Orthomyxoviridae.

Les virus de la grippe sont des virus à acide ribonucléique (ARN) enveloppés. Les souches du virus de la grippe peuvent être classées en fonction de leurs protéines de base : influenza A, influenza B, influenza C et influenza D. L'influenza D est observée chez les animaux, principalement le bétail; elle n'est pas connue pour causer des maladies chez l'humain.

Les virus de la grippe A peuvent être subdivisés en fonction de leurs glycoprotéines de surface antigéniques : HA (hémagglutinine) et NA (neuraminidase). À ce jour, 16 sous-types HA et 9 NA de la grippe A ont été détectés chez les oiseaux sauvages et les volailles.

La grippe aviaire A (H5N1) est classée comme une grippe aviaire hautement pathogène (IAHP), en fonction de la gravité de la maladie provoquée chez les oiseaux.

Transmission

La grippe aviaire A (H5N1) peut être transmise à l'humain de différentes manières.

Selon la source de l'infection, la transmission peut être divisée en 4 catégories.

De l'animal à l'humain

La transmission du virus se fait par inhalation ou par contact avec les muqueuses (par exemple, les yeux, le nez, la bouche). Les personnes peuvent être exposées au virus par contact avec diverses sources : sécrétions (mucus, salive), sang et excréments d'animaux infectés (le virus est excrété dans les sécrétions et les excréments).

Situations dans lesquelles la transmission est possible :

Des cas d'infection chez des humains ont été signalés après la plumaison de cygnes morts infectés par le virus de la grippe A (H5N1). Il a été déterminé que le virus de la grippe A (H5N1) peut survivre dans les plumes pendant plusieurs semaines à des températures modérées, et plus de 5 mois à des températures plus fraîches.

La grippe aviaire A (H5N1) n'est pas bien adaptée aux mammifères. Par contre, on note une augmentation du nombre de déclarations où une transmission entre des mammifères non humains aurait pu avoir lieu. Bien que rare, la transmission d'un mammifère infecté à un humain est considérée comme possible. Cependant, les preuves sont actuellement limitées.

On a démontré que les mutations trouvées dans certaines des souches recombinantes eurasiennes/nord-américaines de la grippe A (H5N1) circulant chez les oiseaux et les mammifères d'Amérique du Nord de 2022 à 2024 augmentent l'activité de la polymérase et la réplication dans les cellules de mammifères, aident à échapper à la réponse immunitaire et augmentent la virulence chez les souris de façon expérimentale. En outre, les résultats préliminaires récents d'études de pathogénicité et de transmissibilité indiquent que les souches recombinantes A (H5N1) provoquent une maladie plus grave chez les furets, ce qui accroît les inquiétudes quant au potentiel de transmission à l'humain.

Pour en savoir plus :

Transmission par voie alimentaire

Bien que les aliments que nous consommons au Canada soient parmi les plus sûrs au monde, certains aliments crus et leur jus peuvent être contaminés par des bactéries, des virus et des parasites (pathogènes d'origine alimentaire) qui peuvent rendre une personne malade.

Il est important de noter qu'il n'existe aucun élément probant suggérant que la consommation d'aliments entièrement cuits, comme la volaille, le bœuf, le gibier, les abats (organes) et les œufs, peut transmettre le virus de la grippe A (H5N1) à l'humain. Tous les éléments probants à ce jour indiquent qu'une cuisson complète tue le virus. Il est toujours important d'adopter de bonnes règles de salubrité lors de la manipulation et de la préparation des aliments et de maintenir une bonne hygiène des mains. La consommation de lait pasteurisé et de produits laitiers pasteurisés demeure sécuritaire.

Les aliments traditionnels comme les oies et les canards sauvages ainsi que les œufs d'oiseaux sauvages récoltés sont des sources importantes de nourriture pour de nombreuses personnes au Canada. Bien que le risque d'être infecté par la grippe aviaire A (H5N1) à partir d'oiseaux et d'animaux sauvages ou d'œufs d'oiseaux sauvages soit faible, ce risque peut être plus élevé pour les personnes qui chassent, manipulent, préparent ou cuisinent des oiseaux et des animaux sauvages ou des œufs d'oiseaux sauvages.

En fonction de la quantité limitée de recherches et d'informations disponibles, nous ne savons pas, à l'heure actuelle, si le virus de la grippe A (H5N1) peut être facilement transmis lors de la consommation de produits d'origine animale crus ou insuffisamment cuits. Il y a eu des rapports isolés de cas de grippe aviaire A (H5N1) chez des humains qui pourraient être associés à une exposition à des produits de volaille contaminée crus ou insuffisamment cuits, par exemple des abats et du sang de canard crus. Il n'y a toutefois pas, à ce jour, de cas confirmé de grippe A (H5N1) chez l'humain pour lequel la personne a été infectée lors de la consommation d'aliments.

