Le gouvernement du Canada a réalisé une évaluation scientifique du thallium et ses composés, appelée une évaluation préalable, afin de déterminer le potentiel de risque posé aux Canadiens et à l'environnement.
En vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999)[LCPE (1999)], le risque que pose une substance est déterminé en considérant à la fois ses propriétés dangereuses (la capacité de causer les effets nocifs sur la santé humaine ou l'environnement) et le degré d'exposition des personnes ou de l'environnement. Une substance peut présenter un potentiel de danger élevé, toutefois le risque pour la santé humaine et l'environnement dépend de degré d'exposition à la substance.
À la suite de l'ébauche d'évaluation préalable, le gouvernement propose de conclure qu'aux concentrations actuelles d'exposition le thallium et ses composés peuvent poser un risque pour l'environnement, mais pas pour la santé humaine.
À propos de ces substances
L'évaluation préalable dont le résumé est présenté ici vise les groupements contenant du thallium dans les molécules. L'évaluation tient compte de toutes les substances contenant du thallium qui peuvent rejeter du thallium, ainsi que du thallium sous sa forme élémentaire, et le thallium rejeté dans l'environnement sous forme dissoute, solide ou particulaire. Elle comporte cinq substances contenant du thallium inscrites sur la Liste intérieure des substances ou la Liste révisée des substances commercialisées, dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC).
Les risques du thallium et de ses composés pour la santé humaine ont été caractérisés et publiés dans le document sur l'approche scientifique « Méthode fondée sur la biosurveillance 2 » qui comparait les données de biosurveillance humaine (exposition) aux valeurs guides de biosurveillance (effets sur la santé) protégeant la santé humaine.
Le thallium est présent dans la croûte terrestre et est généralement associé à des minerais sulfurés de divers métaux, dont le zinc, le cuivre, le fer et le plomb. Il est également présent dans le charbon. Le thallium est présent dans de nombreux minéraux naturels ainsi que dans les météorites, les roches volcaniques, les plantes et à l'état de traces dans la plupart des organismes vivants.
Le thallium existe dans les milieux aquatiques sous deux états d'oxydation : monovalent, Tl (I), appelé thalleux, et trivalent, Tl (III), appelé thallique.
Puisque l'ion Tl (I) est hautement soluble et faiblement réactif, il est l'espèce de thallium la plus biodisponible dans les milieux aquatiques et terrestres et sera donc au centre de l'évaluation écologique préalable résumée ici.
Selon les renseignements recueillis par le gouvernement, les substances à base de thallium sont principalement utilisées dans l'industrie des semi-conducteurs et des lasers, les verres à fibres (optiques), les cellules photoélectriques, les supraconducteurs à haute température, les scintillomètres et pour la production d'autres produits chimiques.
Exposition des êtres humains et de l'environnement
Puisque le thallium est une substance d'origine naturelle, les Canadiens sont exposés à cet élément et à ses composés à partir de sources environnementales (l'air et l'eau potable par exemple) et surtout à partir des aliments.
L'exposition au thallium et à ses composés et les risques qu'ils présentent pour la santé humaine ont été caractérisés à l'aide d'une démarche scientifique fondée sur des données de biosurveillance, comme le décrit le document sur la démarche fondée sur la biosurveillance. La biosurveillance humaine consiste en la mesure des substances présentes dans le sang, l'urine ou le lait maternel par l'intermédiaire d'études et d'enquêtes sur la santé, comme l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé. La présence d'une substance dans l'organisme ne signifie pas nécessairement qu'elle entraîne des effets nocifs. Les effets nocifs varient avec la concentration et les propriétés des substances. Les données sur les concentrations chez l'humain sont importantes pour l'estimation de l'exposition des Canadiens.
Les composés de thallium peuvent être rejetés dans l'environnement de façon naturelle par l'altération ou la dégradation des sols ou des roches, et par les feux de forêt.
Les activités humaines qui introduisent du thallium dans l'environnement sont principalement associées aux rejets accidentels de résidus ou des sous-produits de diverses activités industrielles. Des scénarios d'exposition détaillés ont été produits à partir des données l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP) pour les trois activités sectorielles qui provoquent les plus forts rejets de thallium dans l'eau par les effluents d'eaux usées, soit les rejets de thallium provenant des activités d'extraction des métaux, la fusion et l'affinage des métaux communs et les centrales thermiques au charbon au Canada. L'exposition au thallium provenant des installations de traitement des eaux usées a également été prise en compte.
