Le risque que pose une substance est déterminé en considérant à la fois ses propriétés dangereuses (capacité d'avoir des effets nocifs sur la santé humaine ou l'environnement) et les niveaux d'exposition des personnes et de l'environnement.
Lorsque requis, le gouvernement prend des mesures de gestion des risques en application de la LCPE et d'autres lois fédérales pour aider à prévenir ou à atténuer les dommages potentiels.
Le gouvernement a conclu que le thallium et ses composés peuvent présenter un risque pour l'environnement, mais pas pour la santé humaine, aux niveaux d'exposition pris en compte lors de l'évaluation.
Ces substances peuvent présenter un risque pour les organismes aquatiques en raison des rejets dans l'eau provenant d'un petit nombre d'installations des secteurs de l'extraction de métaux et de la fusion et de l'affinage des métaux communs.
Des mesures de gestion des risques sont proposées pour réduire les rejets anthropiques de thallium dans l'eau provenant des secteurs de l'extraction de métaux et de la fusion et de l'affinage des métaux communs.
L'évaluation portait sur la fraction thallium. Pour les besoins de cette évaluation, « fraction » désigne une partie d'une molécule et constitue l'entité chimique qui devrait avoir une importance toxicologique. L'évaluation a tenu compte de toute substance contenant du thallium qui peut en libérer, ainsi que du thallium sous forme élémentaire et du thallium rejeté dans l'environnement sous forme dissoute, solide ou particulaire, dont trois substances contenant du thallium inscrites sur la Liste intérieure, une substance figurant sur la Liste révisée des substances commercialisées (LRSC) et une substance retirée de la LRSC en 2022. Ces substances ont été évaluées dans le cadre de la troisième phase du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC).
Le thallium est présent dans la croûte terrestre et est généralement associé aux minerais sulfurés de divers métaux, dont le zinc, le cuivre, le fer et le plomb. On le trouve également dans le charbon. Le thallium est présent dans de nombreux minéraux naturels ainsi que dans les météorites, les roches volcaniques, les plantes et à l'état de traces dans la plupart des organismes vivants.
Le thallium existe dans le milieu aquatique dans deux états d'oxydation : thalleux monovalent Tl(I) et thallique trivalent Tl(III).
Comme l'ion Tl(I), hautement soluble et faiblement réactif, est l'espèce de thallium la plus biodisponible dans les milieux aquatiques et terrestres, il est au centre de l'évaluation environnementale.
D'après les renseignements recueillis par le gouvernement, les substances à base de thallium sont principalement utilisées à l'échelle internationale dans la fibre de verre (optique), les matériaux semi-conducteurs, le matériel de détection et de transmission du rayonnement infrarouge, les cellules photoélectriques, les appareils de détection du rayonnement gamma (scintillomètres), les alliages mercure-thallium, les filtres piézoélectriques, les liquides de haute densité pour la séparation en milieu dense de minéraux ainsi que la production d'autres produits chimiques.
D'autres utilisations comprennent les lampes à arc au mercure, les alliages avec d'autres métaux, la joaillerie, les feux d'artifice ainsi que les pigments et les colorants. Au Canada, le thallium est également utilisé dans des produits offerts aux consommateurs, notamment comme produit radiopharmaceutique dans les médicaments destinés aux humains et dans des produits de santé naturels homéopathiques homologués. Le thallium peut aussi être employé comme composant dans la fabrication de matériaux d'emballage alimentaire.
Exposition des humains et de l'environnement
Puisque le thallium est une substance d'origine naturelle, les personnes au Canadaiens sont exposés à cet élément et à ses composés à partir de sources environnementales (comme l'air et l'eau potable) et surtout à partir des aliments.
Dans l'environnement, les composés du thallium peuvent être libérés naturellement par la météorisation ou la dégradation des sols ou des roches et par les feux de forêt.
Les sources anthropiques de thallium dans l'environnement sont principalement associées à la production fortuite et au rejet accidentel de résidus ou de sous-produits de diverses activités industrielles, comme les procédés de fusion et d'affinage, l'extraction de métaux, les systèmes de traitement des eaux usées et les cendres volantes libérées par la production d'électricité au charbon.
Les rejets de thallium en milieu aquatique provenant de l'extraction de métaux, de la fusion et de l'affinage des métaux communs, des centrales électriques alimentées au charbon et des systèmes de traitement des eaux usées au Canada ont été analysés. Les données de l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP), les dispositions relatives au suivi des effets sur l'environnement (SEE) énoncées dans le Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants (REMMMD) ainsi que des rapports d'évaluation environnementale de l'industrie ont été utilisés.