Pour en savoir plus :

Exposition environnementale

La majorité des cas de grippe A (H5N1) chez l'humain sont survenus après un contact avec des volailles infectées; cependant, certains cas ont été associés à une exposition à des environnements contaminés, tels que des marchés d'oiseaux vivants et des fermes avicoles.

Théoriquement, l'humain peut être infecté par la grippe A (H5N1) par exposition à de l'eau contaminée (c'est-à-dire par inhalation, ingestion, inoculation conjonctivale ou intranasale), mais les preuves à l'appui de cette hypothèse sont limitées. L'exposition environnementale par le biais d'eau contaminée (par exemple, baignade ou natation dans des étangs domestiques, ou absence de source d'eau à l'intérieur) a été suggérée comme un facteur de risque possible d'infection humaine dans un petit nombre d'études sur la grippe A (H5N1).

D'humain à humain

Des preuves d'une transmission interhumaine limitée de la grippe A (H5N1) (par contact physique étroit, par exemple au sein d'un foyer) ont été suggérées lors de précédentes épidémies. À ce jour, une transmission interhumaine durable de la grippe aviaire A (H5N1) n'a jamais été observée globalement.

Manifestations cliniques

Chez l'humain, la grippe aviaire A (H5N1) affecte principalement les voies respiratoires. Cependant, elle peut se manifester par des symptômes gastro-intestinaux ou du système nerveux central (par exemple, une encéphalopathie). La maladie clinique est observée principalement chez les enfants et les jeunes adultes.

La plupart des cas humains ont rapporté une histoire d'exposition à des volailles mortes ou malades, et la période d'incubation après l'exposition est généralement de 1 à 5 jours et jusqu'à 9 jours.

Les manifestations cliniques de la grippe aviaire A (H5N1) incluent notamment les symptômes qui suivent :

Les études d'imagerie peuvent montrer :

D'après les données disponibles sur les cas humains à ce jour, le taux de létalité de la grippe aviaire A (H5N1) est d'environ 52 %. Toutefois, il peut s'agir d'une surestimation étant donné que les infections légères peuvent passer inaperçues et ne pas être signalées. Les études de séroprévalence réalisées dans les zones endémiques indiquent qu'une infection subclinique ou légère peut se produire, les rapports de séropositivité allant de 0 à 7 % chez les personnes exposées à la grippe A (H5N1), selon la région et les activités professionnelles.

L'insuffisance respiratoire est la cause la plus fréquente de décès. Les autres complications peuvent être les suivantes :

Diagnostic

Les cliniciens et le personnel de laboratoire de première ligne doivent consulter leur unité de santé publique locale et le site Web de l'OMS Protocole pour les enquêtes microbiologiques sur les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) pour obtenir des conseils sur les tests appropriés, les procédures recommandées et l'ordre de priorité des enquêtes sur la grippe A (H5N1) si des antécédents d'exposition importants ont été établis.

Les types de prélèvements à envisager sont les suivants : écouvillon nasopharyngé, écouvillon de gorge, expectoration, lavage broncho-alvéolaire et sécrétions endotrachéales.

La RT-PCR de la grippe A et B avec sous-typage (H5) devrait être la principale méthode de détection de la grippe aviaire A (H5N1). Tout échantillon positif doit être partagé avec le Laboratoire national de microbiologie (LNM) pour des tests et analyses de confirmation afin de remplir les obligations du LNM en tant que centre national de la grippe et les obligations du Canada en vertu du Règlement sanitaire international et d'autres accords.

Les tests de diagnostic rapide de la grippe ne doivent pas être utilisés pour exclure une infection par la grippe A. Outre la sensibilité sous-optimale de ces tests, la capacité à détecter les nouveaux virus de la grippe, tels que les virus de la grippe aviaire, est inconnue.

Traitement

Des agents antiviraux peuvent être utilisés pour traiter les cas soupçonnés, probables ou confirmés de grippe aviaire A (H5N1). Le moment idéal pour commencer un traitement antiviral est dans les 48 heures suivant le début de la maladie. Le traitement peut être initié en attendant les résultats des tests de confirmation et ne doit pas être retardé.

Il existe plusieurs options antivirales pour le traitement de la grippe A (H5N1) :

Les caractéristiques individuelles et la présentation du cas doivent être prises en compte lors du choix de l'agent antiviral approprié. L'oseltamivir, le zanamivir et l'amantadine peuvent être utilisés au Canada. Le baloxavir et le peramivir intraveineux peuvent être demandés par le biais du Programme d'accès spécial et être approuvés au cas par cas.