Effets principaux (dangers) sur la santé et l'environnement
Les effets critiques sur la santé humaine d'une exposition chronique (à long terme) à de fortes concentrations de thallium comprennent des maux de tête, des nausées, des vomissements, une perte d'appétit et des crampes abdominales. Les symptômes neurologiques sont occasionnés par l'exposition chronique à de fortes concentrations de thallium.
À de très faibles concentrations, le thallium provoque la mortalité et des effets sur la croissance et la reproduction des organismes aquatiques et terrestres.
Résultats de l'évaluation des risques
Sur la base de la comparaison des concentrations de thallium mesurées dans l'urine humaine et des concentrations provoquant des effets sur la santé, on a déterminé qu'aux concentrations d'exposition actuelles, le thallium et ses composés devraient être considérés comme étant peu préoccupants pour la santé humaine.
En se basant sur les renseignements présentés dans l'évaluation préalable, il a été déterminé que le thallium et ses composés risquaient de nuire à l'environnement. Ces substances peuvent poser un risque pour les organismes aquatiques lors de rejets dans les eaux de multiples secteurs situés près de sites de rejets au Canada.
Par suite de l'ébauche d'évaluation préalable, le gouvernement propose de conclure qu'aux concentrations actuelles d'exposition, le thallium et ses composés ne sont pas nocifs pour la santé humaine.
Toutefois, le gouvernement a également conclu que le thallium et ses composés peuvent pénétrer dans l'environnement à des concentrations qui les rendent nuisibles à l'environnement.
Il est également proposé que le thallium et ses composés répondent aux critères de persistance au sens du Règlement sur la persistance et la bioaccumulation de la LCPE (1999). En raison de données limitées et contradictoires, on ne peut tirer aucune conclusion sur le potentiel de bioamplification du thallium dans les chaînes alimentaires aquatiques et terrestres.
Si les conclusions proposées sont confirmées lors de l'évaluation préalable définitive, le gouvernement envisagera d'inscrire le thallium et ses composés à l'Annexe 1 de la LCPE 1999, également appelée la Liste des substances toxiques et, afin d'aborder les préoccupations d'ordre environnemental, envisagera d'imposer aux activités ou secteurs ci‑dessous, les mesures suivantes pour réduire les rejets d'origine humaine de thallium dans l'eau :
L'extraction de métaux : en examinant les renseignements divulgués par les mines réglementées en réponse aux exigences relatives au suivi des effets environnementaux formulées par le Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants (REMMMD), afin de déterminer si une gestion du risque supplémentaire s'impose.
La fusion et affinage des métaux communs : semblable à la mesure ci-dessus en vertu du REMMMD, pour les installations qui combinent leurs effluents avec ceux des activités d'extraction minière de métaux. Dans le cas des installations qui ne combinent pas leur effluent à celui des mines métallifères, le gouvernement collaborera avec l'industrie pour recueillir d'autres données sur les rejets de thallium dans les eaux réceptrices.
Le gouvernement cherche à obtenir des renseignements pour étayer sa prise de décision sur la gestion du risque. Des détails sont donnés dans le document sur la portée de la gestion du risque, dont les coordonnées pour l'envoi de ces renseignements pendant la période de commentaires du public se terminant le 18 novembre 2020.
Dans le cadre de la troisième phase du PGPC, le Gouvernement mène des évaluations sur une gamme de métaux à l'origine des risques que pourraient poser les mines métallifères, ainsi que les fonderies et les affineries de métaux communs. Le Gouvernement envisage des activités de gestion des risques concernant le thallium dans le cadre d'une stratégie plus exhaustive de gestion des métaux désignés comme toxiques pour l'environnement dans le cadre du PGPC. La présente stratégie est axée sur les rejets plutôt que sur chacun des métaux et permettra de réduire le fardeau administratif imposé aux secteurs concernés.
Le thallium et ses composés peuvent être présents dans certains produits offerts aux consommateurs. Les Canadiens doivent respecter les mises en garde et les directives portant sur les produits et éliminer les produits de manière responsable.
L'évaluation préalable s'est concentrée sur les risques potentiels d'exposition à la population générale du Canada, plutôt qu'à l'exposition professionnelle. Les dangers reliés aux produits chimiques utilisés en milieu de travail sont définis dans le Système d'information sur les matières dangereuses. Pour des informations sur la santé et la sécurité au travail et sur les étapes à prendre dans le milieu du travail, les canadiens devraient consulter leur employeur et/ou l'Organisme de réglementation responsable de la santé et de la sécurité au travail dans leur région.