Lors de l'évaluation des risques pour la santé humaine, le thallium et ses composés ont été analysés au moyen d'une méthode scientifique basée sur des données de biosurveillance humaine intitulée Méthode fondée sur la biosurveillance 2. Dans le cadre de cette méthode, des données de biosurveillance humaine (comme mesure de l'exposition) sont comparées à des valeurs guides de biosurveillance (valeurs guides d'exposition fondées sur la santé) qui protègent la santé humaine.
La biosurveillance humaine consiste en la mesure des substances présentes dans le sang, l'urine ou le lait maternel par l'intermédiaire d'études ou d'enquêtes sur la santé, comme l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS). Les données sur les concentrations mesurées chez les humains sont importantes pour estimer l'exposition des personnes au Canada.
Effets principaux (dangers) sur la santé et l'environnement
Les effets critiques sur la santé humaine d'une exposition chronique (à long terme) à des concentrations élevées de thallium comprennent des maux de tête, des nausées, des vomissements, l'épuisement et la perte de cheveux. Des symptômes neurologiques sont occasionnés par l'exposition chronique à de fortes concentrations de thallium.
À de très faibles concentrations, le thallium provoque la mortalité et des effets sur la croissance et la reproduction d'organismes aquatiques et terrestres.
Prise en compte des sous-populations qui peuvent avoir une susceptibilité accrue ou une exposition accrue
Certains groupes de personnes au sein de la population canadienne, en raison d'une vulnérabilité accrue ou d'une plus grande exposition, peuvent être plus susceptibles de subir des effets nocifs pour la santé découlant de l'exposition à des substances.
Certaines sous-populations sont régulièrement examinées tout au long du processus d'évaluation, comme les nourrissons, les enfants et les personnes en âge de procréer. Par exemple, les expositions en fonction de l'âge sont régulièrement estimées, et des études de toxicité pour le développement sont analysées pour repérer d'éventuels effets nocifs sur la santé.
Pour le thallium et ses composés, les données de biosurveillance humaine sur les enfants, les femmes enceintes et des communautés autochtones précises ont servi à éclairer l'étude de ces populations et aidé à les prendre en compte dans les résultats de l'évaluation des risques.
Résultats de l'évaluation des risques
Les évaluations se concentrent sur les informations essentielles à la détermination de la nocivité des substances pour la santé humaine ou l'environnement au sens de la LCPE. Pour ce faire, il convient de tenir compte les informations scientifiques, y compris des informations, si elles sont disponibles, sur les sous-populations qui peuvent avoir une susceptibilité accrue ou une exposition accrue, les environnements vulnérables et les effets cumulatifs, et en utilisant une approche fondée sur le poids des preuves et sur le principe de précaution. Le risque d'effets cumulatifs a été pris en compte dans l'évaluation par l'examen de l'exposition cumulative liée à l'entité thallium.
Après une comparaison des concentrations de thallium mesurées dans l'urine humaine et de celles associées à des effets sur la santé, le thallium et ses composés ont été jugés peu préoccupants pour la santé humaine.
En fonction des renseignements présentés dans l'évaluation, il a été déterminé que le thallium et ses composés présentent un risque d'effets nocifs sur l'environnement. L'analyse des secteurs de l'extraction de métaux et de la fusion des métaux communs indique que les rejets de thallium provenant de la plupart des installations sont limités, mais qu'il existe un potentiel d'effets nocifs sur le milieu aquatique associé au thallium rejeté par un petit nombre d'installations de ces secteurs.
Conclusions de l'évaluation
Le gouvernement a conclu que le thallium et ses composés ne sont pas nocifs pour la santé humaine aux niveaux d'exposition pris en compte lors de l'évaluation.
Cependant, le gouvernement a conclu que le thallium et ses composés peuvent pénétrer dans l'environnement en une concentration de nature à avoir un effet nocif sur l'environnement.
Il a aussi été déterminé que le thallium et ses composés répondent aux critères de persistance, mais pas à ceux de bioaccumulation, énoncés dans le Règlement sur la persistance et la bioaccumulation de la LCPE.