À ce jour, il n'y a pas eu d'essais cliniques mesurant les résultats de l'utilisation d'antiviraux chez les personnes infectées par la grippe aviaire A (H5N1). Cependant, des données provenant de modèles animaux et d'études observationnelles chez l'humain ont suggéré que l'utilisation de l'oseltamivir comme agent antiviral présente un avantage en termes de morbidité et de mortalité.

En raison de l'augmentation des rapports de résistance aux antiviraux, l'amantadine n'est pas recommandée en monothérapie pour la grippe aviaire. L'émergence d'une résistance à l'oseltamivir a également été signalée. Une thérapie combinée d'antiviraux ayant des mécanismes d'action différents peut être envisagée pour certains cas à risque d'infection résistante aux antiviraux avec une monothérapie (par exemple, les personnes immunodéprimées).

Pour de plus amples renseignements sur les indications, l'innocuité et l'utilisation des antiviraux dans des populations particulières, veuillez consulter les monographies de produit disponibles sur le site Web de Santé Canada sur la Base de données sur les produits pharmaceutiques.

En plus des antiviraux, certains cas peuvent nécessiter une assistance respiratoire. À l'heure actuelle, les preuves sont insuffisantes pour suggérer un bénéfice supplémentaire des traitements d'appoint chez les patients atteints de la grippe aviaire A (H5N1) (c'est-à-dire les corticostéroïdes, les antibiotiques macrolides et la thérapie immunitaire passive).

Prévention

Réduction du risque d'exposition

Pour limiter tout risque d'origine alimentaire possible :

Il est important pour les personnes qui chassent et qui consomment des oiseaux et d'autres animaux sauvages, ou qui ramassent des œufs d'oiseaux sauvages, de prendre des précautions pour contribuer à réduire tout risque.

Les personnes qui ont des contacts étroits avec des volailles, des animaux d'élevage, des oiseaux sauvages ou d'autres animaux chez qui la présence de la grippe aviaire A (H5N1) est suspectée ou confirmée devraient prendre des précautions supplémentaires pour prévenir les infections lors de la manipulation d'animaux ou lors du travail dans des environnements hautement contaminés.

Pour en savoir plus :

Vaccins

Il n'y a pas de vaccin contre la grippe aviaire offert au public au Canada.

Pour en savoir plus :

Prévention des infections et contrôle de la transmission dans les milieux de soins

Consultez le document de l'ASPC intitulé Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins pour obtenir des recommandations sur les pratiques courantes visant à prévenir la transmission lors de la prestation de soins aux patients. Les recommandations de ce guide doivent être lues de concert avec la législation, la réglementation ainsi que les politiques provinciales, territoriales, régionales et municipales pertinentes.

Gestion de la santé publique

Dès la notification d'un foyer d'influenza aviaire A (H5N1) ayant des implications potentielles pour la santé humaine, il est recommandé aux autorités de santé publique d'ouvrir une enquête et, sur la base des premiers résultats de l'évaluation épidémiologique du foyer, de mettre en œuvre les mesures de santé publique appropriées pour protéger la santé humaine.

Pour la prise en charge des personnes qui ont été exposées à des animaux infectés (sauvages ou domestiques) ou à leur environnement :

Pour la gestion des cas humains dans la communauté :

La ressource qui suit fournit des renseignements supplémentaires sur la gestion des cas humains et des contacts en cas de suspicion d'infection humaine associée à un foyer de grippe animale A (H5N1).

Identification et signalement des cas

Les cliniciens et le personnel de laboratoire de première ligne doivent suivre les recommandations de la Commission européenne Protocole pour les enquêtes microbiologiques sur les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS). Les échantillons positifs pour la grippe en dehors de la saison grippale ou obtenus de patients ayant des antécédents d'exposition à une source animale potentielle de grippe, doivent être systématiquement soumis au Laboratoire national de microbiologie (LNM) pour caractérisation.

Des informations techniques sur la grippe aviaire A (H5N1) et la sécurité des laboratoires sont disponibles dans le site Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes — Sous-types H5, H7 et H9 du virus de la grippe A.
Les autorités de santé publique provinciales/territoriales sont :

Surveillance

Pour obtenir des renseignements détaillés et des recommandations sur la surveillance accrue des IRAS dans les hôpitaux, veuillez consulter les autorités sanitaires locales, provinciales ou territoriales.

L'ASPC signale tous les cas de grippe humaine A d'origine aviaire qui sont notifiés à l'échelle mondiale et au Canada chaque mois dans le bulletin d'information de l'Agence Bulletin des agents pathogènes des voies respiratoires émergents.

Le Canada utilise une approche « Une seule santé » pour suivre l'activité de la grippe aviaire au Canada et dans le monde.

Le Canada surveille continuellement :

Liens connexes

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