Mesures préventives et réduction des risques
Le gouvernement a l'intention de proposer l'ajout de le thallium et ses composés à la partie 2 de l'annexe 1 de la LCPE. L'inscription d'une substance à l'annexe 1 n'en restreint pas l'usage, la production, ni l'importation. Au contraire, cela permet au gouvernement de prendre des mesures exécutoires de gestion des risques en vertu de la LCPE, en utilisant une approche à deux voies pour gérer les risques.
Les substances toxiques qui présentent le risque le plus élevé (qui répondent à certains critères) sont inscrites à la partie 1 de l'annexe 1. Elles sont classées par ordre de priorité en vue d'une interdiction totale, partielle ou conditionnelle.
D'autres substances toxiques sont inscrites à la partie 2 de l'annexe 1 et sont classées par ordre de priorité aux fins de la prévention de la pollution.
Jusqu'à ce qu'un règlement précisant les critères de classification des substances qui présentent le risque le plus élevé ou qui sont carcinogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction soit en vigueur, il est proposé d'inscrire le thallium et ses composés à la partie 2 de l'annexe 1. Une fois les critères établis, les substances peuvent être déplacées à la partie 1 de l'annexe 1, le cas échéant.
La publication de l'approche de gestion des risques vise à informer les intervenants des mesures de gestion des risques proposées et à poursuivre la discussion sur leur élaboration. Le gouvernement envisagera d'imposer aux activités ou secteurs ci-dessous les mesures suivantes pour réduire les rejets anthropiques de thallium dans l'eau :
Extraction de métaux : examiner les renseignements présentés par les mines réglementées en réponse aux exigences relatives au suivi des effets sur l'environnement du Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants (REMMMD) afin de déterminer si des mesures supplémentaires réglementaires ou non réglementaires de gestion des risques s'imposent. Pour les installations minières non assujetties au REMMMD, collaborer avec l'industrie ou les provinces pour recueillir davantage de renseignements de ces installations au sujet des concentrations de thallium dans les eaux de surface.
Fusion et affinage des métaux communs : pour les installations qui combinent leurs effluents avec ceux des mines de métaux, procéder de la même façon que ce qui est décrit pour l'extraction de métaux. Pour les installations qui ne combinent pas leurs effluents avec ceux des mines de métaux, collaborer avec l'industrie pour recueillir davantage de données sur les concentrations de thallium dans les effluents d'eaux usées, les eaux réceptrices d'effluents et les eaux de surface.
Le gouvernement cherche à obtenir des renseignements pour étayer la prise de décisions en matière de gestion des risques. Plus de détails se trouvent dans l'approche de gestion des risques, y compris les coordonnées pour transmettre les commentaires formulés lors de la période de consultation publique se terminant le 29 mai 2024.
De plus, dans le cadre du PGPC, le gouvernement procède aux évaluations de divers métaux, lesquelles pourraient permettre de déterminer que des secteurs semblables ou d'autres secteurs sont des sources de risque. Le gouvernement envisage de prendre des mesures de gestion des risques pour le thallium dans le cadre d'une stratégie plus exhaustive de gestion des métaux déterminés comme étant nocifs pour l'environnement au cours de la troisième phase du PGPC. Cette stratégie est axée sur les effluents plutôt que sur des métaux individuels et permettra de réduire le fardeau administratif imposé aux secteurs concernés.
Où trouver les mises à jour sur les mesures de gestion des risques
Utilisez l'outil de Recherche de substances pour trouver les substances mentionnées dans certains instruments législatifs ou réglementaires ou sur les pages du gouvernement du Canada.
Ressources connexes
Le thallium et ses composés peuvent être présents dans certains produits offerts aux consommateurs. Les personnes au Canada doivent suivre les mises en garde et les instructions relatives aux produits et éliminer les produits de façon responsable.
Les évaluations réalisées en vertu de la LCPE se centrent sur les risques d'exposition de la population générale. Les dangers associés aux produits chimiques utilisés au travail sont décrits dans le Système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT). Si une substance est dangereuse pour la population générale, elle pourrait aussi l'être pour les individus qui se retrouvent dans des situations où un volume élevé de cette substance est utilisé ou quand elle est utilisée pour une durée prolongée (par exemple, au travail). Le gouvernement du Canada reconnaît que la coordination de la législation pour l'utilisation sécuritaire des produits chimiques au travail est la responsabilité des organisations de santé et de sécurité fédérales, provinciales et territoriales. Nous travaillons à appuyer ce rôle en intégrant les informations, les outils et l'expertise technique du PGPC et du Programme des produits dangereux utilisés au travail de Santé Canada.